La compagnie américaine Continental Airlines va faire appel de sa condamnation lundi dans le procès du crash du Concorde
Le drame, provoqué par une lamelle perdue par un avion de la compagnie américaine avait fait 113 morts et entraîné l'arrêt de l'exploitation commerciale du supersonique.
Le tribunal correctionnel de Pontoise a condamné lundi à 200.000 euros d'amende la compagnie américaine et à verser 1 million d'euros de dommages et intérêts à Air France.
Annonçant que la compagnie américaine allait faire appel de sa condamnation, son avocat, Me Olivier Metzner, a dénoncé lundi une décision "qui protège uniquement les intérêts français".
Le tribunal correctionnel de Pontoise a accordé 500.000 euros de dommages pour "préjudice moral" et 500.000 pour "atteinte à l'image". Il n'a pas retenu le préjudice de "dénigrement".
La compagnie américaine avait auparavant été condamnée au pénal à 200.000 euros d'amende pour sa responsabilité dans le crash, provoqué par une lamelle perdue par un de ses avions, qui avait fait éclater un pneu du supersonique au décollage de Roissy.
Un des employés de Continental Airlines a été condamné lundi à 15 mois de prison avec sursis pour sa responsabilité dans le crash du Concorde d'Air France. Le tribunal correctionnel de
Pontoise a relaxé l'autre employé américain impliqué et trois anciens cadres français de l'aéronautique.
Lors du procès, de février à mai, Air France avait réclamé 15 millions d'euros de dommages et intérêts à sa concurrente, au titre notamment de l'atteinte à son image et pour "dénigrement".
Affrontement entre Continental Airlines et Air France
Durant le procès, la défense de Continental Airlines avait vivement mis en cause la maintenance des Concorde par Air France et la préparation du vol en question.
L'indemnisation du préjudice économique de la compagnie française fait l'objet d'une action séparée devant le tribunal de commerce de Pontoise, qui a sursis à statuer jusqu'à la fin de la procédure pénale.
Durant tout le procès, de février à mai, Continental Airlines a réfuté la thèse selon laquelle l'accident aurait été provoqué par une simple lamelle d'une quarantaine de centimètres qui selon les enquêteurs aurait fait éclater un pneu du supersonique.
La défense de la compagnie américaine a maintenu pour sa part que l'avion avait pris feu avant même de rouler sur ce bout de ferraille.
La défense n'a cessé d'affirmer, sur la base de témoignages écartés durant l'enquête, que le Concorde avait pris feu 700 mètres avant d'avoir roulé sur la lamelle incriminée. Pour appuyer sa démonstration, Continental a fait réaliser une reconstitution en 3D. Laquelle n'a convaincu ni le parquet ni les parties civiles.
Un employé de Continental Airlines condamné, 4 prévenus relaxés dont trois Français
La justice a également condamné à 15 mois de prison avec sursis l'un des employés de la compagnie américaine, John Taylor, 42 ans, pour avoir mal fabriqué et fixé cette lamelle.
Le tribunal a en revanche relaxé son chef d'équipe, Stanley Ford, 71 ans, ainsi que les trois prévenus français, anciens responsables de l'aéronautique qui étaient poursuivis : Henri Perrier, 81 ans, ex-directeur du programme Concorde chez Aérospatiale, son collaborateur Jacques Hérubel, 75 ans, et Claude Frantzen, 73 ans, ex-cadre de la direction générale de l'aviation civile (DGAC).
"Aucune faute caractérisée ne peut être reprochée" aux trois Français, a estimé le tribunal.ou.
Henri Perrier, qui a dirigé le programme Concorde de 1978 à 1994 chez le constructeur Aérospatiale (ancêtre d'EADS), était absent au prononcé du jugement, pour raison de santé.
La défense de Continental s'en est également vivement pris à Air France, partie civile au procès, coupable, selon elle, de négligences de maintenance et qui n'aurait jamais dû "laisser l'avion décoller".
L'affrontement entre les deux compagnies est allé crescendo durant quatre mois. Air France a imputé à Continental l'entière responsabilité de l'accident et lui a réclamé 15 millions d'euros d'indemnités.
Le parquet avait requis 175.000 euros d'amende à l'encontre de Continental Airlines pour homicides involontaires, et 18 mois de prison avec sursis contre ses deux employés. Le procureur avait demandé deux ans de prison avec sursis pour l'ancien directeur du programme Concorde Henri Perrier, 81 ans, et la relaxe des deux autres prévenus français.
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