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Claude Guéant et Martine Aubry se sont affrontés lundi à distance dans la cité phocéenne sur le thème de la sécurité

Le ministre de l'Intérieur était venu installer un nouveau préfet à la sécurité, le troisième en deux ans, à qui il a confié la difficile mission d'"innover".Profitant de cette visite ministérielle, la candidate à la primaire PS a décidé de venir "défier" Claude Guéan et parler du "fiasco" de la politique sécuritaire de Nicolas Sarkozy.
Article rédigé par France2.fr avec agences
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Le ministre de l'Intérieur, Claude Guéant (au centre) lors de sa visite à Marseille (AFP - BORIS HORVAT)

Le ministre de l'Intérieur était venu installer un nouveau préfet à la sécurité, le troisième en deux ans, à qui il a confié la difficile mission d'"innover".

Profitant de cette visite ministérielle, la candidate à la primaire PS a décidé de venir "défier" Claude Guéan et parler du "fiasco" de la politique sécuritaire de Nicolas Sarkozy.

Au premier semestre 2011, les cambriolages ont augmenté de 14 % dans les Bouches-de-Rhône par rapport à la même période de l'an dernier et les vols à main armée de 18 %. Ces derniers ont progressé de 40 % sur le territoire de la ville de Marseille.

"Le 'fiasco' dénoncé par Martine Aubry est en réalité un très grand succès", a déclaré le ministre de l'Intérieur lors d'une conférence de presse, évoquant "un recul substantiel de la délinquance de 17 % depuis 2002 en France". Selon lui, la délinquance a reculé de 7,5 % à Marseille sur la même période, après une augmentation "de 25 %" dans cette ville de 1997 à 2002, lorsque la gauche était au gouvernement.

Un nouveau préfet à Marseille
Le gouvernement a décidé la nomination d'un nouveau préfet à la sécurité. Alain Gardère, jusqu'ici directeur adjoint du cabinet de Claude Guéant, devra "innover sur le plan stratégique et méthodologique à Marseille, pour qu'une situation maîtrisée de la sécurité règne enfin dans cette ville ", a dit le ministre de l'Intérieur. Le nouveau préfet remplace Gilles Leclair, tombé au bout de huit mois, devant les mauvais chiffres de la délinquance et à l'issue d'une série de médiatiques faits divers estivaux.

Ce qui se passe dans la cité phocéenne, où il effectue son troisième déplacement depuis son arrivée Place Beauvau, "est absolument insupportable", a-t-il ajouté.

Entouré du nouveau préfet et d'élus locaux, Claude Guéant a visité en une vingtaine de minutes le quartier de la Porte d'Aix, où une affaire de parking abandonné à un petit groupe rançonnant les automobilistes avait suscité la colère de l'Elysée. Remontant la rue du Bon Pasteur, il a notamment rencontré des habitants, des commerçants pour l'essentiel. Puis le cortège est allé au siège de la gendarmerie où le ministre a félicité les hommes à l'origine de la mise en échec, début août, de l'attaque d'une société de transport de fonds.

La sécurité "n'est pas seulement une affaire de moyens"
Dans La Provence, le ministre explique que la sécurité "n'est pas seulement une affaire de moyens", mais aussi une "question de méthode et d'optimisation de l'emploi des fonctionnaires". "Marseille est un laboratoire, une ville où la dégradation de la sécurité est réelle. Tout ce qui pourra y être fait aura valeur d'exemple", dit-il.

"En attendant, je fais venir provisoirement une compagnie républicaine de sécurité (CRS) de plus. On fait ce qu'il faut. Il y a quand même 3000 policiers à Marseille. Depuis 2007, nous respections la règle du non-remplacement d'un fonctionnaire sur deux, la priorité étant de sauver les finances publiques", ajoute-t-il.

Selon les syndicats de police, il manquerait entre 300 et 400 fonctionnaires à Marseille.

Dans son entretien avec le quotidien marseillais, Claude Guéant parle également de l'enjeu de la sécurité comme thème de la campagne présidentielle de 2012. "Je ne sais pas si la sécurité sera l'enjeu majeur de la campagne. Mais le gouvernement doit faire en sorte qu'elle s'améliore, à Marseille notamment où elle s'est dégradée et où la population le perçoit comme tel".

La réponse de Martine Aubry
Profitant de cette visite ministérielle, Martine Aubry a décidé de se rendre elle aussi à Marseille pour, selon son entourage, "défier" le ministre de l'Intérieur et dresser le constat d'échec de la politique sécuritaire de Nicolas Sarkozy.

"La politique de sécurité de Nicolas Sarkozy a été un fiasco.(...) Le temps de l'agitation et de la communication, c'est terminé", a-t-elle déclaré lors d'une conférence de presse à la mairie des XV-XVIes arrondissements, dans un quartier populaire. "On ne règle pas les problèmes de sécurité en faisant valser les préfets. On enlève d'ailleurs de la crédibilité à la haute fonction publique, et cela je ne peux pas le permettre", a-t-elle ajouté.

Pour elle, "il va falloir tout reprendre à zéro en 2012": "la droite a baissé les bras à Marseille comme ailleurs". Selon le PS, plus de 10.000 postes de policiers et de gendarmes ont été supprimés dans le cadre de la "révision générale des politiques publiques" (RGPP), lancée en 2007 par l'actuel chef de l'Etat. "Les effectifs, c'est le nerf de la guerre. (...) L'une des premières mesures prises [si la gauche revient au pouvoir en 2012] sera de rétablir ces 10.000 postes", a affirmé Martine Aubry.

Pour l'UMP, la visite de Martine Aubry dans la cité phocéenne est une "opération de communication" destinée à la "relancer dans la course à la primaire socialiste face à François Hollande".

Ce dernier a jugé qu'aller "parler de la sécurité" à Marseille, comme l'a fait sa rivale, est "utile" et "nécessaire parce que c'est un échec qu'a connu le gouvernement".

"Ce n'est pas le préfet à Marseille qu'il faut débarquer, mais Nicolas Sarkozy à Paris!", a estimé de son côté la président du FN, Marine Le Pen. "Alors qu'il fait preuve d'un laxisme coupable face aux voyous, alors qu'il réduit chaque année de 3.000 postes les effectifs de police et de gendarmerie, le pouvoir sarkozyste voudrait faire croire aux Français qu'un nouveau changement de préfet améliorera leur situation. Il faut arrêter de prendre nos compatriotes pour des naïfs !", déclare la dirigeante du parti d'extrême droite dans un communiqué.

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