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De 1945 à 1976, trois souvenirs de défilé du 14-Juillet

Francetv info a sollicité vos témoignages et vous êtes nombreux à avoir répondu.

Article rédigé par franceinfo
France Télévisions
Publié Mis à jour
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Le 92e régiment d'infanterie de l'armée française sur les Champs-Elysées à Paris, le 14 juillet 2014. (ALAIN JOCARD / AFP)

Vous avez participé à un défilé du 14-Juillet et nous avez raconté votre expérience. Francetv info a sélectionné certains des récits que vous avez partagés avec nous, après notre appel à témoins. Entre petites anecdotes et grands moments d'Histoire, voici les témoignages de Jacques, opérateur radio, "Crusman", pilote de chasse, et Maryse, apprentie soldat.

Jacques a participé au premier défilé d'après-guerre

"J'ai été désigné pour participer à Paris au premier défilé d'après-guerre, le 14 juillet 1945. L'entraînement a eu lieu à Vincennes et le défilé s'est déroulé sous un soleil de plomb. J'appartenais à la 8e batterie du 32e Régiment d'artillerie où j'exerçais les fonctions d'opérateur radio. Nous nous sommes entraînés quelques jours avant seulement, au fort de Vincennes.

Mon fusil était un Remington trop lourd pour moi pour le porter sur l'épaule. J'ai donc demandé à ma mère de me confectionner un coussinet que je glissais sur mon épaule afin d'éviter les irritations. Il faisait très chaud ce jour-là, on avait donc eu l'ordre de défiler en bras de chemise.

Alors qu'on marquait le pas sur les Champs-Elysées, une personne nous a lancé une bouteille de bière qui est tombée et s'est brisée devant moi. Nous avons marché dans la bière et sur les morceaux de verre lorsque nous sommes repartis. J'étais très jeune (17 ans) mais je m'étais procuré une carte d'identité qui me vieillissait de deux ans. J'avais déclaré être né en mars 1926 au lieu de 1928, ce qui fait que tout le monde ignorait mon âge réel à part quelques copains de régiment.

Je me souviens que beaucoup de monde était venu assister à ce défilé. Et j'étais fier d'y participer. Lorsque je regarde le défilé à la télé, je me revois défilant à cette époque – cela fait maintenant soixante-dix ans."

"Crusman" a volé à la vitesse du son pour être à l'heure sur les Champs

"Le 14 juillet 1965, la 12e flottille de chasse, dans laquelle j'exerçais mon métier de pilote, avait été désignée pour participer au défilé aérien au-dessus des Champs-Elysées. Compte tenu d'une météo typiquement bretonne (crachin, nuages bas, visibilité quasiment nulle), le leader du dispositif a décidé que chaque avion attendrait trente secondes après l'avion précédent avant de décoller. Le douzième appareil a donc lâché les freins cinq minutes et trente secondes après le leader, qui se trouvait déjà à quelque 50 km de la base.

Les derniers avions, après avoir rapidement atteint l'altitude de 13 000 m, n'avaient qu'une seule solution pour rattraper le dispositif avant la percée de la couche nuageuse : garder la postcombustion allumée et passer en vol supersonique, situation strictement interdite au-dessus des zones habitées afin de ne pas provoquer de dégâts matériels dus au fameux "bang" supersonique. Mais quand il faut, il faut !

Après avoir joyeusement enfreint le règlement et probablement détruit quelques centaines de vitres sur notre parcours, les douze avions se sont rassemblés en un magnifique diamant de douze Crusaders, collés les uns aux autres et suivant fidèlement tous les mouvements de notre leader. Commence alors un exercice extrêmement périlleux qui consiste à faire traverser une couche nuageuse très dense à douze avions volant à deux ou trois mètres les uns des autres, avec l'obligation absolue de ne pas se perdre de vue à quelques minutes seulement de l'heure du défilé.

L'un d'entre nous annonce qu'il a un problème technique nécessitant un prompt atterrissage. Après accord du leader, il parvient à s'extirper de ce qui ressemble un peu à une mêlée de rugby volant à quelque 400 km/h dans une boule de coton. Les onze avions restants surgissent soudainement sous la couche nuageuse, en rang serré derrière le leader de notre formation. Nous passons donc à onze appareils au-dessus des Champs-Elysées."

Maryse a défilé sous des trombes d'eau

"J'ai participé au défilé du 14 juillet 1976. C'était une année de canicule dans toute la France. J'étais élève à l'école interarmées des personnels militaires féminins : nous nous entraînions la nuit sur les pistes de l'aérodrome de Caen-Carpiquet pour échapper à la chaleur de la journée.

Nous étions prêtes pour le grand saut : les Champs-Elysées. Malheureusement, ce jour-là, des trombes d'eau se sont abattues localement sur Paris. On entendait à peine la musique de La Madelon qui devait rythmer nos pas avec l'orage.

Nous étions trempées jusqu'aux os. Les cravates, les toques et autres vêtements de couleur bleu marine avaient déteint sur nos chemises blanches jusqu'à teinter nos sous-vêtements. Nos toques avaient déteint et du bleu coulait sur nos visages. Une vraie galère. J'en garde quand même un merveilleux souvenir."

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