Vietnam : un père et son fils sortent de la jungle 40 ans après
40 ans après avoir fui le village de Quang Ngai, dans le centre du Vietnam, Thanh et Lang doivent s'habituer à la civilisation. Tentant d'échapper aux bombardements qui frappaient la
région pendant la guerre, Ho Van Than choisit de partir et d'élever son fils Lang dans la jungle du Vietnam. Mercredi, les autorités locales ont rapatrié les deux
hommes jusqu'à leur commune d'origine, contre leur gré...
Fuir l'horreur
Aux débuts des années 1970, le Vietnam est frappé par une
guerre violente. Ho Van Thanh, mari et père de
famille, est alors membre d'une guérilla communiste. Un jour, le drame
arrive : sa femme et deux de ses enfants sont tués par un bombardement
américain. A partir de ce jour, Thanh a peur. Il décide de fuir vers la jungle
et emmène avec lui son fils Lang, alors âgé de deux ans.
Depuis, père et fils vivaient
tous deux en autarcie, se nourrissant de fruits et du maïs qu'ils cultivaient.
Retrouvés vêtus d'un pagne en écorce d'arbre, ils vivaient dans une cabane
perchée à cinq mètres du sol. Diffusées par la télévision locale, les images du rapatriement ont montré les
deux hommes être emmenés contre leur grè. Porté sur un hamac depuis la
jungle jusqu'à Quang Ngai, Thanh, le père âgé de 82 ans, ne voulait pas retourner
au village. Son fils aurait lui aussi préféré rester dans la forêt. Les
autorités lui avaient donc attaché les mains pour qu'il ne s'échappe pas.
Un retour difficile
Publiées dans le journal vietnamien Tuoi Tre, les informations
concernant la vie des deux hommes ont été révélées par le plus jeune fils du
vieil homme, qui avait seulement trois mois à l'époque du drame. Il savait où
vivaient son père et son frère, et leur rendait visite une fois par an. En 2004,
il avait déjà tenté de les faire ramener aux villages. Mais les deux hommes avaient
refusé de rester longtemps "préférant leur vie indépendante à la vie
traditionnelle des familles vietnamiennes" selon le
benjamin. Thanh et Lang avait alors regagné leur vie sauvage. Récemment aperçus
par des habitants, ils avaient été signalés aux autorités. Soucieuses de leurs
états de santé, les forces de l'ordre sont alors parties à leur recherche avant
de les trouver mercredi.
Après avoir été guidé jusqu'au village, Lang "mâchait
des noix de bétel et fumait sans arrêt, regardant tout le monde autour de lui
avec un regard vide ". Selon un responsable local, Lang aurait "peur
de la foule". Pas vraiment étonnant, puisque les deux hommes parlent à
peine quelques mots du dialecte de leur minorité ethnique Kor. Agé de 42 ans, il est hébergé
par des proches, auquels il accepte de parler un peu.
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