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Jean-Marc Ayrault officiellement nommé Premier ministre

Le député-maire de Nantes, qui n'a jamais été ministre, succède à François Fillon à Matignon.

Article rédigé par Bastien Hugues
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Jean-Marc Ayrault participe à une commémoration de l'abolition de l'esclavage, le 11 mai 2012 à Nantes (Loire-Atlantique). (SEBASTIEN SALOM-GOMIS / SIPA)

Un proche, mais pas un intime. Un peu plus d'une semaine après son élection à la présidence de la République, François Hollande a choisi de nommer à Matignon le député-maire PS de Nantes, Jean-Marc Ayrault, qui faisait figure de grand favori pour le poste. Un homme politique placide, entré à l'Assemblée nationale il y a plus de vingt-cinq ans mais qui n'avait jamais été ministre auparavant.

Fils d'un ouvrier et d'une couturière, Jean-Marc Ayrault fait figure de pur produit de la méritocratie républicaine. Originaire de Maulévrier (Maine-et-Loire), il rejoint au début des années 1970 Saint-Herblain et la banlieue nantaise, où il devient professeur d'allemand. Au Parti socialiste, qu'il rejoint en 1972, Ayrault milite d'abord pour un "marxisme intransigeant", selon son biographe Alain Besson. Il va alors gravir un à un les échelons politiques.

Elu en 1976 conseiller général à l'âge de 26 ans, il devient l'année suivante maire de Saint-Herblain, et est alors le plus jeune édile d'une commune de plus de 30 000 habitants. Continuant son ascension au sein du PS - dont il rejoint le bureau national en 1981 -, il devient député de Loire-Atlantique en 1986, maire de Nantes en 1989, et patron des députés socialistes en 1997. Trois postes qu'il occupait encore mardi matin, avant d'être nommé à Matignon.

"Un Fillon de gauche"

Peu connu du grand public, Jean-Marc Ayrault renvoie l'image d'un homme austère et réservé. "Un Fillon de gauche", résument certains observateurs. "Jean-Marc partage avec François Fillon une certaine discrétion sur lui-même, confirme le député François Brottes, son bras droit au groupe socialiste à l'Assemblée. Mais de là à le décrire comme quelqu'un d'austère, non ! C'est quelqu'un qui est très attentif à l'humain, qui sait écouter, faire preuve de psychologie. Tout sauf bling-bling, c'est clair !" Pour preuve, ses proches s'amusent de le voir encore s'évader quelques fois au volant de son camping-car pour des vacances en famille, ou de son mythique combi Volkswagen, un vieil engin acquis à la fin des années 1980.

Jean-Marc Ayrault et François Hollande discutent lors d'une séance de questions au gouvernement, le 15 novembre 2005 à l'Assemblée. ( REUTERS)

"C'est quelqu'un d'un peu réservé, mais ni austère ni froid, assure le député landais Alain Vidalies, qui le connaît depuis les années 1970. Quelqu'un qui sait faire preuve de beaucoup de calme et d'un fort esprit de synthèse." Toujours proche de François Hollande, Ayrault n'a jamais tenu à s'enfermer dans un courant. "Il a toujours privilégié le rassemblement au sectarisme", ajoute François Brottes.

A Nantes, ses détracteurs ne disent pas la même chose. Dans Le Parisien (article payant), ses opposants UMP, Sophie Jozan et Julien Bainvel, dénoncent un "système Ayrault" : "Il a placé ses gars à tous les postes clés, il a verrouillé le système associatif, sous perfusion. Peu à peu, la toile s'agrandit." Au conseil municipal, "c'est le vote Playmobil : tout le monde vote pareil, personne ne conteste rien. Jean-Marc Ayrault fait régner ce type de comportement", déplore également l'élue MoDem Isabelle Loirat, interrogée sur Europe 1. Qu'elle plaise ou non, la méthode semble en tout cas fonctionner : avec Aix-en-Provence, Nantes est la ville française qui arrive le plus souvent en tête des palmarès des villes où il fait bon vivre.

Une condamnation et pas d'expérience ministérielle

Ses handicaps ? Une condamnation en 1997 pour favoritisme, effacée de son casier judiciaire en 2007, mais que la droite n'a pas hésité à rappeler ces derniers jours en le voyant donné favori pour Matignon. "Ma probité personnelle n'a jamais été mise en cause. Il n'a jamais été question d'enrichissement personnel ou de financement politique", a balayé Jean-Marc Ayrault. 

Autre handicap, plus concret : comme François Hollande, Jean-Marc Ayrault n'a jamais exercé de fonction ministérielle. Ses proches tentent d'y voir un atout : "Cela évite de s'enfermer dans des plis qu'on aimerait retrouver, dans un costume qu'on a déjà porté. Cela permettra peut-être de renouveler l'exercice de la fonction", estiment François Brottes et Alain Vidalies. "Franchement, rien ne dit que les meilleurs ministres sont ceux qui avaient de l'expérience ministérielle !"

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