André Santini a été élu mercredi président du conseil de surveillance de la Société du Grand Paris (SGP)
Le député-maire Nouveau Centre d'Issy-les-Moulineaux était donné favori face au président du conseil général du Val-de-Marne, le communiste Christian Favier.
Dénonçant une "mascarade", la gauche a boycotté le vote. L'organisme public est chargé de réaliser une double boucle de métro automatique autour de Paris.
Les présidents de conseils généraux de Seine-et-Marne, d'Essonne, de Seine-Saint-Denis, du Val-de-Marne et du Val-d'Oise, tous de gauche, avaient estimé dans un communiqué que "l'objet véritable de la Société du Grand Paris devient une évidence: il ne s'agit plus désormais que d'offrir un bâton de maréchal au maire d'Issy-les-Moulineaux et un terrain d'atterrissage parlementaire au porte-parole de l'UMP" Frédéric Lefebvre, suppléant d'André Santini à l'Assemblée nationale.
Frédéric Lefebvre avait dû rendre son siège à André Santini qui avait quitté son poste de secrétaire d'Etat à la Fonction publique au gouvernement, en juin 2009. Selon le code électoral (art. 145), un député ne peut pas présider un établissement public national. Mais cette incompatibilité ne s'applique pas aux députés désignés du fait d'un mandat électoral local, comme c'est le cas d'André Santini.
Pour les présidents des départements de gauche, le président de la République, "une fois de plus, utilise les moyens de la République pour servir son camp et ses amis". Jean-Paul Huchon a fait savoir qu'il ne participerait pas à cette "désignation en urgence", faisant valoir qu'elle "n'a que peu à voir avec le développement et le rayonnement de la métropole francilienne".
Jean François Martins, conseiller de Paris MoDem, a dénoncé dans un communiqué "une nomination d'intérêt, et une supercherie pour tous les Franciliens qui méritent un homme à temps complet pour concevoir leur avenir". Pour le responsable centriste, le maire d'Issy-les-Moulineaux "représente les méthodes et les pratiques du passé où cumul des mandats, copinage et mesure d'exception sont la règle".
Valérie Pécresse, présidente du groupe Majorité Présidentielle au Conseil régional d'Ile-de-France: "Cette élection est une étape décisive qui va permettre de mettre le Grand Paris sur les rails. André Santini a démontré, tout au long de sa carrière, sa capacité à développer un territoire et à faire dialoguer ensemble les collectivités et leurs élus, quelle que soit leur couleur politique (..). Le boycott de cette première réunion du conseil de surveillance par plusieurs élus de gauche et l'absence du maire de Paris, Bertrand Delanoë, et du Président du Conseil régional, Jean-Paul Huchon, montrent leur désintérêt et leur indifférence au quotidien des Franciliens.." (communiqué).
Une dérogation à la limite d'âge
André Santini avait quitté le gouvernement en juin 2009, alors qu'il était mis en examen pour détournement de fonds publics dans l'affaire dite de la fondation Hamon à Issy-les-Moulineaux, dans les Hauts-de-Seine. La procédure est toujours en cours, malgré un arrêt de la cour d'appel de Versailles demandant un complément d'information.
André Santini, qui aura 70 ans en octobre, bénéficie par ailleurs d'une dérogation à la limite d'âge de 65 ans fixée dans la loi de 1984 pour la fonction publique et le secteur public. Le décret créant la Société du Grand Paris stipule que "le conseil de surveillance élit un président ainsi qu'un vice-président parmi ses membres âgées de moins de soixante-dix ans au jour de cette élection".
Actuellement, outre ses mandats de député et de maire, André Santini est aussi conseiller régional, vice-président de la Communauté d'agglomération Grand Paris Seine ouest (anciennement Arc-de-Seine), président du Sedif (Syndicat des eaux d'Ile-de-France) et président du comité de bassin de l'Agence de l'eau Seine-Normandie.
L'Elysée a refusé de commenter cette nouvelle polémique qui rappelle celle de la nomination avortée du fils de Nicolas Sarkozy, Jean, à la tête du quartier d'affaires de la Défense (Epad).
Le mandat du président du conseil de surveillance, d'une durée de cinq ans, est renouvelable. Le conseil de surveillance de l'organisme est composé de onze représentants de l'Etat, du président du conseil régional d'Ile-de-France Jean-Paul Huchon (PS) et des présidents des conseils généraux des huit départements de la région, dont six sont de gauche, notamment le maire de Paris Bertrand Delanoë (PS).
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