Faute de s'être rendu à leur congrès, le chef de l'Etat a convié plus de 700 maires à l'Elysée
Nicolas Sarkozy leur a assuré que s'il n'était pas venu, ce n'était pas pour éviter leur colère sur la réforme des collectivités locales.
"Je voulais vous présenter mes excuses parce que mardi et mercredi j'étais en Arabie saoudite et au Qatar. Je n'ai donc pas pu (...) venir à votre congrès", a déclaré M. Sarkozy devant les élus.
"Ce n'est pas mon genre de ne pas faire face à mes responsabilités"
"Sachez que je le regrette, même si le Premier ministre (François Fillon) y a été et s'est expliqué avec beaucoup de clarté et je l'en remercie", a poursuivi le président devant le chef du gouvernement.
"Je tenais absolument à vous rencontrer aujourd'hui parce que nous avons engagé une réforme majeure et ce n'est pas mon genre de ne pas faire face à mes responsabilités", a aussi indiqué Nicolas Sarkozy en réponse à ceux qui l'ont accusé de ne pas s'être rendu au congrès des maires de France pour éviter la colère des élus hostiles à sa réforme, à droite comme à gauche.
"Le congrès des maires, j'ai toujours vu que c'était difficile. Je n'ai jamais vu un congrès des maires où on dit ah, c'est une promenade de santé pour le gouvernement. Si le congrès des maires c'était facile, tous les présidents de la République y auraient été", a-t-il relevé sous les applaudissements d'une large partie de la salle.
"J'ai été élu pour affronter les problèmes et tenter de les résoudre, c'est pour ça que j'ai été élu, et j'irai absolument jusqu'au bout", a-t-il insisté. "L'axe central de l'action du gouvernement c'est la modernisation de la France (...) la France doit se délester de ce qui aujourd'hui la retarde".
Les maires de gauche ont décliné l'invitation
La plupart des élus ont été déçus que le président Nicolas Sarkozy ne soit pas venu leur présenter les grandes lignes des réformes. A la place, il a invité 700 d'entre eux, membres des associations départementales des maires, à l'Elysée pour une séance de questions-réponses.
Une invitation rejetée par la plupart des élus de gauche.
"Remplacer sa présence au congrès des maires de France par une invitation sous les lambris élyséens pour quelques centaines de privilégiés ne saurait tenir compte de débat démocratique", a estimé le secrétaire général de l'AMF, l'ancien ministre socialiste André Laignel. Mardi, le chef de l'Etat était en déplacement en Arabie saoudite.
Jeudi, à l'issue de trois jours de congrès, les maires sont restés inquiets et perplexes à propos des projets de réforme territoriale et de suppression de la taxe professionnelle, alors que le Premier ministre François Fillon suivi d'une vingtaine de ministres ont pourtant tenté de les rassurer.
Des réformes "pas acceptables"
Au terme de leurs travaux, les maires ont adopté une résolution finale dans laquelle ils estiment "que ces deux réformes, en l'état actuel des textes présentés au Parlement, ne sont pas acceptables".
"Le congrès considère que l'année 2010 devra être mise à profit pour rechercher l'indispensable consensus républicain sur les deux réformes engagées par le gouvernement", ajoute la résolution adoptée par les participants au congrès, qui étaient plus de 12.000.
Soulignant que l'Association des maires de France (AMF), organisatrice du congrès, est l'"interlocuteur légitime" du gouvernement, son président, Jacques Pélissard a estimé avoir déjà obtenu satisfaction sur plusieurs points de la part de François Fillon, qui avait ouvert la manifestation mardi.
La résolution demande en particulier que le texte sur les compétences des collectivités "soit connu avant le vote de la réforme territoriale". Sur la taxe professionnelle, les maires demandent le report à 2010 du vote définitif par le Parlement du nouvel impôt économique qui la remplacera.
Clôturant le congrès, M. Hortefeux a assuré que "sur un rendez-vous institutionnel aussi majeur que la réforme des collectivités locales, le dialogue se poursuivra, notamment au Parlement". "Nous ne sommes pas figés", a-t-il dit, ajoutant que le gouvernement est "désireux d'écouter", et "procéder lorsque c'est nécessaire aux ajustements juridiques qui s'imposent".
Sur la clarification des compétences, "qui est absolument fondamentale", le projet maintient aux communes la clause de compétence générale, qui permet à une collectivité d'intervenir dans tous les domaines, a-t-il rappelé.
Un second texte sur les compétences des départements et des régions sera préparé par un travail associant courant 2010 gouvernement, parlementaires, et associations d'élus, a annoncé le ministre.
"Clause de revoyure"
Sur les finances locales, M. Hortefeux a rappelé que M. Fillon avait annoncé que le gouvernement est favorable au principe d'une "clause de revoyure" en 2010 pour ajuster la réforme de la taxe professionnelle et la répartition du nouveau panier de ressources des collectivités locales.
L'intervention de M. Fillon, conspué l'an dernier au sujet de l'application du système minimum d'accueil des élèves par les communes, promettait d'être chaude. Beaucoup d'élus de gauche rejetant les réformes avaient promis de manifester leur mécontentement. Mais après avoir été sifflé à son arrivée, M. Fillon a pu prononcer un discours de près d'une heure, très technique, sans difficulté.
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