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Le convoyeur qui a détourné 11,6 millions d'euros a été mis en examen mercredi pour vol et tentative d'escroquerie

Transféré à Lyon après s'être rendu à la police monégasque lundi, après 11 jours de cavale, Toni Musulin a été placé en détention provisoire en fin d'après-midi et devrait y rester quatre mois.Il encourt trois et cinq ans d'emprisonnement, non cumulables pour les deux chefs d'accusation retenus.
Article rédigé par France2.fr
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Toni Musulin après sa reddition à la police (France 2)

Transféré à Lyon après s'être rendu à la police monégasque lundi, après 11 jours de cavale, Toni Musulin a été placé en détention provisoire en fin d'après-midi et devrait y rester quatre mois.

Il encourt trois et cinq ans d'emprisonnement, non cumulables pour les deux chefs d'accusation retenus.

S'il s'est livré spontanément, Toni Muselin se refuse toujours en revanche à toute indication sur l'endroit où se trouveraient les 2,5 millions restants du butin.

Le procureur de la République de Lyon, Xavier Richaud, a indiqué que le convoyeur avait conservé sa stratégie de mutisme lors de sa présentation devant le juge d'instruction qui l'a interrogé mercredi. Depuis sa reddition, il a refusé de répondre à toutes les questions qui lui ont été posées par le magistrat instructeur.

"Il a reconnu être présent le jour du vol, puisque sur le plan matériel il ne peut pas le nier. Mais il ne veut pas s'expliquer sur ces deux millions et demi" manquants, a indiqué la veille Jean-François Varaldi, vice-procureur de Lyon. "Son mutisme n'est pas un obstacle au travail des enquêteurs de la Direction interrégionale de la police judiciaire (DIPJ) dans l'exploitation de tous les éléments pour retrouver la trace de son séjour depuis le 5 novembre", a-t-il néanmoins assuré.

M. Richaud a expliqué qu'en l'état actuel de l'enquête, "aucun élément ne (permettait) de rattacher sa fuite à un pays quelconque". "Nous ne savons pas où il était" pendant ses quinze jours de cavale, même s'il "est probable qu'il ait été en Italie".

Une reddition mystérieuse
Selon son avocat, Toni Musulin s'est rendu car "il a décidé de faire face à ses responsabilités"

Il avait l'air assez bizarre quand il s'est rendu. On ne comprend toujours pas ses motivations", a indiqué une source proche de l'enquête à Monaco. Il était visiblement fatigué et portait une barbe de 10 jours. "C'est quelqu'un de solitaire, qui avait décidé de couper avec sa famille. (...) Mais les planques, l'errance, ce n'est pas pour lui. Je pense que ça a joué", a expliqué l'avocat. "Il m'est apparu soulagé de s'être rendu."

Alors que le mystère reste entier sur la partie du butin non saisie par la police, soit 2,5 millions, le convoyeur est passible de trois ans de prison pour vol sans violence.

Rappel des faits
Le convoyeur s'était volatilisé avec le chargement du fourgon blindé qu'il conduisait le 5 novembre dans la banlieue de Lyon. L'homme était employé depuis 10 ans chez Loomis, groupe suédois de transports de fonds. Neuf des 11,6 millions d'euros dérobés avaient été retrouvés à Lyon le 9 novembre. Les enquêteurs avaient alors découvert plusieurs dizaines de paquets de billets, allant de 5 à 100 euros et représentant au total 9,105 millions d'euros, dans une Renault Kangoo blanche que Toni Musulin avait louée. La camionnette était garée dans un box loué depuis avril, sous un faux nom. Ce garage est situé à proximité de l'endroit où le fourgon dévalisé avait été retrouvé.

Interpol avait adressé, à la demande de la France, une "notice bleue" à ses 185 pays membres les invitant à transmettre des informations sur l'identité et les activités du convoyeur. Les enquêteurs français envisageaient, parmi d'autres pistes, "une fuite dans certains pays de l'Est, compte tenu de (ses) origines serbo-croates" du convoyeur.

Certains convoyeurs, interrogés par Le Parisien, le jugent aujourd'hui sévèrement. "On a l'impression que c'est un gars qui a plus de muscles que de cervelle", ironise ainsi l'un d'entre eux. "Tout ce qu'il a réussi à faire, c'est de mettre ses collègues dans la m... Il y a quand même quatre convoyeurs mis à pied et sérieusement menacés de licenciement."

Malgré tout, sur internet, Musulin reste une star, même si beaucoup ne comprennent pas son geste. En dépit de sa décision de se rendre, nombreux sont ceux qui le remercient pour les avoir fait "rêver". Même si certains se disent déçus: "P'tite caise ! Fallait pas te rendre, enfoiré", explique ainsi un adepte du clic...

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