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Les évêques de France éprouvent "tous honte et regrets devant ces actes abominables" tout en soutenant le pape

"Ceux qui ont commis" des actes de pédophilie "défigurent notre Église, blessent les communautés chrétiennes et étendent la suspicion sur tous les membres du clergé", ont-ils écrit vendredi à l'issue de leur assemblée plénière de printemps.Dans le même temps, ils ont écrit une lettre de "soutien" à Benoït XVI.
Article rédigé par France2.fr
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L'archevêque de Paris, André Vingt-Trois, célébrant une messe en la cathédrale Notre-Dame (AFP - BERTRAND LANGLOIS)

"Ceux qui ont commis" des actes de pédophilie "défigurent notre Église, blessent les communautés chrétiennes et étendent la suspicion sur tous les membres du clergé", ont-ils écrit vendredi à l'issue de leur assemblée plénière de printemps.

Dans le même temps, ils ont écrit une lettre de "soutien" à Benoït XVI.

Ils déplorent que ces actes soient "utilisés dans une campagne pour s'attaquer" au pape et à sa mission. De multiples cas de pédophilie dans l'Eglise catholique, récents ou exhumés après des années de silence, ont été rendus publics ces dernières années.

Mercredi, le New York Times a impliqué directement le souverain pontife. Selon le journal américain, il y a 20 ans, alors qu'il était cardinal, Joseph Ratzinger - futur Benoît XVI - avait protégé un prêtre américain pédophile accusé de violences sexuelles sur quelque 200 enfants sourds d'une école du Wisconsin (nord des Etats-Unis) entre 1950 et 1974. Dans les années 1990, Joseph Ratzinger était directeur de la Congrégation de la foi, et à ce titre, responsable de l'application du droit canon. Toutes les affaires délictueuses remontaient jusqu'à lui et il avait le pouvoir de trouver des solutions internes à l'Eglise sans faire intervenir la justice des hommes.

Les défenseurs du pape assurent au contraire qu'il n'a rien fait pour taire ces abus. Ainsi, pour Mgr Michel Dubost, évêque d'Evry (Essonne), Benoît XVI n'a jamais cherché à étouffer les affaires de pédophilie et a au contraire encouragé le clergé à faire en sorte qu'elles ne restent pas secrètes. Christian Terras, rédacteur en chef du magazine chrétien contestataire Golias, pense, lui, que le cardinal Ratzinger a entretenu "la culture du secret" sur ces affaires et qu'il "n'a pas aidé l'Église catholique à sortir du bourbier de la pédophilie".

L'Eglise française dit rester "vigilante"
L'Eglise catholique française rétorque qu'elle n'est pas restée muette, ni inactive. Elle rappelle avoir publié en 2000 un document épiscopal sur le sujet et en 2002 une brochure intitulée "lutter contre la pédophilie" et dit rester "vigilante".

Dans une interview ce mois-ci à La Croix, Mgr Philippe Hérouard, secrétaire général de la Conférence des évêques de France, relevait que les cas de pédophilie auxquels l'église (française) avait eu affaire étaient "des cas individuels". Il soulignait que du fait de la séparation de l'Eglise et de l'Etat, les institutions sont moins opaques et que l'institution catholique a pris conscience "plus tôt que d'autres" des cas de pédophilie.

L'Eglise s'occupe également de prévention lors de la formation des prêtres en les invitant à s'évaluer eux-mêmes, en développant la formation psychologique et en encourageant le débat.

Au-delà, ces scandales de pédophilie chez les prêtres relancent les interrogations sur le célibat. Un terrain sur lequel l'institution catholique ne s'engage pas. Le sexologue Olivier Florant estime dans un article de la revue Médias et Evangile que "si le célibat choisi n'est pas soutenu par une richesse spirituelle qui donne de l'énergie et un sens à la sexualité continente, cela peut poser des problèmes".

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