La Cour de révision a rejeté mercredi la requête en révision de Dany Leprince pour un quadruple meurtre en 1994
Parmi les trois options qu'elle avait, la Cour de révision a donc décidé de rejeter la requête de Dany Leprince et de le réincarcérer. Elle aurait pu décider d'un nouveau procès ou annuler purement et simplement sa condamnation.
Après ce rejet qui a suscité les vives protestations de son entourage, Dany Leprince est retourné mercredi en prison.
Les révisions de condamnations pénales restent rares en France : ce type de procédure n'a abouti que huit fois en matière criminelle depuis la Seconde guerre mondiale.
"Une cruauté invraisemblable" pour son avocat
Me Yves Baudelot, son avocat, a dénoncé la "décision d'une cruauté invraisemblable" de la cour de révision. Dany Leprince "est scandalisé, il croyait dur comme fer à la révision, il était d'un optimisme total", a-t-il poursuivi devant la presse. "C'est une terrible surprise et un échec effarant. Je l'ai vu à l'instant, on lui a passé les menottes dans le dos, on l'a descendu à la voiture cellulaire, il va passer la nuit à la Santé", a-t-il dit.
Surnommé "le boucher de la Sarthe", Dany Leprince avait été condamné en 1997 à la réclusion criminelle à perpétuité pour les meurtres de son frère, de sa belle-soeur et de ses nièces de six et dix ans à Thorigné-sur-Dué (Sarthe). Seule Solène, deux ans, avait échappé à la tuerie.
Après 16 années derrière les barreaux, M. Leprince, 53 ans, était sorti de prison le 8 juillet 2010. Une semaine auparavant, la commission de révision des condamnations pénales avait relevé de nombreuses failles dans l'enquête qui avait mené à sa condamnation et décidé de saisir la Cour de révision. Dans la foulée, elle avait ordonné sa libération immédiate, une décision rarissime.
Depuis, il était soumis à un strict contrôle judiciaire. Interdit dans la Sarthe, la Mayenne et le Maine-et-Loire, il s'est installé à Marmande, dans le Lot-et-Garonne, où réside sa nouvelle épouse.
Lors d'une audience, le 17 mars, le parquet général avait critiqué les défaillances de l'enquête et demandé à la Cour de révision d'annuler la condamnation de M. Leprince, et de lui accorder un nouveau procès. Il avait aussi suggéré qu'une nouvelle enquête soit ouverte, pour examiner le rôle éventuel dans la tuerie de l'ex-femme de Dany Leprince, Martine Compain. Il s'était étonné de la destruction des scellés et avait critiqué le travail des médecins légistes.
Parmi les faits nouveaux apparus depuis 1997 figurent pêle-mêle : l'incompatibilité des créneaux horaires; la découverte d'un couteau gravé Leprince dans une carrière voisine, la saisie chez Dany Leprince, d'un couteau jaune avec des traces compatibles avec l'ADN de Martine Compain; ou encore la découverte de relations privilégiées que cette dernière entretenait avec les enquêteurs, ainsi qu'avec un auditeur de justice mêlé à la procédure.
La Cour de révision n'a pas reconnu ces faits nouveaux: pour elle, il n'existe "aucun élément inconnu de la juridiction au jour du procès de nature à faire naître un doute sur la culpabilité de Dany Leprince ".
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.