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L'ancien premier ministre se montre sceptique sur l'intérêt de débattre de l'identité nationale

"Pour moi la question 'qu'est-ce qu'être français?' ne se pose pas vraiment", explique-t-il dans un entretien au Parisien Dimanche."Tout ce qui peut dresser les communautés les unes contre les autres est détestable", ajoute-t-il.
Article rédigé par Louis San
France Télévisions
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L'ancien premier ministre Alain Juppé le 9 novembre 2009 à Bordeaux (AFP PHOTO JEAN PIERRE MULLER)

"Pour moi la question 'qu'est-ce qu'être français?' ne se pose pas vraiment", explique-t-il dans un entretien au Parisien Dimanche.

"Tout ce qui peut dresser les communautés les unes contre les autres est détestable", ajoute-t-il.

Juppé: "on élude la vraie question"
A la question de savoir s'il n'est pas temps d'arrêter le débat lancé début novembre par le gouvernement en raison des dérapages, Alain Juppé répond : "Pour moi, la question 'qu'est-ce qu'être français ?' ne se pose pas vraiment. En tout cas, nous connaissons la réponse". Et de citer la devise de la République : "liberté, égalité, fraternité", trois mots qui, selon lui, "restent d'une actualité totale". "Ajoutons-y la laïcité et on a l'identité française", poursuit le maire UMP de Bordeaux.

Dans ce débat, "je crois qu'on élude la vraie question qui est de savoir si la France reste fidèle à sa tradition d'accueil ou pas", explique l'actuel maire de Bordeaux. "Aujourd'hui, quelle est la capacité d'accueil de la société française vis-à-vis de ceux qui la rejoignent, en particulier des musulmans ? C'est la vraie question", juge-t-il, avant de souligner que "tout ce qui peut dresser les communautés les unes contre les autres, et en particulier les musulmans contre les autres, est détestable".

Au passage, à la question de savoir s'il a été choqué par le renvoi à Kaboul, mercredi, de neuf Afghans en situation irrégulière. "Dans la situation de l'Afghanistan, la tradition d'asile de la France souffre de ce genre d'opération", ajoute-t-il.

Les critiques de Villepin et Raffarin
D'autres anciens premiers ministres UMP se sont eux aussi récemment élevés contre la tenue du débat. Notamment Dominique de Villepin qui a estimé, mercredi 16 décembre, que le débat voulu par le ministre de l'Immigration et de l'Identité nationale, Eric Besson, est un "mauvais débat", susceptible de diviser les Français. Il a réclamé que le gouvernement y mette fin.

"Ce débat n'a pas de sens, c'est un faux débat qui n'aurait pas dû être ouvert dans les circonstances que traverse notre pays", a-t-il déclaré sur France 2. "Il faut carrément l'arrêter. Un mauvais débat, ça ne se suspend pas, ça s'arrête".

Plus modéré, le prédecesseur de Dominique de Villepin à Matignon, Jean-Pierre Raffarin -qui est aussi maintenant secrétaire général adjoint de l'UMP- a déclaré le 3 décembre sur Canal+ qu"il fallait "plus de rigueur intellectuelle dans la menée du débat" sur l"identité nationale jugeant que le gouvernement devait "évoluer sur ce sujet" et ne pas en faire un enjeu des régionales.

"La question de l"identité ça ne peut pas être une réflexion de comptoir", a-t-il également déclaré.

Sans demander l'arrêt du débat, le sénateur de la Vienne a demandé à ce qu'il "enjambe les élections régionales et s"élargisse".

Jean-Pierre Raffarin a souligné la "réalité" d'une identité française "métissée", et a également soulevé des identités que "nous avons à l'intérieur de nous-même". Il a cité les identités "locale, nationale, européenne".

"Le débat s'étalera jusqu'à fin 2010", selon Besson
"Dès le 4 janvier 2010, je présenterai publiquement la synthèse qualitative des 50.000 premières contributions et des 100 premières réunions locales", déclare le ministre de l'Immigration, Eric Besson, au Parisien.


"Je détaillerai le nouveau calendrier du débat, qui s'étalera jusqu'à fin 2010, bien au-delà des élections régionales. J'annoncerai de nouvelles initiatives", ajoute-t-il sans préciser la nature de ces initiatives.

Martine Aubry: "Il faut arrêter" le débat
De son côté, la première secrétaire du Parti socialiste, Martine Aubry, a renouvelé son appel à mettre fin au débat.

"Il faut bien sûr l'arrêter. Devant les nombreux dérapages, nous demandons à nouveau d'en finir avec ce débat, comme d'ailleurs de supprimer le ministère de l'Immigration et de l'Identité nationale, dont l'existence même fait honte à notre pays", déclare-t-elle au Parisien.

Selon elle, "à un moment où l'on devrait tout faire pour nous réunir dans ce que nous avons de commun, ce débat a pour objectif de diviser et d'opposer".

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