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Parité : les inégalités femme-homme en cinq données frappantes

La ministre des Droits des femmes, Najat Vallaud-Belkacem, présente mercredi son projet de loi pour lutter contre ces disparités. 

Article rédigé par Julie Rasplus
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 7min
La ministre des Droits des femmes, Najat Vallaud-Belkacem, s'exprime sur l'égalité homme-femme à Lille.  ( MAXPPP)

Rétablir davantage d'égalité entre les femmes et les hommes. Tel est l'objectif du projet de loi présenté, mercredi 3 juillet en Conseil des ministres, par Najat Vallaud-Belkacem. "Parce que les inégalités sont partout, nous devons agir partout", constate la ministre des Droits des femmes en préambule du texte, publié en intégralité dans Les Echos. 

Le texte s'attaque donc à la précarité, à la parité, à l'égalité professionnelle ou encore aux violences conjugales. Pour vous en détailler les grandes lignes, francetv info a compilé quelques chiffres éloquents sur la situation.

Seuls 3% des pères prennent un congé parental

Seuls 3% des pères prennent un congé parental après la naissance de leur enfant. (ANNIE ENGEL / GETTY IMAGES)

S'arrêter de travailler après avoir eu un enfant semble difficilement envisageable pour les pères. Le congé parental reste à 97% pris par les mères. Une récente enquête de l'Insee révèle que seul un père sur neuf réduit ou interrompt son activité professionnelle pendant au moins un mois, contre plus d'une mère sur deux. Pour justifier leur choix, les hommes invoquent davantage un effet négatif sur leur travail ou carrière. 

Ce que prévoit la loi. C'est l'une des pierres angulaires du texte présenté mercredi. Pour s'attaquer à "l'inégale répartition des responsabilités parentales" et lutter contre l'éloignement des mères du marché du travail, le projet de loi propose une réforme du congé parental, afin d'inciter les pères à y recourir plus souvent. Pour un enfant, le congé parental pourra être allongé de six mois si le second parent le prend. A partir de deux enfants, le congé restera de trois ans à condition que six mois soient pris par le second parent. Le cas échéant, il ne durera plus que deux ans et demi.

Les hommes consacrent 2 heures par jour au foyer

Un homme passe en moyenne deux fois moins de temps par jour à faire le ménage qu'une femme. (DIGITAL VISION / GETTY IMAGES)

L'inégalité femme-homme s'invite toujours à la maison. Même si les femmes délèguent plus, elles passent deux fois plus de temps que les hommes à s'occuper du foyer. Quatre-vingt pour cent des tâches domestiques sont assurées par les femmes. Et quand les hommes s'y mettent, ils passent beaucoup moins de temps (1h17) à faire le ménage, les courses, la cuisine ou étendre le linge que les femmes (3h01), comme le montre une infographie du gouvernement (PDF).

Ce que prévoit la loi. Peu de mesures concrètes sur ce point. Toutefois, le texte propose que les compétences du Conseil supérieur de l'audiovisuel soient étendues afin de lutter contre la diffusion de stéréotypes sexistes. Une manière de s'attaquer aux préjugés concernant les hommes et les femmes, et rééduquer la population. 

Une femme meurt tous les deux jours sous les coups

La violence domestique a davantage tué en 2012 qu'en 2011. Selon de récentes données du ministère de l'Intérieur, 174 personnes, dont 148 femmes, sont mortes en 2012 sous les coups de leur conjoint(e) ou ex-conjoint(e). C'est 28 personnes de plus que l'année précédente. 

Ce que prévoit la loi. Un plan interministériel de lutte contre les violences conjugales est en préparation. Mais le projet de loi présenté en Conseil des ministres s'attelle déjà un peu à ce sujet. Il prévoit d'abord de généraliser le téléphone d'alerte, testé dans certains départements. Sur France 2, une femme dit avoir été sauvée grâce à ce dispositif.

D'autres mesures viennent compléter cette protection des femmes victimes de violence conjugale. Le texte prévoit ainsi des stages de sensibilisation à destination des conjoints violents, afin d'éviter la récidive.

Cinq sociétés du CAC 40 sont dirigées par des femmes

Mouna Sepehri, directrice déléguée à la présidence de Renault, fait une présentation le 30 avril 2013 à Paris.  (ERIC PIERMONT / AFP)

Connaissez-vous Mouna Sepehri, Valérie Bernis, Muriel Penicaud, Catherine Pourre et Delphine Ernotte-Cunci ? Ces femmes, présentées par Les Echos, sont toutes directrices générales (ou adjointes) dans cinq des quarante sociétés du CAC 40 : Renault, Unibail-Rodamco, GDF Suez, Danone, France Télécom-Orange. Un chiffre qui rappelle l'existence du fameux "plafond de verre", qui empêche les femmes d'accéder à certaines responsabilités. En 2012, le pourcentage de femmes présentes dans les conseils d'administration et de surveillance des sociétés du CAC 40 s'établissait ainsi à seulement 24%. Et dix entreprises comptaient moins d'une femme sur cinq au sein de ces instances. 

Ce que prévoit la loi. Les exigences en matière de parité dans les conseils d'administration vont être étendues à tous les établissements publics à caractère industriel et commercial, aux Chambres de commerce et d'industrie, et aux Chambres d'agriculture. Najat Vallaud-Belkacem souhaite aussi renforcer les sanctions pour les entreprises ne respectant pas la loi concernant l'égalité professionnelle. En plus des sanctions financières, les sociétés condamnées – depuis avril, deux ont déjà écopé d'amendes – pour ne pas avoir respecté l'égalité salariale pourraient être interdites d'accès aux marchés publics. 

Aucune présidente de la République, de l'Assemblée ou du Sénat

Difficile pour une femme d'atteindre les plus hautes fonctions de l'Etat. Impossible, même, rappelle Slate.fr, qui liste les postes n'ayant jamais été occupés par des femmes. Parmi eux : l'Elysée, la présidence du Sénat, de l'Assemblée, ou encore la vice-présidence de la Cour des comptes.

Petite avancée tout de même : à l'Assemblée, la proportion de femmes a augmenté en 2012. Aujourd'hui, elles sont 155 à siéger au palais Bourbon, soit 57 de plus qu'au cours de la précédente législature. Mais on est encore loin du compte, puisque 422 députés sont des hommes. Surtout, les élues restent souvent la cible de remarques sexistes, à l'instar de la ministre du Logement, Cécile Duflot.

Ce que prévoit la loi. Le texte présenté par Najat Vallaud-Belkacem prévoit que les sanctions financières soient renforcées à l'égard des partis politiques qui ne respecteraient pas la parité aux prochaines législatives de 2017. Autrement dit, la ministre des Droits des femmes souhaite davantage de retenues sur les financements publics alloués par l'Etat aux partis. Libération (article abonnés) a fait le calcul : actuellement, l'UMP, qui a présenté 129 femmes pour 377 hommes en 2012, va perdre 3,9 millions d'euros en 2013. Avec la nouvelle mesure, le parti perdrait 6,75 millions d'euros. 

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