La SNCF a justifié mardi par la neige et la volonté de bien faire le retard record subi par le train Strasbourg-Port-Bou
"Il aurait été préférable de ne pas faire partir ce train de Strasbourg ce soir-là", estime la société publique dans un rapport d'enquête interne.
Cette idée a suscité des critiques de la ministre de tutelle N. Kosciusko-Morizet et l'ironie du syndicat de cheminots Sud-Rail, qui estime que ce n'est pas "une réponse sérieuse aux usagers".
"Lors du week-end de Noël, le quart nord-est du pays était encore sous la neige. La volonté de bien faire, c'est-à-dire d'acheminer coûte que coûte, en dépit de ces conditions difficiles, les 600 voyageurs, a conduit la SNCF à prendre des risques excessifs (...) qui ont conduit à ce dysfonctionnement majeur de qualité de service", lit-on dans ce document.
La durée du voyage avait accusé un retard de 15 heures !
L'inventaire des défaillances
Dans le détail, le rapport relève cinq incidents successifs ayant conduit au retard du train : -une heure de délai dans la préparation du convoi,
-sept heures à Belfort en raison d'un problème de conducteur,
-45 minutes pour l'évacuation d'un voyageur ivre par la police,
-deux heures à Montbéliard en raison de la panne d'un autre train bloquant la voie
-2h50 à Tournus en raison d'une panne de motrice.
Barbara Dalibard, responsable de la SNCF voyages, a reconnu mardi lors d'une conférence de presse que le matériel aurait dû "subir une maintenance plus importante".
"Notre souci sans doute de faire rouler les trains pour amener les clients plus rapidement a prévalu et on a peut-être essayé de faire trop bien et donc ça nous a créé les déboires que nos pauvres passagers ont dû endurer", a-t-elle dit.
Fort de ce constat, la SNCF propose trois actions pour prévenir le retour d'un tel incident. Il s'agit d'une meilleure organisation des trains de nuit, d'un renforcement des équipes opérationnelles et d'une meilleur prise en charge des voyageurs.
Ces mesures devront être appliquées avant l'été, dit le rapport.
La ministre parle de "connerie"
Mais Nathalie Kosciusko-Morizet estime avoir été trompée et envisage des sanctions. "La première connerie pour moi, c'est qu'on ne m'a pas dit cela au début. Quand ce train est arrivé en retard, on m'a dit que le conducteur n'a pas pu (arriver à temps) à cause de la neige. Mais ce n'était pas ça", a-t-elle remarqué sur Radio Classique. Selon elle, le conducteur "a été décommandé (par erreur), ce n'est quand même pas la même chose. On va regarder s'il y a lieu de sévir ou pas", a-t-elle ajouté.
Sud-Rail estime dans un communiqué que la société doit changer de politique. "La SNCF doit cesser sa politique de démantèlement de l'entreprise, cesser de faire des économies la maintenance du matériel roulant, cesser de faire des économies sur le personnel", écrit-elle.
Rappel des faits
Parti de Strasbourg dimanche 26 décembre à 21h30, le train de nuit 4295 devait initialement se scinder en deux et arriver à Port-Bou et à Nice lundi à 08h30. Il est arrivé à destination avec plus de 15 heures de retard.
La SNCF s'est engagée à indemniser les voyageurs du train de nuit et à offrir "un aller/retour gratuit supplémentaire à chacun des voyageurs". Le patron de la société, Guillaume Pépy, avait présenté au nom de la SNCF ses "excuses pour" le "très mauvais voyage" Strasbourg-Port-Bou. "La série d'incidents que vous avez subie n'est pas admissible", a écrit le patron de la SNCF dans une lettre aux passagers.
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