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Ce que l'on sait de l'opération de police lancée à Paris après une fausse alerte attentat

Des dizaines de policiers ont été mobilisés et le quartier touristique et commerçant des Halles a été bouclé samedi après-midi.

Article rédigé par franceinfo
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Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6 min
Vaste opération de police rue Saint-Denis le 17 septembre 2016 après une fausse alerte attentat. (MAXPPP)

Une rumeur, un mouvement de panique, un appel à la police et finalement une fausse alerte. La crainte d'une prise d'otages dans une église, sur fond de menace terroriste en France, a conduit à une vaste opération de police en plein cœur de Paris, samedi 17 septembre après-midi.

L'église Saint-Leu, située rue Saint-Denis, dans le 1er arrondissment parisien, non loin de la place du Châtelet et du centre commercial des Halles, un quartier commerçant et touristique, très fréquenté le week-end, s'est trouvée au centre de cette intervention policière. Voici ce que l'on sait de l'affaire.

15h39 : un appel à la police à propos d'une possible prise d'otages dans une église

"De ce que nous comprenons à ce stade, il y aurait eu un mouvement de foule dans la rue, qui aurait conduit des personnes à se confiner dans l'église et provoqué l'alerte", a expliqué le directeur du cabinet du préfet de police, Patrice Latron, lors d'un point presse organisé près de la zone d'intervention, samedi en fin d'après-midi.

"A 15h39 les services de police ont reçu un appel faisant état d'une possible prise d'otages en cours à l'église Saint-Leu", ajoute le porte-parole du ministère de l'Intérieur, Pierre-Henry Brandet, présent à ce point de presse.

A ce moment là, sur les réseaux sociaux, les internautes évoquent - pêle-mêle et avec ou sans conditionnel - un "mouvement de panique" et des gens qui courent dans le secteur des Halles et du Châtelet, un "attentat" ou une "prise d'otages".

16h : des dizaines de policiers et la BRI déployés, le quartier bouclé

"Immédiatement l'alerte est donnée et les premiers effectifs de police arrivent sur les lieux et sont rejoints très rapidement par des effectifs de la BRI [la Brigade de recherche et d'intervention]. Le quartier a été bouclé et un périmètre de sécurité a été installé", indique le porte-parole du ministère de l'Intérieur.

Selon le porte-parole du ministère de l'Intérieur, cité par le JDD, dimanche, les policiers de la BRI arrivent sur place "moins de vingt minutes" après l'appel téléphonique. Les portes de l'église Saint-Leu sont alors fermées, selon lui. "Pas question de prendre le moindre risque" dans ces conditions, argue-t-il.

Des soldats de l'opération Sentinelle viennent même prêter main forte aux policiers et un hélicoptère de la Sécurité civile survole la zone, selon Le Parisien, dimanche. "Des policiers armés sont entrés dans mon immeuble et ressortis", a raconté à l'AFP un riverain, sous couvert d'anonymat. "Je suis descendu dans la rue, tout était bouclé et des policiers armés étaient postés au coin de l'église, ils nous ont crié de rentrer chez nous."

16h14 : une "alerte attentat" envoyée via l'application SAIP

A 16h14, les autorités envoient un message avertissant d'une "alerte attentat" via l'application gouvernementale pour smartphone SAIP (Système d'alerte et d'information aux populations). Le message conseille aussi de s'abriter et de ne pas s'exposer.

A 16h23, la préfecture de police confirme sur son compte Twitter qu'il y a une "intervention en cours" et appelle les Parisiens à "éviter le secteur", sans préciser le motif de cette opération.

16h48 : "fausse alerte", "aucun danger à signaler"

A 16h48, la préfecture de police de Paris annonce finalement sur son compte Twitter que l'opération de police est terminée, qu'elle a permis de lever tout doute et qu'il n'y a "aucun danger à signaler"

Un peu plus tôt, le prêtre et les autres personnes qui se trouvaient dans l'église en sont sorties les mains en l'air. Les hommes de la BRI ont ensuite investi les lieux. Et, au bout d'"environ une heure", les policiers ont constaté qu'il n'y avait aucun danger, ont relaté les autorités.

"C'est bien une fausse alerte qui a entraîné l'intervention des forces de l'ordre cet après-midi dans une église de la rue Saint-Denis à Paris", confirme dans la foulée le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve dans un communiqué.

Un membre de l'association Orgues de Saint-Leu, qui guidait des visiteurs venus à l'occasion des Journées du patrimoine raconte au JDD l'événement tel qu'il a été vécu depuis l'intérieur de l'église : "On a ­entendu crier au-dehors. Des personnes couraient dans la rue. Nous avons vu des policiers avec des boucliers comme lors de la manifestation de jeudi contre la loi travail. On a pensé à des casseurs. Du coup, on a fermé les portes. Nous avons poursuivi la visite. Puis j'ai passé une tête à l'extérieur. Deux militaires nous braquaient. Nous avons voulu faire sortir une personne par derrière. Mais là aussi, on a vu des policiers lourdement armés. On entendait un hélicoptère. On s'est dit : 'Tout le quartier est à feu et à sang. On a finalement été contactés par la police qui a appelé sur le fixe de la paroisse'."

"On n'y comprenait plus rien", confirme un paroissien, interrogé par Le Parisien. "D'abord, j'ai pensé qu'il y avait une prise d'otages ailleurs dans le quartier, et qu'on nous confinait par mesure de sûreté. Puis j'ai compris qu'ils pensaient que la prise d'otages avait lieu ici même !"

Une enquête ouverte

Le parquet de Paris a ouvert une enquête judiciaire pour "dénonciation de crime imaginaire" et "divulgation de fausses informations afin de faire croire à une destruction dangereuse", indique une source judiciaire de l'AFP, dimanche. Selon elle, "les enquêteurs cherchent à déterminer les conditions dans lesquelles cette alerte a été donnée et s'orientent vers une fausse alerte malveillante". Les enquêteurs penchent pour la thèse d'un acte malveillant.

"C'était vraisemblablement un canular", estime également, interrogé par le JDDle père Hétier, qui se trouvait dans l'église Saint-Leu au moment des faits. Quant à l'"alerte attentat" envoyée sur l'application SAIP, ce système "a été immédiatement déclenché", "par précaution", justifie le ministre de l'Intérieur dans son communiqué.

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