Une campagne pour faire cesser le cauchemar des élèves harcelés
Pour lutter contre ce fléau qui peut avoir de lourdes conséquences, le ministère de l'Education lance aujourd'hui une campagne de sensibilisation.
Victime de harcèlement au collège, une jeune fille de 12 ans s'est donné la mort avec un fusil de chasse près de Lens (Pas-de-Calais), le 2 janvier. Le suicide dans le pire des cas, mais aussi la dépression et l'échec scolaire sont des conséquences des brimades, menaces et moqueries quotidiennes dont souffre un enfant sur dix au collège. Pour endiguer ce fléau, le ministère de l'Education lance mardi 24 janvier l'opération "Agir contre le harcèlement à l'école", à l'aide notamment de spots diffusés sur internet.
• Les victimes : un cauchemar au quotidien
Régis a 14 ans, il a quitté son collège de Montbron, près d'Angoulême (Charente), il y a deux ans. Aujourd'hui, c'est sa mère qui lui fait cours à domicile. Pour cela, elle a quitté son travail. Régis souffre de graves problèmes d'élocution. A son entrée en sixième, il est devenu le souffre-douleur de sa classe : des humiliations et parfois des coups à chaque récréation.
Pour l'adolescent, le harcèlement, "c'est une sorte de prison. Plusieurs élèves qui emprisonnent un élève et n'arrêtent pas de lui donner des coups, en l'insultant."
Selon une enquête sur le climat scolaire en collège, pilotée par le chercheur Eric Debarbieux et dévoilée en octobre dernier, environ 10 % des élèves se disent "harcelés", dont 6 % "sévèrement ou très sévèrement".
Souvent, "l'élève harcelé verbalement est aussi celui qui est mis à l'écart, frappé, agressé par des violences à connotation sexuelle, ou dont les biens sont plus fréquemment volés", selon le spécialiste. Ces élèves "perdent le plus confiance dans l'école et les enseignants et (...) développent un fort sentiment d'insécurité".
• Les harceleurs : amener une prise de conscience
Dans un des spots de sensibilisation, les élèves s'échangent sur leur mobile des photos de Léo, un ado en surpoids pris à partie sur son physique. "C'est pas méchant, c'était juste pour rigoler", conclut une jeune fille. Jean-Michel Blanquer, directeur général de l'enseignement scolaire, entend justement s'attaquer à la minimisation des faits. "J'espère que cela poussera les élèves à ne pas laisser faire lorsqu'ils voient un jeune se faire harceler", explique-t-il dans Le Parisien.
Il entend ainsi "sensibiliser les harceleurs eux-mêmes. La plupart des auteurs ne se rendent pas compte des conséquences que peuvent avoir leurs actes."
• Les pouvoirs publics : "lever le tabou"
Dont acte. Trois films "viraux" seront partagés sur internet via des plateformes très fréquentées par les adolescents, comme YouTube et Dailymotion. Ils montrent des situations de harcèlement entre élèves et mettent en garde contre leurs effets. A cela s'ajoutent des spots TV diffusés sur France Télévisions, ainsi qu'un site internet pédagogique et un numéro vert (0808 80 70 10). Les jeunes sont également invités à s'exprimer sur la page Facebook de l'opération.
La campagne a pour but de "lever le tabou" sur cette forme de violence à bas bruit "aux conséquences parfois dramatiques et irréversibles" et de "responsabiliser élèves, parents et personnels de l'éducation afin de faire reculer le phénomène", selon le ministère.
Elle s'inscrit dans la suite des Etats généraux de la sécurité à l'école de 2010 et surtout des Assises nationales sur le harcèlement à l'école de mai 2011, qui avaient mis en exergue la nécessité de créer une panoplie d'outils institutionnels.
• Les parents et personnels éducatifs : repérer les signes d'alerte
"Je me rendais malade. Je ne voulais plus aller à l'école", témoigne aujourd'hui Gaëlle, une jeune femme autrefois harcelée par ses camarades de classe. L'absentéisme, la baisse des résultats scolaires, l'agressivité, l'agitation ou une tendance à l'isolement sont autant de signes qui peuvent alerter les parents. Des symptômes d'anxiété peuvent apparaître, comme des troubles du sommeil, de l'alimentation, des maux de ventre, une irritabilité accrue ou encore des malaises, énumère Le Parisien.
Le président de la FCPE, Jean-Jacques Hazan, a jugé que cette campagne serait "utile" et que "faire des enquêtes de victimation et arrêter de nier le problème, c'est bien". "Mais si on continue à supprimer des postes d'adultes dans les établissements, ça ne va pas", a-t-il ajouté, relayant la principale critique exprimée à la suite des Assises nationales sur le harcèlement à l'école.
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