L'urgentiste suspecté d'avoir abrégé la vie d'au moins 7 patients âgés a été laissé en liberté sous contrôle judiciaire
Le parquet de Bayonne avait fait appel du maintien en liberté du médecin, mis en examen pour "empoisonnements sur personnes particulièrement vulnérables". Il n'a pas été entendu.
Le contrôle judiciaire prévoit l'interdiction d'exercer la médecine, de prendre contact avec des membres de son ancien service et de résider dans les Pyrénées-Atlantiques.
Prononcée mardi matin, après une audience tenue le mardi précédent, la décision fait suite à l'appel interjeté par le parquet de Bayonne après le maintien en liberté du médecin.
Interrogé par une correspondante de l'AFP après cette décision, Nicolas Bonnemaison, 50 ans, s'est dit "soulagé", notamment parce qu'il "va pouvoir s'expliquer sereinement". Il s'est dit "prêt à s'expliquer sur tous les cas" qui lui sont reprochés. Il a réaffirmé qu'il n'est "pas un militant de l'euthanasie" et qu'il avait "agi en tant que médecin". "Ca va être un très long parcours", a-t-il ajouté, en indiquant "avoir une pensée pour toutes les personnes décédées et toutes les personnes qui (l')ont soutenu."
Une cinquantaine de sympathisants étaient venus soutenir le docteur Bonnemaison pour entendre cet arrêt. Le médecin, recroquevillé sur sa chaise et étreignant la main de sa femme en attendant la cour, visiblement très ému, a seulement demandé à ce groupe de cesser d'applaudir lorsque le président de la chambre de l'instruction, Michel Treilles, a lu la décision.
Mardi 6 septembre, le Dr Bonnemaison avait laissé entendre qu'il avait agi en lien avec les familles, dont aucune n'a porté plainte contre lui. "Dans le cadre de la fin de vie, on vit des choses fortes avec les familles. Souvent ça se fait dans un regard, une poignée de mains", avait-il expliqué.
Poursuivi à l'origine pour les décès de quatre patientes entre avril et août 2011, on reproche aujourd'hui au médecin d'être impliqué dans les décès de trois autres personnes survenus entre juin et début juillet.
Le cas du docteur Bonnemaison a semé le trouble parmi ses pairs. L'Ordre des médecins des Pyrénées-Atlantiques a refusé de porter plainte contre lui, contre l'avis de son président, qui a démissionné.
Le bureau du Conseil national de l'Ordre des médecins a indiqué qu'il porterait plainte contre l'urgentiste, estimant que celui-ci n'avait pas respecté les dispositions de la loi Leonetti sur la fin de vie et le Code de déontologie médicale. La plainte devrait être formellement entérinée mercredi au cours d'une réunion du Conseil national.
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