: Vidéo Carte blanche à trois actrices contre le racisme
A la veille du Festival de Cannes, qui se tient du 8 au 19 mai , Aïssa Maïga, Firmine Richard et Eye Haïdara publient le manifeste "Noire n'est pas mon métier" (Seuil). Avec treize autres comédiennes, elles dénoncent le racisme dont elles sont victimes dans le milieu du cinéma, à la télévision, au théâtre... Extrait du magazine "19h le dimanche" du 6 mai.
C’est le cri de révolte d’Aïssa Maïga, Firmine Richard et Eye Haïdara. Avec treize autres comédiennes, elles publient un livre en forme de manifeste : Noire n'est pas mon métier (Seuil). A la veille du Festival de Cannes 2018, qui se tient du 8 au 19 mai, elles dénoncent le racisme dont elles sont victimes dans le milieu du cinéma. Le magazine "19h le dimanche" (Facebook, Twitter, #19hLD) donne Carte blanche à ces trois actrices.
> Aïssa Maïga : "J’ai coécrit ce livre avec quinze autres actrices françaises. Nous sommes noires. Nous sommes comédiennes surtout et avant tout. Et nous avons voulu prendre la parole parce que les comédiennes noires françaises sont souvent cantonnées à certains stéréotypes, certains clichés. On a voulu parler de cela, pour dénoncer, raconter, partager ce qu’on vit dans le cinéma, à la télévision et au théâtre en France aujourd’hui. Un petit extrait de Nadège Beausson-Diagne : 'Pour une Noire, vous êtres vraiment intelligente. Vous auriez mérité d’être blanche' ; 'Vous savez rouler des yeux comme Joséphine Baker ? Faire plus, comme Y’a bon Banania, quoi !' C’est dingue, non ? C’est violent, non ? Ha, ha…"
"C’est un combat de tous les jours"
> Firmine Richard : "'Trop noire pour une métisse' ; 'Pas assez africaine pour une Africaine' ; 'Heureusement que vous avez les traits fins, je veux dire pas négroïdes. Enfin, vous ne faites pas trop noire, ça va.' C’est terrible d’entendre ça. Nous sommes des femmes noires et pas des Blacks, comme les Blancs aiment bien dire. Moi, il ne me viendrait jamais à l’idée d’appeler un Blanc un White. Dans ma carrière, on m’a souvent proposé des rôles d’infirmières. Pourquoi pas ? Mais je peux encore être une magistrate ou un médecin. Quand on voit les séries américaines, effectivement, on voit des femmes noires qui sont médecins, mais pas en France. J’ai joué dans un film, Le Grand Partage, dans lequel il y avait pléthore de Noir-e-s avec de très bons rôles. Sur l’affiche, il n’y avait pas un visage noir. C’est un combat de tous les jours. Alors, j’espère que maintenant ça va changer."
> Eye Haïdara : "La France est un pays riche en diversités. Pourquoi s’en priver ? J’avais envie de lire un passage de Sara Martins : 'Ma première passion était la danse classique. Comme j’adorais ça, j’étais douée. Alors, la question s’est posée de poursuivre ma formation à Paris. Des voix ont aussitôt murmuré et anticipé : 'Les grandes institutions classiques ne sont pas prêtes à accueillir des gens de couleur. Laisse tomber!' J’ai voulu témoigner dans ce livre pour nos enfants. On ne devrait plus les laisser se confronter à ces problématiques. On ne devrait plus dire à nos enfants: 'Laisse tomber !'"
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