Cet article date de plus de douze ans.

Le FN gagne en crédibilité auprès des Français

Deux sondages en une semaine soulignent la place grandissante du Front national dans le paysage politique français. Décryptage.

Article rédigé par Salomé Legrand
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Marine Le Pen, candidate du FN à la présidentielle, lors de la traditionnelle galette des rois du parti, à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis) le 8 janvier 2012. (FRANCOIS LAFITE / WOSTOK PRESS / MAXPPP FRANCE)

Le Front national n'a pas fini d'effrayer les grands partis. Après Libération lundi 9 janvier qui publiait un sondage expliquant que "30 % des Français n’excluent pas de voter pour Marine Le Pen", c’est au tour d’une étude de TNS Sofres de se pencher sur le vote FN.

Le niveau de rejet le plus faible depuis 27 ans

Réalisé pour France Info, Le Monde et Canal+, ce baromètre d'image du Front national montre surtout que la peur du parti d'extrême droite recule. "Cette porosité plus forte de l’opinion à l’égard des idées du FN correspond cependant plus à une forme de banalisation du parti plutôt qu’à un fort regain d’adhésion à l’égard de ses idées-phares", analyse l’institut de sondage dans sa note explicative.

En fait, le parti suscite moins de rejet : selon ce baromètre, 53 % des Français estiment que le FN représente un danger pour la démocratie. C’est 3 points de moins qu’en janvier 2011 et surtout le niveau le plus faible depuis 1985. A l’inverse, 39 % des Français considèrent qu’il ne représente pas un danger, 2 points de plus que l’an dernier.

Une adhésion au positionnement plus qu’aux idées

Premier constat : 31 % des personnes interrogées se disent "d’accord avec les idées du Front national", soit 9 points de plus que l’an dernier et le niveau le plus haut depuis 1991. Mais dans le détail, l’adhésion à l’égard de ses idées-phares "reste à des niveaux relativement stables et inférieurs à ceux observés il y a une dizaine d’années", souligne la note d’analyse.

Ainsi, la proposition "il faut donner plus de pouvoir à la police" remporte l'adhésion de 52 % des personnes questionnées, contre 76 % en 2002. Selon cette étude, la moitié des interrogés estiment qu'il "y a trop d'immigrés en France". Ils étaient 59 % en mai 2002 et 63 % en décembre 2005. "On ne défend pas assez les valeurs traditionnelles de la France" perd 6 points en un an, de même que 30 % des personnes interrogées adhèrent à l’opinion "il faut supprimer l’euro et revenir au franc" alors qu'ils étaient 34 % en janvier 2011.

En revanche, seulement testée depuis janvier 2010, l'idée "on accorde trop de droits à l’islam et aux musulmans en France" grimpe de près de 10 points et remporte l'adhésion de la moitié du panel. Quant aux questions d’emploi, 22 % pensent que l’on doit donner la priorité à un Français face à un immigré en situation régulière. C’est 3 points de plus que l’an dernier (et un de moins qu'en 2002).

Un vrai gain en crédibilité

En fait, 33 % des Français adhérent aux constats exprimés par Marine Le Pen mais pas aux solutions qu’elle propose, souligne l’étude TNS Sofres, contre 11 % d’adhésion aux constats et aux solutions. Mais surtout, plus d’un tiers des personnes interrogées (31 %) estime que le parti d’extrême droite a la capacité de participer à un gouvernement, soit 6 points de plus qu’en janvier 2011.

L’image de parti uniquement protestataire s’effrite : 57 % des Français pensent que le FN a vocation à rassembler les votes d’opposition, 5 points de moins en un an. D’ailleurs, 32 % des Français et 45 % des sympathisants de l’UMP estiment que la majorité peut passer des alliances avec le FN.

 

Sondage TNS Sofres effectué pour "Le Monde", France Info et Canal+. Dates de réalisation : du 6 au 9 janvier 2012. Enquête réalisée en face-à-face auprès d'un échantillon national de 1 000 personnes, représentatif de l'ensemble de la population française âgée de 18 ans et plus. Méthode des quotas (sexe, âge, profession du chef de ménage) et stratification par région et catégorie d’agglomération.

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