Crise de l'eau à Mayotte : en pleine période de gastro-entérite, l'hôpital craint maintenant un pic épidémique

À Mayotte, l'hôpital se prépare à une recrudescence de pathologies liées au manque d'eau potable, tout en faisant face à une crise du personnel et pendant une épidémie de gastro-entérite élevée.
Article rédigé par Véronique Rebeyrotte
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Des soldats déchargent des packs d'eau à destination des personnes les plus fragiles à Mayotte, le 20 septembre 2023. (CHAFION MADI / AFP)

Les crises se superposent à Mayotte. Alors que le pays fait face à une crise de l'eau, l'arrivée de malades à l'hôpital souffrant de troubles digestifs ne faiblit pas. L'épidémie de gastro-entérite est jugée élevée cette année à Mayotte. Mais ce n'est pas ce qui inquiète le plus Alimata Gravaillac, responsable des urgences au centre hospitalier de Mayotte : "On est en période d'épidémie de gastro, comme tous les ans. C'est arrivé à un moment où l'on est un petit peu fragile quand même, et c'est ma plus grosse difficulté. Avec moins de personnel dans l'hôpital et qu'avec ça, on a cette épidémie de gastro qu'on a chaque année et qui peut être exacerbée par rapport à ça."

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En visite sur l'Île, le ministre délégué à l'Outre-mer Philippe Vigier a rencontré mercredi 27 septembre les représentants de la santé lors d'une réunion au Centre hospitalier de Mayotte, un établissement comme ailleurs sous tension et avec un manque criant de bras. "La compétence de l’eau n’est pas exercée par l’État, a rappelé le ministre délégué. Elle est exercée par les collectivités locales et les élus locaux. […] Nous, nous sommes là, et on paye 100 % de la facture. On vient de lancer un programme de forage à six millions d’euros."

Des efforts pendant encore six à huit semaines

Privés d'eau deux jours sur trois à cause des coupures, les habitants de Mayotte sont tentés de se débrouiller comme ils peuvent et avoir un usage de l'eau non contrôlé. "L'appréhension que l'on a, souligne Maxime Jean, infectiologue à l'Agence régionale de santé, c'est que les personnes qui n'auraient pas accès à l'eau réactivent les puits qu'il peut y avoir dans les cours, aillent de nouveau à la rivière pour récupérer de l'eau d'hygiène, mais également de cuisine et de boisson. Le risque principal correspond à cet usage d'une eau qui n'est pas contrôlée, qui pourrait être contaminée par des agents infectieux."

"Un autre risque, c'est un mésusage de l'eau qui serait mal stocké dans des poubelles, des bassines, des seaux ou même des jerricans, c'est-à-dire que vous remplissez un jerrican de 20 litres et vous le laissez pendant une semaine. Il y a un risque de développement infectieux à l'intérieur."

Maxime Jean, infectiologue à l'Agence régionale de santé

à franceinfo

Les autorités de Mayotte recommandent de faire systématiquement bouillir l'eau avant de la consommer. Le préfet de Mayotte prévient qu'il va falloir faire des efforts pendant six à huit semaines. Il n'exclut pas de restreindre encore plus la distribution d'eau. L'Agence régionale de santé dit aussi travailler à l'acquisition de vaccins pour prévenir un certain nombre de pathologies liées au manque d'eau : la poliomyélite, la typhoïde, l'hépatite A et le choléra.

À Mayotte, la crise de l'eau à l'hôpital - Reportage de Véronique Rebeyrotte

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