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Violence à l'école : "La question des moyens est au cœur du problème"

Un enseignant du collège Elsa Triolet, à Saint-Denis, dénonce un "désengagement de l'État" après qu'une de ses collègues a été braquée jeudi dans sa classe.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Les personnels du collège Elsa-Triolet de Saint-Denis (Seine-Saint-Denis) se sont mis en grève vendredi, après l'agression d'une enseignante jeudi. Photo d'illustration.  (ALEXANDRE MARCHI /NCY / MAXPPP)

Les personnels du collège Elsa Triolet, à Saint-Denis, ont appelé les parents, les élèves et les enseignants du département à manifester samedi sur le parvis de la basilique de Saint-Denis, après qu'une de leur collègue a été braquée jeudi dans sa classe. Elle faisait cours quand des jeunes ont fait irruption et lui ont tiré dessus avec un pistolet à billes. "C'est un climat général qui se dégrade à Saint-Denis et dans le département", estime sur franceinfo l'un de ses collègues, qui témoigne de manière anonyme. "On ne peut que constater un désengagement de l'État", selon lui. 

"Ces évènements sont d'une gravité extrême", s'alarme cet enseignant. Une intrusion dans un établissement scolaire, "ce n'est pas forcément fréquent", dit-il mais cela représente bien le "le climat général qui se dégrade à Saint-Denis et dans le département".

Nos élèves sont les premières victimes au quotidien de ce climat de violence. Ça représente l'abandon du territoire, du département de Seine-Saint-Denis.

Un enseignant du collège Elsa Triolet

à franceinfo

"Nous, on œuvre tous les jours pour apaiser le climat scolaire, pour que nos élèves se sentent bien dans leur collège, qu'il soit ouvert sur le quartier, que les parents y soient les bienvenus", explique l'enseignant. "Mais quand on voit l'état des services publics, que ce soit au niveau de la Santé, de la protection de l'enfance, de la protection judiciaire ou de l'ASE mais aussi de la MDPH (Maison départementale pour le handicap), qui sont totalement engorgés, saturés, on ne peut que constater un désengagement de l'État", déplore-t-il.

"Nous, on veut faire des actions de prévention"

"Un assistant d'éducation pour 89 élèves […] deux CPE pour 578 élèves", ne permettent pas "un suivi et un accompagnement serein de tous les élèves", insiste l'enseignant qui ne croit pas en l'installation de portiques de sécurité ou de fouilles pour endiguer la violence. "Les établissements scolaires ne doivent pas devenir des bunkers ni des prisons", dit-il. "Nous, on veut faire des actions de prévention, on a besoin d'avoir du temps pour se mettre en relation avec les associations de quartiers, avec les médiateurs, avec les éducateurs. La question des moyens est au cœur du problème", résume-t-il.

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