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Eva Joly fragilisée par la démission de son porte-parole

Yannick Jadot se dit en désaccord avec la ligne politique de la candidate d'Europe Ecologie-Les Verts à la présidentielle.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
la candidate écologiste à la présidentielle, Eva Joly, et son ancien porte-parole, Yannick Jadot, le 14 mars 2011 à Saint-nazaire. (FRANCK DUBRAY / PHOTOPQR / OUEST FRANCE / MAXPPP)

La campagne d'Eva Joly a du plomb dans l'aile : la rébellion s'organise dans son propre camp. Le porte-parole de la candidate d'Europe Ecologie-Les Verts (EELV) à la présidentielle, Yannick Jadot, a annoncé sa démission mercredi 23 novembre sur son compte Twitter. En cause : la "nouvelle ligne politique" incarnée par Eva Joly avec laquelle l'ex-directeur de campagne de Greenpeace est "en désaccord"

Quels désaccords entre Joly et Jadot ?

Yannick Jadot n'a pas supporté les critiques acerbes d'Eva Joly à l'égard des socialistes. Il a aussi évoqué à l'AFP la prise de "distance" de la candidate "avec l'accord" conclu, après quelques ratés, entre les écologistes et le PS le 15 novembre. "Cet accord ne me fait pas rêver", en raison de désaccords actés sur "l'EPR, la sortie du nucléaire, Notre-Dame-des-Landes [l'aéroport en projet près de Nantes], la réduction des déficits", a confié Eva Joly mardi au Monde.

La candidate s'est aussi interrogée sur le rôle du géant du nucléaire, Areva, dans cet accord. "Ainsi, donc, une entreprise puissante obtenait en l'espace de quelques heures ce qu'elle voulait, c'est-à-dire le retrait, dans un texte politique, d'une disposition qui la gênait ?" L'ancienne juge d'instruction a redit son étonnement sur le plateau de France 2 mardi soir. 

 

Autre grincement : le porte-parole de la candidate avait annoncé le 15 novembre que l'accord PS-EELV pourrait aboutir. "Un audit sur l'EPR de Flamanville pourrait débloquer les négociations", avait déclaré Yannick Jadot au Télégramme de Brest. Eva Joly, qui n'en savait rien, comme le souligne Libération (article payant), n'a pas apprécié le renoncement du parti sur le réacteur nucléaire. Selon le directeur de campagne de la candidate cité par L'Express.fr, Sergio Coronado, Yannick Jadot avait déjà formulé le souhait de quitter le porte-parolat il y a quelques jours, se trouvant dans une position "totalement incompatible avec l'intransigeance d'Eva Joly".

Mardi matin sur RTL, la candidate a franchi un pas de plus en refusant de dire si elle appellerait à voter pour François Hollande au second tour de la présidentielle. 

 

Après la démission de son porte-parole, elle est revenue sur ses déclarations et a annoncé qu'elle appellerait bien à voter pour le candidat socialiste, se défendant de "cultiver les ambiguïtés".

Pourquoi la candidature d'Eva Joly est-elle menacée ?

Eva Joly est apparue en retrait pendant les négociations PS-EELV. Sortant de son silence médiatique mardi, elle semble finalement encore plus fragilisée après ses critiques acérées. A gauche et au sein de sa propre famille, certains lâchent la candidate écologiste. 

Jean-Marc Ayrault, conseiller spécial de François Hollande, a demandé mercredi sur France Info à la secrétaire nationale de EELV, Cécile Duflot, de dire si Eva Joly demeurait la candidate des Verts ou si elle était devenue "indépendante" et "vi[vait] sa vie". Un peu plus tôt, Martine Aubry avait demandé à Cécile Duflot de "clarifier la position" d'Eva Joly après ses propos sur François Hollande.

"Yannick Jadot a raison [de démissionner]. Eva Joly fait de mauvais choix politiques", a réagi mercredi l'eurodéputé écologiste Daniel Cohn-Bendit au micro de France Info, après l'annonce de la démission du porte-parole. Et Noël Mamère, ancien candidat des Verts, a enfoncé le clou : "Si Eva Joly ne soutient pas dès maintenant Francois Hollande, elle fera campagne sans moi et sans une bonne partie des écolos", a-t-il prévenu, cité par La Chaîne parlementaire

Eva Joly cède à "une espèce de dérive solitaire, investie d'une mission de pureté", déplorait mardi soir auprès de l'AFP une personnalité EELV, soulignant qu'"elle reste sur le bord du chemin en se bouchant le nez" au lieu de faire de l'accord PS-EELV "un tremplin".

Comme tous les mercredis, le bureau exécutif d'EELV doit se rassembler à 16 heures. L'ordre du jour est tout trouvé.

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