Le premier ministre a affirmé jeudi soir que le ministre du Travail mènerait "à son terme" la réforme des retraites
"Face à une campagne de dénigrement inacceptable", le Premier ministre a renouvelé "toute sa confiance" à Eric Woerth.
"Ce sera la tâche du ministre Eric Woerth de mener pour le gouvernement les débats au Parlement dans les semaines qui viennent", a-t-il dit après que les deux hommes eurent fait le point.
L'opposition n'a pas l'air de cet avis.
François Fillon "rappelle combien cette réforme voulue par le Président de la République est nécessaire pour sauvegarder nos régimes de retraite par répartition et ainsi garantir la solidarité entre les générations".
"Le gouvernement prend, par conséquent, toutes ses responsabilités au nom de la justice et de l'équité. Il revient maintenant à la représentation nationale d'examiner sereinement l'ensemble des dispositions de ce projet de loi", ajoute le chef du gouvernement.
Mais en coulisse le ton est un peu différent. "Ca devient vraiment très compliqué", lâche un proche du chef de l'Etat. "On ne pourra pas tenir comme ça pendant deux mois encore", abonde une source gouvernementale.
A quatre jours du débat sur la réforme des retraites à l'Assemblée nationale, la situation d'Eric Woerth apparaît de plus en plus délicate après qu'il eut reconnu être intervenu en faveur de l'attribution de la Légion d'honneur au gestionnaire de la fortune de Liliane Bettencourt, Patrice de Maistre.
Déja Nicolas Sarkozy s'est abstenu de soutenir Eric Woerth devant les autres membres du gouvernement mercredi. Avant de s'exprimer par communiqué, jeudi soir, François Fillon avait refusé lors d'un déplacement en province de commenter le dernier rebondissement de cette affaire politico-judiciaire, se contentant de dire que la réforme serait "conduite par le ministre" qui en est "en charge".
La participation de M. Fillon jeudi prochain à l'émission télévisée "A vous de juger" sur France 2, consacrée aux retraites a été perçue comme un nouveau camouflet à M. Woerth, déjà considéré comme l'un des perdants du remaniement désormais annoncé pour novembre.
Un membre de l'UMP a assuré qu'Eric Woerth "a une très grande lassitude". Ses derniers jours, il est apparu les traits tirés, physiquement marqué par deux mois de polémique.
Les députés PS le jugent "totalement disqualifié". Un avis partagé par le PCF et le NPA, qui réclament de nouveau sa démission, en plus du retrait de la réforme.
De son côté l'UMP a apporté jeudi soir "tout son soutien à Eric Woerth face à la nouvelle entreprise de déstabilisation à son encontre". Côté syndical, pour la première fois, François Chérèque (CFDT) juge dans Les Echos de vendredi qu'il y a "un vrai problème".
Le ministre du Travail pourra-t-il tenir le vif débat qui commence mardi sur les retraites ? Toute certitude est désormais exclue.
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