Cinquante personnes à la rue après l'évacuation d'un immeuble en Seine-Saint-Denis
L'entrepôt avait été reconverti en petites chambres, sous-louées à des travailleurs par un marchand de sommeil. Il a été jugé insalubre par la justice qui a procédé à son évacuation.
Ils vivent sous des bâches en attendant d'être relogés. Une cinquantaine de personnes ont installé un campement de fortune à Pantin (Seine-Saint-Denis) mercredi 26 août, après avoir été expulsées d'un immeuble qu'ils occupaient.
"Ils nous ont jetés dehors comme des chiens"
La seule famille qui résidait dans l'immeuble a été relogée aux frais de la ville, indique la Mairie. Les autres occupants étaient pour la plupart des hommes seuls, travailleurs célibataires africains et haïtiens, dont certains sans-papiers. "Ils étaient une centaine à vivre ici, explique à francetv info Simon Le Her, un militant de l'association Droit au logement, présent sur place. Seuls certains ont pu être hébergés par leurs entourages."
"On nous a donnés dix minutes pour quitter les lieux, mais on ne sait pas où aller, on n'a pas de maison", raconte un des occupants, Bruce Lamarre, 52 ans. "Je suis diabétique mais les policiers ne m'ont même pas laissé prendre mon petit-déjeuner, ils nous ont jetés dehors comme des chiens", s'insurge Dionys Justal, un autre résidant de l'immeuble.
Des personnes "abandonnées par un marchand de sommeil"
Le bâtiment était un entrepôt aménagé en 25 chambres d'une surface moyenne de 25 m2. L'immeuble était loué par un pasteur évangéliste, qui sous-louait à son tour les pièces aux occupants au tarif de 350 euros par mois.
Ce dernier, qui avait monté une SCI (société civile immobilière) pour percevoir les loyers, a été condamné en 2012 à 12 mois de prison avec sursis et 15 000 euros d'amende pour "soumission de personnes vulnérables à des conditions de logement indignes".
"Depuis, les locataires n'ont plus eu de nouvelles de lui, explique Simon Le Her. C'était un marchand de sommeil et il les a abandonnés. Ils ont donc arrêté de payer leurs loyers à cause de l'état de délabrement des lieux."
"Nous n'avons pas les moyens de reloger ces gens"
Le procès-verbal de l'évacuation, que Francetv info a pu consulter, est adressé au pasteur évangéliste. Il y figure quelques autres noms, qui semblent être ceux de sous-locataires déclarés.
"Le jugement d'expulsion concerne le pasteur évangéliste, mais pas les résidents. C'est comme s'il n'y avait pas eu procès équitable", s'indigne le militant du DAL. Un argument "malhonnête", selon Alain Périès, l'adjoint au maire de Pantin, chargé de l'urbanisme : "dans le cas d'un squat comme celui-ci, tout le monde sait qu'il est impossible d'avoir la liste précise des locataires".
Quelles solutions pour ces personnes, qui vivent désormais sous des bâches devant le bâtiment ? "C'est à la préfecture de trouver des solutions de relogement, explique l'élu. Nous avons déjà 4 000 demandes de logements en attente à Pantin. Nous n'avons pas les moyens de reloger ces gens."
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.