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L'avocat de la famille de la fillette dans le coma à Corbeil depuis dimanche a incriminé mardi "un tir policier"

"Il y a un impact rond régulier de 5 cm de diamètre: c'est un tir de flashball, ça ne peut rien être d'autre", a dit Me Joseph Cohen-Sabban sur RTL et BFM-TV.Le parquet d'Evry a co-saisi l'IGPN ("police des polices") et la Sûreté départementale pour déterminer les circonstances du drame survenu lors d'incidents opposant des policiers à des jeunes.
Article rédigé par France2.fr avec AFP
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Des policiers qui patrouillent dans une cage d'escalier. (AFP / Jean-Philippe Ksiazek)

"Il y a un impact rond régulier de 5 cm de diamètre: c'est un tir de flashball, ça ne peut rien être d'autre", a dit Me Joseph Cohen-Sabban sur RTL et BFM-TV.

Le parquet d'Evry a co-saisi l'IGPN ("police des polices") et la Sûreté départementale pour déterminer les circonstances du drame survenu lors d'incidents opposant des policiers à des jeunes.

Des policiers étaient intervenus aux Tarterêts, quartier sensible de Corbeil-Essonnes pour appuyer des pompiers venus éteindre l'incendie de trois véhicules. Ils ont été pris à partie violemment par une trentaine de jeunes au visage dissimulé qui leur ont jeté des projectiles, notamment des pierres et des bouteilles de verre. Les policiers, qui assurent avoir alors demandé aux riverains de "rentrer" les enfants jouant à proximité, ont repliqué par des tirs de grenades lacrymogènes et de flashball.

La fillette, blessée à la tempe droite lors de ces affrontements, est plongée dans un coma artificiel à l'hôpital Necker à Paris. Une audition de sa mère, prévue mardi à 16h00, a été reportée en raison d'un malaise, a-t-on appris auprès de leur avocat, Me Cohen-Sabban.

Mardi en début de soirée, la police a mené une opération dans les cages d'escaliers et halls d'immeubles du quartier des Tarterêts, théâtre de violences dimanche et lundi soir (voir plus bas), selon des sources policières. Il n'a été procédé à aucune interpellation.

Les parents de l'enfant, âgée de neuf ans, incriminent la police qui, elle, a d'abord renvoyé la responsabilité aux jeunes du quartier. "En l'état actuel des informations", "aucun lien ne peut être établi entre les blessures de la fillette et un tir policier" lors de ces échauffourées dans le quartier des Tarterêts, a indiqué lundi matin un porte-parole de la Direction générale de la police nationale (DGPN).

En déplacement à Calais, le ministre de l'Intérieur Claude Guéant a souhaité que "cette petite fille se rétablisse vite" et a rejeté la responsabilité de l'incident sur les "bandes qui essaient de braver la police pour couvrir leur trafic de drogue".

Il a été rejoint dans cette analyse par le député PS de l'Essonne Manuel Valls qui a évoqué "un système mafieux" et accusé des "voyous qui agissent avec un sentiment d'impunité totale". Ce qui a d'ailleurs déplu au maire UMP Jean-Pierre Bechter, qui a annoncé mardi vouloir déposer plainte contre Manuel Valls, qui avait évoqué la veille "une forme de complicité" entre sa municipalité et "des individus connus des services de police", ce qui expliquerait leur sentiment d'"impunité".

Entre-temps, le parquet d'Evry a co-saisi l'Inspection générale de la police nationale (IGPN), "la police des polices", et la Sûreté départementale de l'Essonne, qui devront notamment déterminer l'origine du projectile.

Les parents accusent la police
Selon les déclarations des parents recueillies lundi matin par l'AFP, la petite Daranca, se trouvait avec sa mère et trois autres enfants dans un parc situé non loin de leur immeuble quand les heurts ont éclaté. La mère et les quatre enfants ont cherché à rejoindre au plus vite leur appartement. "On courait pour traverser la route lorsque ma fille s'est écroulée à côté de moi", a confié la mère de Daranca. "Ca ne pouvait pas être autre chose qu'une balle de flashball", a estimé le père de la fillette, absent au moment des faits, mais pour qui le projectile "n'était pas une pierre", comme l'affirme pourtant une source policière. "Le médecin a parlé de quelque chose de rond", a ajouté le père de Daranca, qui envisage de porter plainte.

Les policiers, cibles de jets de pierres et de bouteilles, ont répliqué par plusieurs tirs de pistolets lanceurs de balles de défense et de grenades lacrymogènes. Dans la confusion, un habitant du quartier a amené aux policiers la fillette qui était déjà blessée. Elle présentait une plaie "saignante" au niveau de la tempe. L'enfant a été confiée aux pompiers avant d'être transportée à l'hôpital Necker, à Paris, inconsciente, mais dans un état stable, selon une source policière.

Des tensions entre jeunes et CRS lundi soir
Des fauteurs de troubles ont brièvement pris à partie des CRS lundi soir vers 21H00 à la cité des Tarterêts. Des jeunes encapuchonnés ont entrepris de jeter des pierres en direction des forces de l'ordre qui ont répliqué par des gaz lacrymogènes. Ces incidents se sont produits dans le bas des Tarterêts, à l'opposé de l'endroit où s'étaient déroulées les violences de la veille. Les incidents ont été provoqués par "deux groupes d'une trentaine de jeunes" qui ont visé les policiers avec divers projectiles dont des cocktails molotov et "ont exhibé des armes sans doute réelles", selon une source policière. Ces échanges ont été brefs mais la situation restait tendue en milieu de soirée dans ce quartier sensible.

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