Enquête pour viol au 36, quai des Orfèvres : le parquet fait appel après le non-lieu pour les deux policiers
Des agents de la Brigade de recherche et d'intervention (BRI) étaient visés par la plainte d'une touriste canadienne, qui affirmait avoir été violée dans les locaux de la police en avril 2014.
Après plus de deux ans d'enquête, un non-lieu général a été prononcé dans l'affaire des accusations de viol au 36, quai des Orfèvres à Paris, rapporte une source judiciaire, mercredi 20 juillet. Des agents de la Brigade de recherche et d'intervention (BRI) étaient visés par la plainte d'une touriste canadienne, qui affirmait avoir été violée dans les locaux de la police en avril 2014. Deux d'entre eux avaient été mis en examen pour viol en réunion et un troisième placé sous statut de témoin assisté.
Cette décision, également révélée par Europe 1, intervient alors que le parquet de Paris avait requis le renvoi des deux policiers aux assises.
L'avocate de la touriste, Sophie Obadia, ainsi que le parquet ont indiqué qu'ils feraient appel de cette ordonnance de non-lieu. "Cette ordonnance est ahurissante", a-t-elle dit. "Elle est très différente de ce que le parquet a écrit, et elle met sciemment de côté les expertises psychiatriques, qui disent que ma cliente est crédible, et en état de stress post-traumatique", a-t-elle ajouté.
Des traces ADN
Le 22 avril 2014, dans un pub irlandais situé face au siège de la PJ, des policiers de la BRI s'étaient liés avec la femme, alors âgée de 34 ans, lors d'une soirée très alcoolisée. En pleine nuit, les fonctionnaires, qui n'étaient pas en service, lui avaient fait visiter les locaux du "36". Un peu plus tard, elle en était ressortie en larmes, extrêmement choquée. Elle avait porté plainte pour viol.
Après avoir démenti lors de sa première audition de garde à vue, le policier le plus âgé avait évoqué une relation sexuelle "consentie" avec la jeune femme. L'autre a réfuté avec constance avoir eu un rapport sexuel, même s'il avait fini par reconnaître des "attouchements réciproques", selon une source proche du dossier. Mais aux yeux du parquet, les traces ADN le confondent.
Expertises psychologiques contradictoires
"L'absence de consentement de ma cliente et le comportement totalement abusif des policiers ont été parfaitement analysés par le parquet dans un réquisitoire très détaillé", avait relevé Sophie Obadia, l'avocate de la jeune femme. "Mon client réaffirme avec force son innocence et attend maintenant avec confiance la décision des juges d'instruction", a réagi de son côté Sébastien Schapira, l'avocat d'un des deux policiers.
S'agissant de la victime présumée, les expertises psychologiques se sont révélées contradictoires. L'une d'elles relevait qu'elle ne présentait pas "de tendance à la mythomanie ou à la fabulation", tandis qu'une autre estimait que sa "personnalité", "son état d'alcoolisation" cette nuit-là et "son discours sur les faits allégués" soulevaient "une forte réserve quant à la possibilité de s'appuyer sur son seul témoignage".
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