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Le tribunal de Paris a rejeté une demande de report de la publication d'un livre d'enquête sur l'attentat de Karachi

Cet attentat avait fait 14 morts, dont 11 Français, en 2002 au Pakistan.L'ouvrage "Le contrat" (Stock), écrit par les journalistes de Mediapart Fabrice Lhomme et Fabrice Arfi, examine la thèse d'un lien entre cet attentat et d'éventuelles opérations de corruption en marge d'un contrat de vente de sous-marins français au Pakistan signé en 1994.
Article rédigé par Laurent Ribadeau Dumas
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 3min
Le Palais de Justice de Paris (© Ministère de la Justice)

Cet attentat avait fait 14 morts, dont 11 Français, en 2002 au Pakistan.

L'ouvrage "Le contrat" (Stock), écrit par les journalistes de Mediapart Fabrice Lhomme et Fabrice Arfi, examine la thèse d'un lien entre cet attentat et d'éventuelles opérations de corruption en marge d'un contrat de vente de sous-marins français au Pakistan signé en 1994.

Le tribunal de Paris a rejeté la demande de report de trois mois de la publication du livre présentée par un milliardaire libanais, Ziad Takieddine, 58 ans.

Selon cet ouvrage, Ziad Takieddine a sollicité à l'été 1994 le paiement de commissions supplémentaires d'environ 33 millions d'euros sur la vente des sous-marins, ce qui portait le total de ces commissions à près de 84 millions d'euros. Le milliardaire nie ces faits. Pour autant, une mission d'enquête parlementaire française les a intégralement confirmés dans un rapport publié la semaine dernière, sur le fondement des déclarations de la direction des Constructions navales (DCN), société publique qui a vendu les sous-marins.

Le tribunal de Paris a constaté que la demande de Ziad Takieddine contre le livre, alléguant une supposée diffamation, ne mentionnait aucun passage précis, et ne visait pas les bons articles de loi. Le plaignant est condamné à verser 3000 euros de frais de procédure.

Le livre présente de nombreux éléments laissant, selon les auteurs, soupçonner que Ziad Takieddine a servi à collecter de l'argent pour le financement de la campagne présidentielle d'Edouard Balladur en 1995. La mission parlementaire a conclu que cette intervention avait été imposée par le ministre de la Défense de l'époque, François Léotard.

Les sommes payées par la DCN à Mercor finances, la société de Ziad Takieddine, ont transité par une société basée au Luxembourg, Heine, créée avec l'aval du directeur de cabinet d'Edouard Balladur et celui du ministre du Budget de l'époque, Nicolas Sarkozy, selon des éléments figurant au dossier judiciaire de l'affaire Karachi.

Selon Fabrice Arfi et Fabrice Lhomme, Brice Hortefeux, proche de Nicolas Sarkozy et actuel ministre de l'Intérieur, a reconnu qu'il avait été invité dans la villa du Cap d'Antibes de Ziad Takieddine en août 2005. Dans leur livre, le ministre évoque de "simples rapports de courtoisie". Claude Guéant, secrétaire général de l'Elysée, déclare également dans le livre que Ziad Takieddine a joué un rôle en 2007 dans la libération d'infirmières bulgares détenues en Libye.

La piste islamiste, initialement privilégiée dans l'affaire Karachi, a fait place à celle d'une action commanditée par des militaires pakistanais qui auraient été mécontents de l'arrêt du paiement des commissions du marché des sous-marins. La mesure avait été ordonnée par Jacques Chirac après son élection en 1995.

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