Des milliers de policiers ont manifesté jeudi en France pour dénoncer la "culture du chiffre" et la baisse des effectifs
Ils étaient de 2.000 à 2.500, selon la direction générale de la police, 5.000 à 6.000, selon les organisateurs.
A l'appel de l'Union SGP-Unité police, premier syndicat de gardiens de la paix, ils ont distribué des tracts devant les gares et les préfectures pour alerter l'opinion sur "l'entreprise de démolition du service public police nationale".
A Paris, 2.000 policiers, selon les organisateurs, ont défilé à Bercy, sous les fenêtres du ministère de l'Economie.
"La coupe est pleine. Les policiers sont les premières victimes de la 'religion du chiffre', des discours politiques bien trop éloignés de la réalité, d'une exposition permamente aux violences", assure Nicolas Comte, secrétaire général du syndicat de policiers. Le syndicaliste dénonce en outre la baisse des effectifs décidée par le gouvernement dans le cadre de la Révision générale des politiques publiques (RGPP).
En pleine polémique sur les gardes à vue, qui se multiplient sous la pression de la hiérarchie, elle-même soumise à la culture des statistiques, les policiers se plaignent de devoir fournir toujours plus de résultats sans que les moyens suivent. Selon Eric Sabos, responsable départemental d'Unité Police, 8.000 postes seront supprimés dans la police d'ici 2010.
Les policiers se plaignent aussi que leurs salaires sont bloqués depuis des années.
Des distributions de tracts et des rassemblements ont eu lieu jeudi à Lyon, Marseille, Lille, Bordeaux, Brest et Strasbourg, notamment, selon l'Union SGP-Unité police. A Toulouse, près de 400 policiers avaient anticipé la mobilisation en se réunissant mercredi devant le commissariat central.
La "Lettre aux citoyens" distribuée dans les gares souligne qu'en 2004, un accord signé par les syndicats prévoyait 108.000 postes de gradés et gardiens en 2012. Or, selon le syndicat, les effectifs seront ramenés à 100.000 policiers en 2012.
Le collectif Banlieues Respect, qui regroupe une centaine d'associations impliquées dans l'action au sein des quartiers difficiles, a exprimé dans un communiqué sa "satisfaction" devant la journée d'action des policiers contre "la religion du chiffre", estimant que sa remise en cause par un syndicat de policiers était un événement important pour "éviter l'aggravation des tensions" et pour "améliorer les rapports dans les banlieues.
Nicolas Sarkozy a récemment appelé le ministre de l'Intérieur, Brice Hortefeux, à redresser la barre après un premier semestre montrant que la délinquance cessait de baisser, contrairement aux années précédentes. Le 24 novembre, en banlieue parisienne, le président a prôné le développement de la vidéosurveillance et le recrutement de réservistes expérimentés comme délégués à la cohésion "police-population". "Des habitants dont je veux engager le recrutement pour qu'ils s'impliquent dans la sécurité de leur propre quartier", a indiqué le chef de l'Etat. Pour Jean-Luc Mélenchon, président du Parti de gauche, il s'agirait là "de véritables milices".
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