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L'agriculteur qui a abattu lundi un voleur de truffes présumé a été mis en examen pour "assassinat" mercredi soir

Lassé des vols de truffes, Laurent Rambaud, âgé de 32 ans et président des Jeunes agriculteurs de la Drôme, a abattu lundi à Grignan de deux coups de fusil un père de famille qu'il soupçonnait de lui dérober ses précieux champignons.Il a été mis en examen pour assassinat, c'est à dire meurtre avec préméditation, et placé en détention provisoire.
Article rédigé par France2.fr avec agences
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Les truffes, un précieux champignon parfumé qui se négocie autour de 800 euros le kilo (AFP - Jean-Pierre Muller)

Lassé des vols de truffes, Laurent Rambaud, âgé de 32 ans et président des Jeunes agriculteurs de la Drôme, a abattu lundi à Grignan de deux coups de fusil un père de famille qu'il soupçonnait de lui dérober ses précieux champignons.

Il a été mis en examen pour assassinat, c'est à dire meurtre avec préméditation, et placé en détention provisoire.

D'après les premiers éléments de l'enquête, Laurent Rambaud, qui faisait le guet armé d'un fusil à pompe, aurait tiré un premier coup dans les jambes et un second dans la tête de l'homme qui venait de s'aventurer sur ses terres.

"Le juge (d'instruction) a dû considérer que, quand on prend une arme capable de tuer pour aller guetter quelqu'un, on a l'intention de le faire", a précisé une source judiciaire mercredi soir.

La victime, qui n'était pas armée, portait sur elle un crochet utilisé pour extraire les truffes de la terre. Agé de 43 ans, l'homme était marié et père de deux enfants. Il résidait dans la commune voisine de Saint-Paul-Trois-Châteaux.

Le père du meurtrier présumé également mis en examen
Le père de Laurent Rambaud a également été mis en examen mercredi soir pour "modification de la scène de crime". Il est accusé d'avoir remplacé le fusil à pompe par un fusil de chasse classique. Et un ami de la famille est soupçonné d'avoir dissimulé le fusil à pompe chez lui. Tous deux ont été laissés en liberté.

Le fusil à pompe est une arme avec laquelle un coup peut difficilement partir seul, contrairement à un fusil de chasse classique.

L'enquête doit encore faire la lumière sur la présence avec la victime d'un éventuel chien chercheur de truffes, qui n'a pas été retrouvé. Doit également été vérifié si l'agriculteur a tiré avec ou sans sommation et si l'ADN de la victime se trouve bien sur le piochon à truffes.

Un champignon qui vaut de l'or
En cette période de fêtes, la truffe se négocie autour de 800 euros le kilo, selon Didier Chabert, ancien président du syndicat des trufficulteurs du Tricastin, "la plus grosse zone de production de France". Le précieux champignon parfumé fait aussi l'objet d'un juteux marché noir.

Soutien des trufficulteurs de la région
Le trufficulteur meurtrier a reçu le soutien des producteurs locaux. En signe de solidarité, 250 trufficulteurs se sont rassemblés mardi à Grignan et ont défilé dans les rues de la petite commune de 1.600 habitants de la Drôme provencale, épicentre de cette région productrice de truffes.

"On savait que ça allait arriver un jour. On savait qu'un jour il y aurait un drame", a estimé Didier Chabert. "Tous les ans, il y a des gens qui viennent voler. Plus particulièrement hier (lundi), nuit de pleine lune, où on voit comme en plein jour", a ajouté l'ex-président du syndicat des trufficulteurs du Tricastin, évoquant également des vols de chiens truffiers.

Dans un contexte de crise viticole, "la truffe est passée, pour les vignerons, du statut de revenu d'appoint à celui de nécessité", a-t-il encore expliqué. Or,"il faut quinze ans pour qu'une truffière produise, il faut dresser des chiens et la récolte est très aléatoire", a-t-il souligné. "C'est beaucoup de travail et beaucoup de patience pour les familles qui ne vivent que de ça".

L'ancien président du syndicat des trufficulteurs dit avoir rencontré Laurent Rambaud samedi dernier au marché aux truffes. "Il était traumatisé par les vols dans ses truffières, il m'en a parlé mais il n'aurait jamais dû partir seul et armé", a-t-il dit. "Nous connaissons les voleurs, ce sont toujours les mêmes, on les voit tourner". Pour autant, très peu de dépôts de plainte sont enregistrés.

"Pour assurer la sécurité de nos exploitations, il faut faire jouer la solidarité, aller à plusieurs dans les truffières et ne pas être armé", dit-il.

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