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Handicap International alerte sur les bombardements dans les zones peuplées où "92% des victimes sont des civils"

L'ONG organise une journée de mobilisation à Paris pour dénoncer les bombardements dans les zones peuplées en Irak, en Syrie ou encore au Yémen. 

Article rédigé par franceinfo - Édité par Thomas Pontillon
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Comme chaque année, l'ONG Handicap International réalise une pyramide de chaussures pour dénoncer les mines dans le monde, comme ici en 2017.  (STR / AFP)

L'ONG Handicap International organise sa 24e pyramide de chaussures pour attirer l'attention sur les victimes civiles de bombardements. "Quand on bombarde dans une zone peuplée, 92% des victimes sont des civils", explique sur franceinfo samedi 29 septembre Philippe Chabasse, médecin, co-fondateur du réseau de la Campagne Internationale pour Interdire les Mines. Il est aussi l'auteur d'Humanitaire – Une vie d’actions, dont un euro est reversé à l’association sur chaque exemplaire vendu.

franceinfo : Quels sont les pays touchés par ces bombardements ?

Philippe Chabasse : Il y en a en Irak, au Yémen et en Syrie. Ce sont sur ces pays-là que nous sommes focalisés. Quels que soient les intervenants, ce sont les civils qui sont les plus touchés. Quand on bombarde pour aller chercher quelques poches de résistance dans une zone peuplée, 92% des victimes sont des civils.

À l'origine, la pyramide de chaussures a été créée pour lutter contre les mines antipersonnel. Est-ce un phénomène contre lequel on n'a plus à lutter ?

On en est presque débarrassé. Il y a eu un traité pour l'interdiction des mines antipersonnel en 1997, pour lequel Handicap International a été l'un des instruments importants, et il ne reste que des utilisations marginales. Les stocks ont été détruits, il n'y a plus de commerces, donc l'interdiction des mines antipersonnel montre qu'on peut faire quelque chose, que la mobilisation des citoyens est utile contre la prolifération d'une arme.

Qu'est-ce qui a changé sur le terrain depuis 30 ans ?

Fondamentalement, il y a deux choses qui ont changé. Le contexte international, beaucoup plus rigide. Ce à quoi on assiste aujourd'hui c'est le délitement progressif d'un siècle et demi de droit international humanitaire. Aujourd'hui, on a l'impression que l'on peut pratiquement tout faire, il n'y a plus de règles à la guerre, y compris le bombardement des civils. Si ce qui se passe aujourd'hui au Yémen et en Syrie n'est pas arrêté rapidement, je pense que c'est tout cet équilibre qui risque de s'écrouler. La guerre peut avoir des raisons, mais on ne peut pas faire n'importe quoi.

SOS Méditerranée a des relations difficiles avec les pouvoirs publics. Est-ce le cas en général ?

Tout à fait. Il y a 30 ans, les ONG étaient méconnues, on était un peu les petits empêcheurs de tourner en rond, mais pas trop inquiétants. Aujourd'hui, les ONG et derrière elles, la mobilisation des citoyens, c'est quelque chose qui compte et qui commence à heureusement gêner les pouvoirs publics. Ce qui se passe avec SOS Méditerranée est aussi le signe que si les citoyens ne se mobilisent pas on va être condamnés à des décisions qui n'ont pas de sens sur le plan humain. La mobilisation existe, il faut arriver à la fédérer.

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