L'examen d'une première loi sur le Grand Paris a débuté mardi soir à l'Assemblée nationale
Le texte prévoit notamment la construction d'un métro autour de Paris, un "métro automatique de grande capacité en rocade" qui reliera le centre de l'agglomération parisienne, les principaux pôles d'activité, le réseau ferroviaire à grande vitesse et les aéroports internationaux.
Le coût de ce métro est estimé à 20,5 milliards d'euros.
Vers une "ville-monde compétitive et attractive"
Le projet "Grand Paris", voulu par Nicolas Sarkozy, doit faire de la région parisienne le flambeau de la France des trente prochaines années.
Deux autres lois, sur les pôles économiques et le logement, vont suivre.
Déjà amendé en commission, le projet, présenté par le secrétaire d'Etat chargé du développement de la région capitale, Christian Blanc, ne devrait pas souffrir de la grogne des élus sur la réforme des collectivités locales. Il reste pourtant très critiqué et promet des débats passionnels. Dans la majorité comme à gauche, on lui reproche surtout de ne pas répondre aux préoccupations immédiates des électeurs, des habitants, notamment pour ce qui est des transports et du logement.
"Nous avons aujourd'hui entre les mains les moyens de réaliser une ville-monde compétitive et attractive qui soit un phare de croissance, d'innovation et de création artistique et intellectuelle au XXIe siècle", a dit Christian Blanc avant d'inviter les députés "à saisir l'élan créé par ce projet historique" pour y "apposer tous ensemble notre signature à son acte de naissance".
Les élus de Seine-Saint-Denis de toutes tendances politiques ne sont pas insensibles à un plan qui contribuerait à modifier l'image de leur département et à les sortir de la ghettoïsation. Mais le maire de Paris, Bertrand Delanoë, comme le président de la région, Jean-Paul Huchon, tous deux socialistes, craignent d"être dépossédés de leurs prérogatives.
Transports
Sept députés UMP de Paris ont déposé un amendement au projet de loi Grand Paris allant exactement dans le sens des souhaits du PS. Le projet "doit également assurer l'amélioration des réseaux existants", expliquent ces élus, dont Jean-François Lamour, patron du groupe municipal UMP. Il s'agit d'un "amendement d'appel", a précisé aux journalistes Jean-François Lamour.
De façon étonnante, le Medef Ile-de-France -dont une partie est proche de la candidate UMP aux régionales Valérie Pécresse- s'est montré critique. Il a repris les arguments de Jean-Paul Huchon, président socialiste du Conseil régional, candidat à sa propre à succession qui juge le projet décevant au regard de l'ambition affichée par Nicolas Sarkozy lors de son discours tenu en avril.
Le patronat francilien estime qu'il y a mieux à faire que construire un métro automatique, comme moderniser le RER, prolonger le RER E jusqu'à la Défense, prolonger la ligne 14 alléger la 13, prolonger ou créer 7 lignes de tramway.
Le député souverainiste non inscrit Nicolas Dupont-Aignan, président de Debout la République (DLR), a estimé lundi que le Grand Paris n'apportait pas de réponse "aux besoins concrets des habitants de l'Ile-de-France. Il juge aussi "totalement délirant" son projet de métro périphérique. Ce projet va mobiliser, "dans des zones déjà surdotées d'infrastructures de transports, à l'horizon de 20 ans, la somme astronomique de 21 milliards d'euros, alors qu'un dixième suffirait à résoudre les principaux points noirs de la région", s'insurge Nicolas Dupont-Aignan.
Des critiques émanant de tous bords
Brigitte Kuster, maire UMP du XVIIème, a affirmé que "ce qui est en train de se préparer" dans son arrondissement "est une aberration absolue", avec "10 tours de 50 m de haut de logements sociaux".
Anne Hidalgo, première adjointe PS au maire de Paris en charge de l'urbanisme, a répondu au cours d'un déjeuner de presse que l'UMP voulait faire de "l'urbanisme de promotion immobilière" et utilisait le "bulldozer" "pour empêcher la production de logements sociaux".
Cécile Duflot, tête de liste Europe Ecologie pour les régionales en Ile-de-France, a affirmé mardi que son parti propose pour le grand Paris un "projet Vert" face au projet Blanc qu'elle juge "démesuré, coûteux, et déconnecté de la réalité". Ce projet Vert "bâtit un territoire en s'appuyant sur les forces et la réalité des bassins de vie", poursuit la responsable écologiste, estimant que "nous devons travailler à réduire le temps de transports en rapprochant emploi, logement et lieux de vies".
La secrétaire nationale du PCF Marie-George Buffet et plusieurs élus de son parti devaient participer mardi soir à un rassemblement devant l'Assemblée nationale "pour protester contre le Grand Paris imaginé par Nicolas Sarkozy". "Tous les projets de ce Grand Paris tournent le dos aux exigences des Franciliennes. Il n'améliore aucunement le quotidien des habitants et dessine une métropole morcelée, avec certains territoires vitrines de la capitale, et d'autres oubliés", écrit le PCF dans un communiqué.
Le président de la commission des Affaires économiques de l'Assemblée nationale, le député UMP des Hauts-de-Seine Patrick Ollier, estime que les difficultés sont davantage à attendre l'année prochaine lorsqu'il faudra voter les textes sur les neuf pôles de développement du Grand Paris.
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