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Les piques de Hollande pour contrer les coups du soldat Juppé

Le candidat socialiste, qui n'a jamais été ministre, ne s'est pas laissé déstabiliser par l'expérimenté Alain Juppé, venu débattre avec lui sur France 2 jeudi soir.

Article rédigé par Bastien Hugues
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
François Hollande (à g.) et Alain Juppé débattent sur France 2, le 26 janvier 2012. (AFP PHOTO / FRANCE 2)

Envoyé au front. Pour affronter François Hollande sur le plateau de "Des paroles et des actes", jeudi 25 janvier sur France 2, l'Elysée avait missionné le ministre des Affaires étrangères, Alain Juppé. Qui de mieux placé pour défier le favori des sondages, après tout, que la personnalité politique de droite préférée des Français, selon le dernier baromètre Ipsos-Le Point ?

D'emblée, l'ancien chef du gouvernement attaque celui qui n'a jamais été ministre : "Le regard que vous portez sur ce qu'a été le quinquennat de Nicolas Sarkozy est plus marqué par un mélange de sectarisme et d'arrogance que par la lucidité." Un peu plus loin, il lui lance : "Vous êtes un peu trop sûr d'avoir tourné la page." Et enchaîne encore : "Je n'ai rien trouvé dans votre programme qui soit de nature à soutenir réellement la croissance." 

Sur un ton inquisiteur, François Hollande réplique : "Sur qui allez-vous faire porter la hausse des prélèvements obligatoires ? Nous, nous disons sur les plus favorisés et les plus fortunés, vous, vous dites sur tous les Français : c'est une distinction !" S'interrompant à souhait, ne laissant guère parler l'adversaire, multipliant les chiffres... Très vite, la discussion entre ces deux énarques - Juppé faisait partie de la promotion De Gaulle en 1972, tandis que Hollande était dans la promotion Voltaire de 1980 - s'enfonce dans un débat très technique, sur des questions demandant pourtant beaucoup de pédagogie.

"Ne soyez pas caricatural, vous pouvez y parvenir !"

Mais c'est au jeu des petites phrases que François Hollande prend l'ascendant sur Alain Juppé. "En matière d'arrogance, chacun a à faire son examen de conscience : moi, je ne suis pas encore guéri peut-être, mais vous, vous avez des rechutes possibles !", lance le candidat socialiste à son adversaire. Rires sur le plateau. Plus loin, alors qu'Alain Juppé explicite sa "proposition" sur la TVA sociale, François Hollande ne se prive pas de lui rappeler qu'il n'est que ministre, et non pas candidat : "Peut-être le serez-vous si Nicolas Sarkozy ne l'est pas... Ne perdez pas tout espoir !" Rires, à nouveau, du public. Rebelote quelques instants plus tard, lorsque Hollande glisse ce "conseil" à Juppé : "Ne soyez pas caricatural vous-même, vous pouvez y parvenir !" L'intéressé ne peut s'empêcher de sourire. 

Alors que le débat s'achève, Alain Juppé tient absolument à ajouter une dernière précision. "Depuis vingt ans, le favori des sondages de janvier n'a jamais été le président du mois de mai. Voilà, merci !", lâche-t-il, non sans dissimuler sa fierté d'avoir lâché cette petite pique. François Hollande ne tombe pas dans le piège : "Eh bien soyez heureux, soyez confiant ! (...) Nous verrons bien qui sera l'élu du mois de mai, parce que ce sont les Français qui choisissent."

Le duel Hollande-Juppé (FTVi)

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