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Dîner annuel du Crif : les précédents temps forts

Rendez-vous symbolique, le repas du Conseil représentatif des institutions juives de France a toujours attiré les dirigeants politiques. Rétrospective en quatre moments marquants, de Juppé en 1997 à Fillon en 2010.

Article rédigé par Vincent Matalon, Salomé Legrand
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Nicolas Sarkozy lors du dîner annuel du Crif, au pavillon d'Armenonville, à Paris, le 9 février 2011. (ERIC FEFERBERG / AFP)

Six cents personnes, 700, 1 000... Chaque année, le dîner annuel du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) attire de plus en plus de convives, dont un lot chaque fois plus important de personnalités politiques. Un "symbole" pour se placer "du bon côté de l’histoire", estime Samuel Ghiles-Meilhac, historien et sociologue spécialiste des juifs de France. Et un moment privilégié pour célébrer la mémoire de la Shoah, et plus généralement le devoir de mémoire.

L’occasion surtout de faire des annonces ou des déclarations marquantes. Retour sur les derniers temps forts de ce rendez-vous politico-mondain.

• 1997 : Alain Juppé et la spoliation des juifs

C’est l’une des premières grandes déclarations faites au cours du dîner annuel du Crif, créé en 1985. Alain Juppé, alors Premier ministre, annonce la création d’une mission d’étude sur la spoliation des biens des juifs en France de 1940 à 1944. Elle vise à dresser, à partir des fonds d’archives, un inventaire des biens confisqués au cours des spoliations organisées dans le cadre de la législation de Vichy et de ce qui a pu être restitué depuis la Libération.

Plus connue sous le nom de mission Mattéoli, elle entraînera la création d’une commission chargée d’étudier les demandes individuelles. Puis elle aboutira à la polémique sur l'indemnisation des orphelins de la Shoah. 

• 2000 : Lionel Jospin et la guerre d’Algérie

Invité d’honneur pour la quatrième fois consécutive, Lionel Jospin délivre en novembre 2000 un discours de plus d’une demi-heure ponctué de références au passé et à l'histoire. Et, s’il n’oublie pas d’évoquer le Proche-Orient, le Premier ministre s’attarde sur un autre aspect du devoir de mémoire français. Au nom du "travail de lucidité", il estime que le pays doit "veiller à ce que d'autres moments sombres de [son] histoire fassent l'objet du même effort". Et appuie l'appel à la condamnation de la torture pendant la guerre d'Algérie, comme le rappelle Libération.

• 2008 : Nicolas Sarkozy et la mémoire des enfants déportés

Le mercredi 13 février 2008 est un petit évènement, puisque Nicolas Sarkozy devient le premier président de la République à se rendre au dîner annuel du Crif. Le chef de l'Etat est alors particulièrement attendu sur la laïcité. Quelques semaines plus tôt, il s'est en effet rendu au Vatican, d'où il a prononcé le "discours du Latran". Il y exposait sa conception des rapports entre la République et les cultes. "Les racines de la France sont essentiellement chrétiennes", avait-il martelé.

Mais devant le Crif et après plus de 40 minutes de discours, Nicolas Sarkozy fait une annonce inattendue : "A partir de la rentrée scolaire 2008, tous les enfants de CM2 se verront confier la mémoire d'un des 11 000 enfants français victimes de la Shoah."

L'idée est très mal accueillie. L'ancienne ministre Simone Veil, qui a pourtant soutenu le candidat Sarkozy lors de la campagne, juge la proposition "dramatique" et "injuste". Enseignants et parents d'élèves s'inquiètent, et l'opinion publique rejette le projet en masse. En juin, il est abandonné.

• 2010 : François Fillon et la double diplomatie

"La sécurité d'Israël est pour la France une priorité absolue", déclare le Premier ministre le 3 février 2010, alors que le régime iranien renouvelle régulièrement ses menaces de détruire l’Etat hébreu.

"Le temps presse" pour "empêcher, par la voie politique, l'Iran d'acquérir une capacité nucléaire militaire", estime François Fillon, qui ne se contente pas de rassurer son auditoire quant à la politique extérieure de la France. Il s’engage aussi, comme le réclame la communauté juive, à rendre possible l'ouverture au public du procès en appel des assassins d'Ilan Halimi. Un jeune homme séquestré, torturé et tué en janvier 2006 parce qu'il était juif, donc supposé riche par ses agresseurs. 

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