Attaque du Thalys : ce qu'a déclaré Ayoub El Khazzani en garde à vue
Selon son avocate, le suspect de l'attaque du Thalys avait l'intention de commettre un braquage et non une attaque terroriste.
Il nie toute motivation terroriste. Ayoub El Khazzani, maîtrisé lourdement armé par des passagers du Thalys Amsterdam-Paris vendredi 21 août, se dit même "médusé" par ces accusations selon l'avocate qui l'a assisté au début de sa garde à vue, interrogé dimanche 23 août sur BFM TV.
Une défense qui n'a pas convaincu les enquêteurs. Le profil d'islamiste radical, du suspect, repéré par les services de renseignements de plusieurs pays, oriente en effet l'enquête sur la piste d'une attaque terroriste qui aurait pu conduire à un bain de sang, si trois jeunes Américains en vacances en Europe et un père de famille britannique n'étaient pas intervenus pour le désarmer.
Francetv info revient sur la version des faits donnée par le suspect, transféré samedi matin au siège de la sous-direction antiterroriste (SDAT) à Levallois-Perret (Hauts-de-Seine), où se poursuit sa garde à vue, qui peut durer jusqu'à mardi soir.
Il dit avoir voulu commettre un braquage
Le suspect, dont le visage était tuméfié après avoir été neutralisé par trois jeunes passagers américains et un père de famille britannique, a affirmé avoir voulu "faire un braquage", a expliqué à la chaîne l'avocate commise d'office qui a conseillé ce Marocain de 26 ans, juste après son arrestation en gare d'Arras, Me Sophie David.
"Il est médusé du caractère terroriste qui est attribué à son action", a-t-elle ajouté, expliquant que son client avait agi "par besoin d'argent" . "Il avait déjà entendu parler de gens qui braquaient pour avoir de l'argent (...) donc il a pris les armes et il est monté dans ce train pour effectivement rançonner les passagers", a raconté l'avocate, dressant le portrait d'un homme très affaibli, "très maigre" et "très hagard", qui vit à la rue. Il a pensé à ce braquage "pour pouvoir se nourrir".
Le suspect assure avoir trouvé les armes dans un parc
Selon l'avocate, Ayoub El-Khazzani a aussi assuré avoir trouvé les armes, ainsi qu'un téléphone portable, dans une "valise cachée" dans un jardin public près de la gare de Bruxelles-midi, "là où il dort fréquemment avec d'autres SDF". "Il est sans domicile fixe depuis qu’il s’est fait voler ses papiers à Bruxelles", selon des informations du Parisien. Une source proche du dossier a par ailleurs déclaré à l'AFP que le suspect "avait [lors de son interpellation] des papiers délivrés en Espagne."
L'homme qui voyageait avec un sac à dos noir était lourdement armé : un fusil d'assaut kalachnikov, avec neuf chargeurs, une arme de poing et un cutter.
En garde à vue, il a indiqué qu'il voulait, à l'issue du braquage, "tirer dans une vitre du train et sauter par la vitre" pour s'échapper.
Il nie avoir tiré des coups de feu
Quand l'avocate lui a expliqué qu'il y avait des blessés, son client est "tombé des nues", a-t-elle encore déclaré au micro de BFM TV. "Pour lui il n'y a pas eu de coup de feu", "la kalachnikov n'a pas fonctionné" et il a été maîtrisé "immédiatement".
Et conteste s'être rendu en Syrie
Citée cette fois Le Parisien, Sophie David raconte que son client a dit avoir, "au cours des six derniers mois (...) voyagé en Espagne, à Andorre, en Belgique, en Autriche, en Allemagne et avoir fait un passage en France, mais sans préciser le lieu où il a séjourné. En revanche, il a contesté s’être rendu en Turquie et encore plus en Syrie".
Ayoub El Khazzani a vécu sept ans en Espagne, de 2007 à mars 2014. Il y était arrivé à 18 ans, s'installant d'abord à Madrid puis à Algésiras, en Andalousie, où il s'est fait remarquer par des discours durs légitimant le jihad. Le jeune homme y a été détenu une fois pour trafic de drogue, selon une source des services antiterroristes espagnols.
Il avait été repéré par les services de renseignement espagnols qui l'avaient signalé à leurs confrères français. Son signalement a conduit la DGSI à émettre une fiche "S" à son sujet, ce qui a permis de localiser El Khazzani en Allemagne, le 10 mai dernier, lorsqu'il prend un vol pour la Turquie. Selon les renseignements espagnols, l'homme serait parti de France en Syrie, avant de revenir dans l'Hexagone.
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