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Le plan du gouvernement pour dissuader les candidats français au jihad

Après le lancement d'un numéro vert et l'adoption d'une loi pour renforcer la lutte contre le terrorisme, une campagne de communication doit être lancée début janvier. 

Article rédigé par Catherine Fournier
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve lors d'une conférence de presse à Paris le 13 novembre 2014.  (VILLARD / SIPA)

Le temps presse. Alors qu'un Français a été identifié sur une vidéo d'exécution massive d'otages par le groupe Etat islamique, lundi 17 novembre, et que la justice enquête sur la présence probable d'un deuxième ressortissant françaisle gouvernement de Manuel Valls tente d'endiguer le flux des candidats français au jihad en Syrie et en Irak. Mais il faudra attendre janvier 2015 pour découvrir la campagne de communication du ministère de l'Intérieur, visant à dissuader ces jeunes radicalisés de partir.

Il s'agit de la nouvelle étape d'un plan initié en avril dernier, avec le lancement d'un numéro vert pour les familles. Francetv info en détaille les grands axes. 

Une campagne de communication sur internet pour "ouvrir les yeux" des jeunes

"J'appelle solennellement et avec gravité tous nos compatriotes et particulièrement les plus jeunes, qui sont la cible privilégiée de la propagande terroriste, à ouvrir les yeux sur la terrible réalité des actions de Daech." Le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, s'est adressé directement aux potentiels candidats au jihad, lundi, au lendemain de la découverte de la vidéo meurtrière du groupe Etat islamique.

Selon un rapport du Centre de prévention contre les dérives sectaires liées à l’islam, relayé le même jour, les 15-21 ans sont la tranche d’âge la plus touchée (63%) et internet est le mode d’endoctrinement repéré dans 91% des cas. Le gouvernement compte donc atteindre ces cibles avec une campagne de "contre-discours" qui devrait être lancée, selon Le Figaro, début 2015. Elle devrait prendre la forme de vidéos diffusées sur le web et consistera, précise le quotidien, en la diffusion de "témoignages de familles dénonçant l'embrigadement de leur enfant ou de jeunes femmes qui ont ouvert les yeux après avoir été fascinées par un soi-disant engagement humanitaire en Syrie"

"Avec ses homologues européens, le ministre Bernard Cazeneuve tente aussi de sensibiliser les grands opérateurs du web, Google, Facebook, Microsoft, Twitter... aux dégâts du jihad numérique", ajoute le journal. 

Une campagne de sensibilisation devrait également être menée au sein de l'Education nationale, "où plusieurs inspecteurs seront formés pour prévenir toute forme de radicalisation", indique France Inter.

Un numéro vert pour éviter leur départ en Syrie

Fin avril, un numéro vert (0800 005 696) a été mis à la disposition des familles et des proches de jeunes radicalisés afin qu'ils puissent prévenir les services de police de leurs doutes, d'un départ ou d'un départ imminent.
 
En incluant les signalements par mail et via un site internet dédié mis en place en même temps, 625 signalements "pertinents et avérés" ont été recencés, selon un bilan établi au 4 novembre. Ces signalements ont permis d'éviter "70-80 départs pour la Syrie", souligne Bernard Cazeneuve.
 
Dans le cadre de la loi renforçant la lutte contre le terrorisme, publiée au Journal officiel mi-novembre, le ministre de l'Intérieur peut en effet interdire la sortie du territoire à un Français dont il soupçonne qu'il "projette des déplacements à l'étranger ayant pour objet la participation à des activités terroristes, des crimes de guerre ou des crimes contre l'humanité ou sur un théâtre d'opération [...] dans les conditions susceptibles de le conduire à porter atteinte à la sécurité publique lors de son retour sur le territoire français."
 
L’interdiction est valable pendant six mois et peut être renouvelée si elle est violée. La peine maximum encourue est de trois ans de prison et 45 000 euros d'amende.

Une prise en charge judiciaire des jihadistes à leur retour 

Un volet répression s'ajoute au plan d'action du gouvernement, qui peut, du reste, également dissuader ceux qui seraient tentés de rejoindre les rangs des terroristes islamistes. Sur le millier de Français impliqués dans le jihad en Syrie - l'un des contingents occidentaux les plus importants - 138 personnes, de retour en France, ont été interpellées, comme le rapporte Bernard Cazeneuve sur France 2 mardi. 
 
 
Au total, 109 de ces individus ont été mis en examen par les magistrats du pôle antiterroriste du Tribunal de grande instance de Paris et 76 ont été placés en détention provisoire. Ils "sont revenus sur le territoire national" et ils ont été "empêchés de nuire par l'action de la police et de la justice", ajoute le ministre de l'Intérieur. Selon les autorités, cinq attentats ont ainsi été évités en France ces derniers mois.

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