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Rapatriement de femmes et d'enfants depuis la Syrie : la France a changé de doctrine et écarte le cas par cas

La France a rapatrié dans la nuit de mercredi à jeudi 15 femmes et 40 enfants qui étaient retenus dans les camps de prisonniers jihadistes dans le nord-est de la Syrie.

Article rédigé par Christian Chesnot
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Le ministère des Affaires étrangères, à Paris, le 10 mars 2020. (VINCENT ISORE / MAXPPP)

La France, qui avait fait sienne la doctrine du cas par cas pour le rapatriement des femmes et enfants des camps de prisonniers djihadistes en Syrie, semble avoir changé d’approche. En témoigne, dans la nuit de mercredi à jeudi 20 octobre, le rapatriement d’un nouveau groupe d'enfants et de femmes qui avaient rejoint les territoires contrôlés par les organisations djihadistes pendant l'existence du Califat territorial de l'Etat islamique.

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Quinze femmes et 40 enfants qui étaient retenus dans les camps de prisonniers djihadistes dans le nord-est de la Syrie contrôlés par les forces kurdes sont ainsi arrivés dans la nuit à 3h30 à Villacoublay, près de Paris. Il s'agit de la plus grosse opération de rapatriement de ce type depuis trois mois. Parmi les mineurs se trouvent sept orphelins ou enfants isolés.

En juillet dernier, 16 mères et 35 mineurs avaient été transférés des camps de Syrie vers l'Hexagone. Debuit octobre, une femme et ses deux enfants ont été ramenés sur le sol national. Depuis le début de l'établissement des camps de prisonniers de jihadistes en 2019, la France a fait le choix de ne pas rapatrier ses ressortissants, alors que les Etats-Unis avaient proposé leur aide logistique. D'autres pays européens comme l'Allemagne, la Belgique, les Pays-Bas ou encore la Belgique ont, eux, mis en place des procédures de retour.

La position française était intenable

Les autorités françaises ont estimé à l'époque que ces rapatriements ne seraient pas compris par l'opinion publique, traumatisée par les attentats sur le territoire national, d’où une politique de retour au compte-goutte. Sauf qu'aujourd'hui, la France est sous pression : elle vient d'être condamnée par la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) pour ne pas avoir étudié de manière appropriée de deux femmes détenues en Syrie : la posture française devenait intenable.

Les deux camps principaux, gardés par les Kurdes, abritent encore environ 60 000 personnes. Il resterait encore une soixantaine de femmes et 150 enfants de nationalité française, dont certains sont nés en Syrie. Le Quai d'Orsay indique qu'il est prêt à envisager de nouveaux rapatriements, chaque fois que les conditions le permettraient.

En tout cas, le processus se fera de manière progressive pour solder ce dossier embarrassant pour la France afin qu'elle se mette en conformité avec le droit international. En ce qui concerne les jihadistes hommes, Paris considère que ceux-ci doivent être jugés là où ils ont commis leurs crimes. Ce sont les "durs des durs", les profils les plus dangereux, ils seraient encore près de 70 dans les geôles kurdes. Pour eux, le retour en France n'est pas pour demain.

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