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Journées nationalistes de Corte : "Les conditions sont réunies pour un apaisement définitif en Corse"

Le rendez-vous réuni plusieurs régions et associations qui souhaitent leurs autonomies. 

Article rédigé par franceinfo - Édité par Thomas Pontillon
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3 min
GIlles Simeoni, le président du Conseil exécutif de Corse, le 28 juin 2018.  (PASCAL POCHARD-CASABIANCA / AFP)

Les journées nationalistes de Corte (Haute-Corse) rassemblent plusieurs organisations indépendantistes et des régions autonomistes qui expliquent vouloir s'émanciper. "Aujourd'hui toutes les conditions sont réunies pour construire un apaisement définitif en Corse", a déclaré samedi 4 août sur franceinfo, Gilles Simeoni, président du Conseil exécutif de Corse, à l'occasion de ce rendez-vous de Corte qui se tient samedi et dimanche en Corse. Pour obtenir cette "autonomie très large, nous avons besoin de l'État et pour l'instant l'État fait la sourde oreille" a-t-il estimé.

franceinfo : Qu'est-ce qui vous rassemble avec les Catalans et les Basques invités à ces journées de Corte ?

Gilles Simeoni : Je serai présent en qualité d'invité pour un débat public avec nos partenaires pour faire un point politique. Ce qui nous rapproche d'un certain nombre de peuples sans État, c'est effectivement la volonté de faire prendre en compte notre existence, notre langue, nos intérêts spécifiques selon des modalités différentes en fonction de la particularité des situations effectives. Elles ont un certain nombre de traits communs par rapport à l'histoire, au fait que nous avons été par le passé des nations et des États et qu'aujourd'hui, il y a cette aspiration des peuples qui souhaitent être reconnus. Cela peut prendre des formes institutionnelles différentes. On ne peut pas comparer le Pays Basque et la Catalogne d'un côté avec la Corse de l'autre.

Il y a un mois, les députés ont rejeté votre demande d'un statut d'autonomie. Comment expliquer ce manque de soutien dans ce combat ?

On a été trop peu soutenu à notre avis. On a eu par ailleurs des discussions très fructueuses, des votes en faveur de notre démarche. Il y a des solidarités à élargir et à renforcer. Ceci étant, la classe politique française reste majoritairement et profondément imprégnée d'une culture jacobine et la question corse n'est pas traitée avec l'attention qu'elle mériterait. Je crois que les choses ont évolué, car quand on regarde au sein de l'Union européenne, toutes les villes de Méditerranée bénéficient d'un statut d'autonomie de plein droit et de plein exercice. Ce qui apparaît ici comme une singularité est en fait un droit commun dans tous les grands pays d'Europe. Nous constatons que les Corses ont très majoritairement voté à 56% en faveur de la liste que je conduisais qui s'est clairement prononcée pour un statut d'autonomie de plein droit et de plein d'exercice, et que pour l'instant cette expression du suffrage universel est traité par le silence et par le mépris par Paris. C'est une situation qui n'est pas défendable sur le plan des principes

Sur la question de l'autonomie de la Corse, vous évoquez en parlant de l'exécutif d'un blocage politique. Qu'est-ce que cela signifie ?

Jusqu'à aujourd'hui, le dialogue que nous espérions et que nous continuons d'espérer construire avec le gouvernement et le président de la République, n'a pas eu lieu, faute de volonté politique du côté de Paris. C'est un constat et c'est une situation qui ne peut pas perdurer sauf à avoir des conséquences négatives que l'on commence à percevoir, parce que la Corse avait fondé beaucoup d'espoirs sur notre arrivée aux responsabilités. Si on ajoute à tout ça que le FLNC a décidé depuis plusieurs années de mettre un terme définitif à toutes activités clandestines, tous les feux sont au vert pour être dans une logique de dialogue. Nous y étions prêts, nous y restons prêts, et cela n'a pas été le cas de la part de l'État. C'est une situation qui est inquiétante. Le véritable problème c'est qu'il n'y a pas de volonté politique. J'ai l'impression que parce qu'il n'y a plus de violences, on considère qu'il n'y a plus de question corse à Paris. Je reste et je resterai farouchement un partisan de la démocratie, mais ce n'est pas parce qu'un problème est en voie d'être réglé qu'il faut le traiter par le mépris. Aujourd'hui toutes les conditions sont réunies pour construire un apaisement définitif en Corse, nous nous y employons tous les jours pour construire une véritable solution politique, une autonomie très large. Nous avons besoin de l'État et pour l'instant l'État fait la sourde oreille. Nous voulons tourner la page de cette logique de conflit et d'affrontement. La paix a vocation à être définitive aujourd'hui en Corse. Le gouvernement et l'État doivent contribuer de façon active à ces évolutions positives.

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