Une note du renseignement territorial recense 27 faits de "sabotage et dégradations", la piste de l'ultragauche privilégiée
Ces actions visent en particulier des antennes-relais, mais aussi des sites qui représentent l'Etat, des collectivités locales ou des entreprises.
Les services du renseignement territorial observent une nette recrudescence des actes de "dégradations" et de "sabotages" sur l’ensemble du territoire. Dans une note du service central du renseignement territorial (SCRT) que franceinfo a pu consulter, il est indiqué que 27 faits ont été recensés depuis la fin du mois de mars. Une note qui rejoint celle révélée par Le Parisien-Aujourd'hui en France.
Ces faits, en majorité, ne sont pas revendiqués. Mais pour les agents du renseignement territorial, la piste de l’ultragauche est privilégiée pour la plupart d'entre eux. Ce sont en majorité les antennes-relais qui sont ciblées. Mais d'autres dégradations sont également commises sur des sites qui représentent l'Etat ou encore des collectivités ou des entreprises.
Un incendie à Toulouse revendiqué
Un des derniers faits marquants a, lui, été revendiqué. Le 25 avril, à Toulouse, 11 véhicules de service de Toulouse Métropole Habitat ont été incendiés, avec un préjudice qui dépasse les 100 000 euros. Un acte revendiqué sur un site lié à l’ultragauche en ces termes : "On a carbonisé 11 véhicules de service de Toulouse Métropole Habitat. Aujourd’hui comme hier, on veut attaquer toutes les composantes de cette civilisation qui nous sont accessibles, de la plus militarisée à la plus 'sociale'. (…) Le confinement ne nous empêchera pas de poursuivre nos activités extérieures, que ce soit une promenade diurne pour repérer ou une balade nocturne pour incendier. Ne vous inquiétez pas, lors de cette sortie, on était muni.e.s d’une attestation - motif du déplacement dérogatoire : incendier ce monde de merde."
Lors de ces opérations, le mode opératoire privilégié reste l’incendie, comme le notent les services de renseignements. Début avril, dans une petite commune du Jura, deux antennes relais ont été incendiées et le préjudice a été estimé à un million d’euros. sans revendication. Dans le Gard, un câble de fibre optique a été sectionné. Plus de 23 000 abonnés ont été privés de téléphonie et d’internet pendant 12 heures. Deux actes qui eux non plus n’ont pas été revendiqués. Mais qui sont largement relayés sur les sites liés à l'ultragauche. D'autres dégradations ont été relatées en Isère ou dans les Côtes-d'Armor.
Un lien entre capitalisme et pandémie
Par ces sabotages, les auteurs chercheraient ainsi à déstabiliser les activités économiques et le télétravail, toujours selon cette note du renseignement territorial en date de fin avril. Parfois, ce sont aussi des sites institutionnels qui sont visés. Mi-avril, des tags anarchistes ont été inscrits sur les murs de la sous-préfecture de Saint-Nazaire (Loire-Atlantique).
Des appels à l’action directe sont lancés sur les sites proches de l’ultragauche. Des incitations sans équivoque comme celles-ci découvertes sur un blog anarchiste expliquant comment "attaquer la domination technologique" en détruisant une antenne relais. "En cette période où l’État et le capitalisme se restructurent (…), ne pas rester confinés et attaquer est plus que jamais important. En plus de leurs dispositifs de contrôle et de surveillance, les nœuds de circulation d’énergie et de données restent une piste fondamentale à l’heure où la pandémie technologique fait intégralement partie de cette restructuration."
Ce type de dégradations d’antennes-relais est également constaté en Italie, aux Pays-Bas ou au Royaume-Uni, selon la note que nous avons pu consulter.
Les gendarmes sont saisis pour la plupart des sabotages d'antennes-relais. Une source proche de l'enquête confie que ce sont des investigations difficiles. Le mode opératoire et les sites visés laissent penser qu'il s'agit de l'ultragauche, mais il est très difficile de remonter à ces groupuscules. Jusqu'à maintenant, ces différentes enquêtes sont ouvertes par les parquets locaux, et ne sont pas confiés au parquet national anti-terroriste (PNAT). Celui-ci précise à franceinfo qu'il reste tout de même attentif à ce phénomène.
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