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Menhirs de Carnac : le président de la région Bretagne appelle à la fermeté "face aux groupuscules qui prônent la haine et veulent casser la société"

Loïg Chesnais-Girard souhaite une réponse ferme de l'État face aux menaces et au harcèlement qui visent les élus locaux.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
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Loïg Chesnais-Girard, président de la région Bretagne, aux assises de l'agriculture et de l'alimentation à la cité des congrès de Nantes, en décembre 2021. (FRANCK DUBRAY / MAXPPP)

Loïg Chesnais-Girard, président de la région Bretagne, a appelé ce mardi à la fermeté "face aux groupuscules qui prônent la haine et qui veulent casser la société", alors que la famille du maire de Carnac dans le Morbihan reçoit des centaines de messages injurieux et menaçants pour avoir validé un chantier de construction d'un magasin de bricolage. Des dizaines de petits menhirs ont été déplacés pour que le chantier puisse démarrer.

Face à la polémique, notamment sur les réseaux sociaux, la préfecture du Morbihan a confirmé la semaine dernière la validité du permis de construire. Loïg Chesnais-Girard dénonce "des hommes et des femmes qui surfent sur une forme de pureté identitaire pour aller casser un maire". Loïg Chesnais-Girard appelle l'État et l'Union européenne à lutter contre ce déferlement de haine qui est "le cancer de la société".

franceinfo : Êtes-vous inquiet par la situation ?

Loïg Chesnais-Girard : Nous sommes face à des situations qui sont graves, qui inquiètent des maires, leurs familles, qui inquiètent nos territoires. Il faut être très ferme face aux groupuscules qui prônent la haine et qui veulent casser la société. Puis, il va falloir régler aussi le sujet de l'anonymat qui permet à chacun de se défouler sur les réseaux sociaux.

Comment les élus peuvent être en soutien de ces maires qui sont menacés ?

Nous devons être du côté de la science et de la raison. Sur ce dossier, la science et la raison montrent que les études archéologiques ont été faites, avant que les différentes instances de l'État et de la commune ont vérifié les choses avant les travaux. Il y a eu une bulle qui a démarré il y a quelques jours sur la base de la déclaration d'un citoyen qui n'est pas vérifiée et sur laquelle chacun a une émotion forte. L'émotion peut se contenir quand on prend le temps de lire les articles ou alors elle s'enflamme et continue de s'enflammer. Après, nous avons des hommes et des femmes qui surfent sur une forme de pureté identitaire pour aller casser un maire, pour aller casser une organisation démocratique.

Dans le cas de Carnac, des groupuscules d'extrême droite sont derrière ce dossier ?

Dès qu'on touche à notre histoire, à notre patrimoine, nous avons des groupuscules qui profitent de l'occasion pour essayer d'imposer leur vision d'une identité dite "pure". Pourtant, la Bretagne, de par son histoire a une identité. Mais cette identité, elle est faite de mélanges. Je suis très fier d'être Breton, Français, Européen. C'est cette identité mêlée qui fait la force du modèle breton. Les groupuscules veulent attaquer cette image d'une Bretagne ouverte, là où certains sont sur une image de renfermement, avec une histoire qui remonterait depuis notre celtitude et les pierres dressées. Il faut lutter contre ça. La culture syncrétique, la culture du mélange, c'est la culture d'aujourd'hui et on en est très fiers.

Comment stopper cette spirale de violence et de haine ?

Nous avons tous, les élus de la République, réaffirmé que nous ne devons pas laisser les gens se laisser aller. Le laisser-aller, ce n'est pas le vivre ensemble. Le vivre ensemble, c'est respecter des règles, respecter l'autre, bien sûr débattre, y compris quand on n'est pas d'accord, voire s'engueuler, pourquoi pas. Mais le vivre ensemble, ce n'est ni l'anonymat, ni la haine. Nous devons être fermes pour démanteler les groupuscules qui viennent attaquer le vivre ensemble et trouver des solutions pour s'attaquer à ce sujet de l'anonymat sur les réseaux sociaux. C'est un poison pour notre société et pour notre jeunesse.

L'État est-il assez ferme, selon vous ?

L'État doit inventer de nouvelles armes sur ce sujet. Il faut se dire les choses. Si on est en société, on ne peut pas se laisser gangréner par des réseaux sociaux qui diffusent une haine, diffuse des images dramatiques comme on vu à Annecy il y a quelques jours, sans qu'on puisse les stopper. Il faut se donner les moyens de dire à ces plateformes qu'elles doivent faire leur boulot. Elles engrangent des milliards de bénéfices, elles doivent faire leur boulot. La République et l'Union européenne sont des lieux où on doit défendre notre démocratie, notre capacité à vivre libre, on doit se protéger face à ce qui est le cancer de la société. C'est une lutte que l'on doit mener depuis le maire de la commune jusqu'à l'Union européenne.

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