Alors que le PS semble sortir de son atonie, il se voit déborder sur sa gauche par de nouvelles forces
Premier test à venir pour les partis de gauche, les européennes qui vont permettre de mesurer le poids respectif des différentes forces d'opposition.
A gauche du PS, désormais dirigé par Martine Aubry, deux forces émergent : le Parti de Gauche de Melenchon, allié au PC, et le Nouveau Parti Anticapitaliste de Besancenot.
L'absence d'échéance nationale déterminante, l'arrivée d'élections propices à l'expression de tous les mécontentements, sans parler de la crise économique, jouent contre la domination du Parti Socialiste sur l'opposition de gauche. Pourtant le PS a enfin réussi à se mettre en ordre de marche après la période difficile du congrès et a pu se faire entendre à l'Assemblée nationale.
C'est dans ce contexte que Jean-Luc Melenchon a lancé officiellement son parti, le Parti de Gauche, qui a déjà déclaré faire liste commune avec le PC aux prochaines européennes. Plus à gauche, cette semaine devrait voir la naissance du Nouveau Parti Anticapitaliste d'Olivier Besancenot, ouvrant de nouvelles perspectives aux forces politiques extra-parlementaires dans une période de montée des tensions sociales.
Le Parti de gauche
Comme en Allemagne, où le SPD (socialiste) est bousculé sur sa gauche par die Linke, au point de s"effondrer dans la région de Hesse lors d'une très récente élection régionale, le PS français voit grossir sur sa gauche une nouvelle formation issue (en partie) de ses rangs.
Le Parti de Gauche est "différent et concurrent du PS" dont la "ligne politique laisse sur le bord du chemin la plus grande part du peuple français". Lors du premier congrès du parti, l'ex-sénateur socialiste n'a pas ménagé son ancien parti qui "emmène la gauche dans le mur" en soutenant, selon lui, le libéralisme en France et à Bruxelles. Mais "ce n'est pas notre ennemi, c'est la droite notre adversaire", a souligné l'ex-socialiste, qui dit "croire à la révolution par les urnes", comme au Venezuela ou en Bolivie. Pour M. Mélenchon , le PG, qui revendique 4.000 militants, est d'ailleurs "un parti de gouvernement". A ce titre, il a proposé samedi un "plan d'urgence" de 100 milliards d'euros pour lutter contre la crise.
Le document, en 29 propositions, sera transformé en proposition de loi à l'Assemblée nationale et au Sénat, "parce que nous, comparativement à d'autres formations de gauche, quand nous proposons un plan, nous le soumettons au Parlement", a-t-il affirmé, visant le PS.
"C'est l'état d'urgence sociale, l'état d'urgence politique, l'état d'urgence démocratique qui exige que l'on se saisisse de ce moment", a-t-il dit à la tribune, à Limeil-Brévannes (Val-de-Marne), sonnant la mobilisation pour l'alliance PG-PCF.
Pas question en revanche de s'allier avec les socialistes, a insisté Jean-Luc Mélenchon , qui a quitté le parti dont il était membre depuis 31 ans, avant même l'élection de Martine Aubry au poste de premier secrétaire. L'ancien ministre de Jospin a nié tout véritable virage à gauche de la part du PS. Ses anciens amis de la gauche du PS, restés au PS ou même devenus dirigeants ont du apprécier…
Sur un plan politique, il a fixé sa ligne pour les européennes : "Nous voulons faire des prochaines élections européennes deux référendums en un", a-t-il expliqué. « Nous allons dire aux Français : 'Qu'est-ce que vous pensez de Monsieur Sarkozy, de sa politique, stop ou encore ?' Et nous allons leur dire 'vous vous souvenez, surtout vous les gens de gauche, que vous avez voté non au traité constitutionnel ?'" "Alors, nous allons régler ce compte dans les urnes : faites respecter votre non !", a lancé Jean-Luc Mélenchon .
Les propositions du Parti de Gauche
Melenchon propose un "Plan d'urgence" d'un coût de 100 milliards d'euros pour lutter contre la crise. Ce document, qui contient 29 propositions, "sera transformé en proposition de loi à l'Assemblée nationale et au Sénat", a précisé M. Mélenchon .
Le plan veut "protéger les salariés des conséquences immédiates de la crise". Il s'agit de "développer l'emploi et amorcer un ‘alter-développement"", notamment par un "plan public d'investissement de 100 milliards d'euros sur deux ans" pour une "rénovation écologique du parc de logements sociaux" et une "mise en chantier de 300.000 logements sociaux par an".
Des mesures contre les licenciements, type "contrôle administratif permettant d'interdire les licenciements abusifs sans justification économique sérieuse", sont également proposées. Le PG souhaite aussi "augmenter le pouvoir d'achat et modifier le partage des richesses", en augmentant le Smic à 1.500 euros nets d'ici 2010 mais aussi en "revalorisant les salaires en prenant en compte les gains de productivité".
Il propose aussi un "nouveau statut du salarié avec une sécurité sociale professionnelle financée par un fonds patronal mutualisé", pour "faire reculer la précarité sociale". Enfin, pour "contrer la spéculation par une maîtrise publique du système financier", il propose la création d'un pôle financier public pour les entreprises, ou encore d'un service public bancaire pour les particuliers.
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