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La première secrétaire du PS a estimé mardi que le départ à la retraite à 60 ans est un "droit"

Martine Aubry avait déclenché une polémique la semaine dernière en évoquant la nécessité d'un départ à la retraite "vers 61 ans ou 62 ans". Elle a précisé mardi qu'elle ne parlait pas de l'âge légal, mais de l'âge effectif de départ.De leur côté, le gouvernement et l'UMP ne se privent pas de dénoncer le "rétropédalage" de la dirigeante socialiste.
Article rédigé par France2.fr
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La première secrétaire du PS, Martine Aubry, le 15 janvier 2010 à Lille, ville dont elle est maire (AFP - PHILIPPE HUGUEN)

Martine Aubry avait déclenché une polémique la semaine dernière en évoquant la nécessité d'un départ à la retraite "vers 61 ans ou 62 ans". Elle a précisé mardi qu'elle ne parlait pas de l'âge légal, mais de l'âge effectif de départ.

De leur côté, le gouvernement et l'UMP ne se privent pas de dénoncer le "rétropédalage" de la dirigeante socialiste.

Précisant sa pensée, Martine Aubry a rappelé que "la réalité est que beaucoup de Français partent à 61 et 62 ans", et "que d'autres doivent pouvoir -c'est ce que nous proposons- partir plus tôt, quand ils ont commencé à travailler à 17 ou 18 ans". Elle a également ajouté que "l'essentiel est que nous voulons défendre la retraite par répartition" et que "nous n'acceptons pas ces petites retraites".

Elle s'est par ailleurs déclaré prête à discuter avec Nicolas Sarkozy de la réforme des retraites même si les syndicats sont "prioritaires". "Nous sommes des gens responsables et nous serons à notre place pour faire des propositions", a-t-elle dit.

Martine Aubry fait donc finalement sienne la position officielle du PS, adoptée à l'unanimité de son bureau politique. Parmi les "grandes orientations" pour une réforme, ce dernier retient le maintien de l'âge légal du départ à la retraite à 60 ans, c'est à dire la possibilité de faire valoir ses droits, quel que soit le montant de sa retraite". Il s'agit donc de permettre à toute personne de partir à 60 ans si elle le souhaite, même si elle n'a pas cotisé assez longuement pour avoir une pension à taux plein.

La proposition initiale de Martine Aubry n'a pas été forcément appréciée par les militants socialistes, comme on a pu le constater ça et là.

Sur ce dossier extrêmement sensible, le chef de l'Etat a d'autre part souhaité "le consensus le plus large possible". Nicolas Sarkozy a jugé qu'il était de son "devoir" de discuter de la réforme avec la dirigeante socialiste.

Le gouvernement ironique
"J'ai trouvé la position de Martine Aubry indigne, elle vient de faire un rétropédalage qui est surréaliste", a jugé mercredi le secrétaire d'Etat à l'Emploi, Laurent Wauquiez. "Ce n'est pas de la clarification, c'est du reniement", a-t-il estimé. A ses yeux, la première secrétaire socialiste a cédé face "à la pression de tout l'appareil socialiste".

De son côté, le ministre du Budget, Eric Woerth a noté qu'elle avait fait volte-face à moins de deux mois des élections régionales. "Le problème, ce n'est pas de faire de l'électoralisme sur la retraite, c'est d'être un homme ou une femme d'Etat. Elle l'a été. Mais elle l'a été peu de temps", a-t-il estimé.

"C'est un tournant, c'est demi-tour, marche arrière toute, retraite en rase-campagne", s'est désolé le président UMP de l'Assemblée, Bernard Accoyer. "C'est assez désolant, je trouve, pour une femme qui a des prétentions d'avenir, des ambitions. C'est désolant parce qu'il s'agit de l'avenir des retraites de tous les Français", a-t-il ajouté.

Réaction de Laurent Fabius
Pour l'ancien premier ministre PS, Laurent Fabius, Martine Aubry "ne s'est pas dédite". "Je pense qu'il y avait eu une ambiguïté
d'interprétation à partir de ses propos. Elle a jugé utile, je pense que c'était pertinent, de préciser les choses", a-t-il ajouté.

Quelle solution au problème ?
Pour le PS, la retraite à 60 ans, instaurée au début des années 80, est un symbole fort, un acquis emblématique de l'union de la gauche et de la présidence de François Mitterrand, seul président socialiste de la Ve République. Depuis, ce droit a été malmené par la crise économique, le chômage et le déficit des régimes de retraites. Ainsi que par l'allongement de la durée de la vie, observé par les démographes.

Pour refinancer le régime, l'Elysée et le gouvernement privilégient de fait l'allongement de la durée de cotisation ou le recul de l'âge légal. Ils excluent la hausse des cotisations, la baisse du montant des pensions et un changement de système.

Martine Aubry a dit vouloir dépasser le problème de l'âge et insisté sur d'autres pistes. Elle propose de taxer les revenus financiers, les bonus et les stock-options. Une idée formulée par le président (récemment décédé) de la Cour des comptes, Philippe Séguin, et dont les recettes étaient évaluées dans ses calculs à plusieurs milliards d'euros.

De leur côté, les syndicats refusent catégoriquement la modification de l'âge légal de 60 ans. A la notable exception de la CFDT, prête à participer à une discussion avec l'Elysée. En 2003, la confédération avait soutenu la réforme du ministre des Affaires sociales de l'époque, François Fillon, qui avait fait passer la durée de cotisation de 40 à 41 ans.

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