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Hydrocarbures au large de la Corse : la ministre de la Mer dénonce un "acte malveillant" et assure que "la France punit les pollueurs"

Après le dégazage d'hydrocarbures au large de la Corse, la ministre de la Mer, Annick Girardin, assure que le gouvernement a la ferme intention d'oeuvrer pour une prise de conscience et dissuader les pollueurs.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Les pollueurs risquent dix ans de prison et 15 millions d'euros d'amende. (FLORIAN ROUSSARD / FRENCH AIR FORCE)

Le dégazage d'hydrocarbures au large de la Corse est un "acte malveillant" fait par "des voyous de la mer", a déclaré la ministre de la Mer Annick Girardin dimanche 13 juin sur franceinfo. Même si les vents et les courants sont favorables, "il y a le risque quand même dans les jours à venir, et même peut-être cet été, de retrouver des boulettes qui arriveraient sur le littoral de la Corse", prévient-elle. La ministre évoque l'enquête qui cible 21 navires et assure que "la France punit les pollueurs et elle punit sévèrement".

franceinfo : Vous avez survolé la zone ce samedi pour vous rendre compte de l'évolution de cette nappe d'hydrocarbures. Où en est la situation et que s'est-il passé ?

Annick Girardin : Vendredi après-midi, une nappe d'hydrocarbures a été repérée, c'est très certainement un dégazage, les doutes sont peu nombreux, c'est un acte malveillant. On est à trois heures d'un port, tout ça sans doute pour économiser quelques milliers d'euros. Ce sont donc des voyous de la mer, moi c'est comme ça que je veux les qualifier. Cette nappe est rapidement prise en charge par le préfet maritime qui lance les opérations. Très rapidement, les survols sont faits, on commence avec des moyens légers. Et puis arrivent des moyens plus lourds de Toulon, deux navires dépollueurs qui encerclent le plus possible la nappe qui représente aujourd'hui 3-4 petites nappes, afin de ramasser l'ensemble de ces rejets en mer. A ce jour c'est plus de quatre tonnes de polluants qui ont été ramassés. Et c'est vrai que les vents de terre, les courants font que peut-être, et ce sera tant mieux, le littoral corse sera épargné.

Mais la pollution reste au large, ces nappes coulent par endroits et peuvent remonter à la surface ?

Tout à fait. Donc les opérations en mer se poursuivent et tout le monde est mobilisé. La difficulté, c'est qu'effectivement, elles coulent, donc il y a des répercussions au fond, ça, c'est déjà un premier dégât et on est en Corse, on est en Méditerranée, avec une biodiversité exceptionnelle. C'est un milieu très fragile qui a été largement touché par déjà de fortes pollutions. Toutes les zones humides ont déjà été protégées de manière à ce que la pollution n'entre pas sur ces sites protégés. Et puis, il y a le risque quand même dans les jours à venir, et même peut-être cet été, de retrouver des boulettes qui arriveraient sur le littoral, parce que la température se réchauffe et ça remonte à la surface. Donc, Il faut rester vigilant et dire aux gens qui trouvent des boulettes d'appeler les numéros et les services de l'Etat, de manière à ce qu'elles puissent être ramassées avec des équipements qui sont conformes.

Où en est l'enquête ? On parle de trois bateaux susceptibles d''avoir réalisé ce dégazage sauvage ?

L'action judiciaire, c'est d'abord un procureur de Marseille qui ouvre une enquête judiciaire qui est confiée à la gendarmerie maritime. Sur zone la France a des Cross [Centres régionaux opérationnels de surveillance et de sauvetage] qui veillent régulièrement sur toutes les opérations en mer. C'est le Cross qui, au moment estimé du dégazage, a repéré 21 navires sur zone. Sur les 21 bateaux, il y a des bateaux français, des bateaux européens, et des pavillons autres qu'européens. Sur ces 21 navires, la gendarmerie maritime procède par élimination et c'est vrai que trois bateaux ont été dans un premier temps plus identifiés comme pouvant être à l'origine de ce dégazage. Des vérifications sont aujourd'hui en cours. Mais ce qui est clair, c'est que la France punit les pollueurs et elle punit sévèrement.

Même si la pollution ne touche pas les côtes ?

Bien sûr. Nous sommes un Etat côtier et donc nous sommes dans notre ZEE [Zone économique exclusive] et les dégâts sont déjà là. Un rejet volontaire, cela peut aller jusqu'à 10 ans de prison avec 15 millions d'euros d'amende et donc nous avons bien la ferme intention, avec Barbara Pompili, de faire en sorte qu'il y ait aussi une véritable prise de conscience. La Méditerranée, mais comme d'ailleurs toutes les mers, doivent davantage aujourd'hui être protégées. Le grand défi écologique qui est devant nous, c'est véritablement un défi maritime. Il faut que ça serve d'exemple.

Des élus locaux corses ont dénoncé sur franceinfo le trop fort trafic maritime dans la zone du canal de Corse, entre la Corse et l'Italie. Vous connaissez ce dossier ?

Oui, on a eu l'occasion de l'évoquer depuis mon arrivée à la tête du ministère de la Mer en juillet dernier. Nous nous sommes engagés à y travailler après les régionales, j'irai sur le territoire. Mais il faut savoir que la Méditerranée est l'une des zones de navigation les plus actives au monde. C'est plus de 3 000 navires qui transitent par an dans cette zone. Globalement, c'est 20% du commerce mondial, c'est 10% du transit de conteneurs. Donc, on voit bien que cette Méditerranée est aujourd'hui sous tension. Et nous avons effectivement là un vrai rôle à jouer, notamment dans la lutte contre les bateaux qui polluent.

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