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Classes prépas : la proposition de Hollande déjà mise en place par l'UMP ?

Le candidat PS propose de sélectionner "4 à 6%" des lycéens de "tous les lycées de France" pour les "prépas" aux grandes écoles. Selon Luc Chatel et Laurent Wauquiez, c'est déjà appliquée. Mais les établissements l'ignorent.

Article rédigé par Louis San
France Télévisions
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Des élèves de terminale regardent leur livret scolaire, au lycée Chaptal, à Paris. (BERTRAND GUAY / AFP)

Ouvrir l'accès aux classes préparatoires. C'est l'objectif de François Hollande, qui a proposé lundi 26 mars que dans "tous les lycées de France", environ "4 à 6%" des élèves de terminale soient sélectionnés pour aller en classes préparatoires aux grandes écoles (CPGE). Mais le ministre de l'Education nationale, Luc Chatel, et celui de l'Enseignement supérieur, Laurent Wauquiez, ont assuré mardi que cette mesure était "déjà mise en place".

• Que souhaite François Hollande ?

"Sur la base d'une préparation dans les lycées, de dossiers et de résultats au baccalauréat, on sélectionne de 4 à 6% des élèves de terminale - une moyenne nationale - pour préparer l'entrée dans une classe préparatoire aux grandes écoles", a déclaré Manuel Valls, directeur de la communication du candidat socialiste.

Des "équipes pédagogiques" seraient chargées de cette sélection, a ajouté le député de l'Essonne, pour qui cette mesure pourrait s'appliquer "aux bacheliers généraux et technologiques". La détermination des meilleurs élèves devrait s'effectuer, lycée par lycée, sur la base des résultats au baccalauréat.

Objectif : "démocratiser et diversifier l'accès aux classes préparatoires, en n'utilisant pas le système de quotas ni de discrimination positive", explique Manuel Valls.

• Le gouvernement affirme que c'est déjà appliqué…

La mesure proposée par François Hollande est "déjà mise en place", ont réagi mardi les ministres Luc Chatel et Laurent Wauquiez, dans des communiqués séparés.

En juillet 2007, dans sa lettre de mission au ministre de l'Education nationale de l'époque, Xavier Darcos, Nicolas Sarkozy écrivait : "Vous permettrez aux 5% des meilleurs élèves de chaque établissement scolaire de rejoindre, s'ils le veulent, les classes préparatoires aux grandes écoles (...). Ce dispositif constituera un puissant vecteur d'égalité des chances."

Cette mesure "a été concrètement mise en œuvre en février 2008 dans la dynamique 'Espoir banlieues' et elle est en vigueur depuis", selon l'actuel ministre de l'Education nationale.

François Hollande veut "faire du neuf avec du vieux", accuse Laurent Wauquiez, ministre de l'Enseignement supérieur.

• … mais les lycées "ne sont pas au courant"

Sauf que la mesure réclamée par Nicolas Sarkozy n'est pas appliquée. FTVi a joint plusieurs lycées disposant de prépas et qui n'ont pas connaissance du dispositif. "Je ne suis pas au courant", déclare la conseillère principale d'éducation du lycée Condorcet, à Paris. "Non, nous ne le connaissons pas", assure le secrétariat des classes préparatoires du lycée parisien Louis-Le-Grand. "C'est sûr, ce n'est pas appliqué", affirme Jean-Hervé Cohen, responsable des classes préparatoires au Snes, le syndicat majoritaire du second degré.

En 2008, Xavier Darcos et Valérie Pécresse, la ministre de l'Enseignement supérieur de l'époque, projetaient d'envoyer en février une circulaire demandant la mise en place du plan. Mais cette circulaire est restée lettre morte, selon Thomas Lebègue et Emmanuelle Walter, journalistes et auteurs du livre Grandes écoles, la fin d'une exception française, sorti en septembre de la même année.

En 2009, le point d'étape du gouvernement est formel : les lycées ne sélectionnent pas des dossiers à envoyer aux CPGE, ils font de la simple incitation. "A la demande de Xavier Darcos, les établissements ont incité plus de 5% des élèves inscrits en classe terminale, souvent boursiers, dans chaque lycée général et technologique, à présenter un dossier d'inscription en classe préparatoire aux grandes écoles."

• Une mesure soutenue à gauche comme à droite

C'est l'historien de l'immigration Patrick Weil qui a émis l'idée d'un quota de bacheliers à l'entrée en prépa, dans son ouvrage La République et sa diversité : immigration, intégration, discrimination (2005).

En 2005, Manuel Valls, député-maire PS d'Evry (Essonne), et Victorin Lurel, député PS de la Guadeloupe, déposent une proposition de loi défendant ce quota. Dans ce texte "visant à permettre la diversité sociale dans la composition des classes préparatoires aux grandes écoles et autres établissements sélectionnant leur entrée", les deux députés préconisaient de fixer à 6% le nombre de bacheliers bénéficiaires de ce système de recrutement dans chaque lycée.

Lors de la campagne présidentielle de 2007, Ségolène Royal, candidate du PS, et Nicolas Sarkozy avaient tous deux retenu l'idée de Patrick Weil dans leur programme.

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