Des crèches à moitié vides en Mayenne, des petits Parisiens sans mode de garde
Une note du Conseil d'analyse stratégique souligne la mauvaise répartition des crèches sur le territoire et le manque de place à l'échelle nationale.
Des crèches à moitié vides ? Difficile à croire pour de jeunes parents parisiens. C'est pourtant le cas dans certaines régions françaises. Une note du Conseil d'analyse stratégique (CAS) publiée mardi 10 janvier souligne la mauvaise répartition des crèches sur le territoire. A l'échelle nationale, il manque plusieurs centaines de milliers de places pour satisfaire la demande.
La France compte 2,4 millions d'enfants de moins de 3 ans. La plupart (63 %) sont gardés par leurs parents, les autres par une assistante maternelle (18 %) et en accueil collectif (10%), selon les chiffres ministériels. Mais pour certains, le choix est contraint : un rapport parlementaire de 2008 cité par le CAS estimait qu'il manquait entre 300 000 et 500 000 places d'accueil collectif ou individuel.
Un rythme de création de places insuffisant
L'effort des pouvoirs publics est réel : le nombre de places disponibles pour 100 enfants de moins de 3 ans était de 42 en 2004, il "devrait être supérieur à 50" fin 2012, selon l'institution. "Le nombre de places en accueil collectif est passé de 295 929 en 1999 à 357 003 en 2009", détaille le CAS.
Mais cela reste insuffisant. Comme l'expliquait en 2008 la députée (UMP) Michèle Tabarot, "l’écart est considérable entre le rythme de croissance actuel [des créations de places] et celui qu’il faudrait atteindre pour répondre à la demande". D'autant que la diminution des postes d'enseignants a fait chuter le nombre d'enfants de moins de 3 ans scolarisés en maternelle (de 35 % en 2000 à 14 % en 2010). Et des dizaines de milliers de "nounous" partiront en retraite ces prochaines années...
De fortes inégalités selon les territoires
Surtout, "la couverture en accueil collectif reste très hétérogène. Elle varie entre 4,3 et 38,3 places pour 100 enfants de moins de 3 ans en fonction des départements", poursuit le CAS.
Du coup, si trouver une place en région parisienne relève souvent du casse-tête, certaines crèches de France sont à moitié vide (le taux moyen de remplissage tourne aux alentours de 60 %). Et "dans certains départements ruraux comme en Mayenne par exemple, certaines assistantes maternelles ne trouvent pas d'enfants à garder", confirme Sandra Onyszko, de l'Unafaam (fédération d'assistants maternels et familiaux).
A Paris, c'est l'inverse : trouver une place en crèche ou une assistante maternelle agréée relève souvent du chemin de croix. Certains facteurs rendent difficile d'optimiser les modes de garde. Par exemple, "les logements étant plus petits, [les assistantes maternelles] sont souvent agréées pour un ou deux enfants" au lieu de quatre au maximum, note Mme Onyszko.
Le CAS prône la fixation d'objectifs chiffrés via des "schémas départementaux obligatoires" de développement de l'offre. Il recommande de moduler en fonction des besoins les aides publiques à la création de places.
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