: Vidéo Laïcité à l'école : il y a "une religiosité qui structure de plus en plus d'élèves", selon Iannis Roder
Le membre du Conseil des sages de la laïcité était l'invité de franceinfo à quelques heures de l'hommage national à Samuel Paty.
Depuis l'assassinat du professeur Samuel Paty vendredi 16 octobre à Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines), la question de la laïcité à l'école est de retour. Il y a une "pénétration d'une religiosité qui structure de plus en plus d'élèves et qui, de fait, alimente une vision radicale", a déclaré mercredi 21 octobre sur franceinfo Iannis Roder, professeur d'histoire-géographie en Seine-Saint-Denis et membre du Conseil des sages de la laïcité.
"Il faut se garder de généraliser et surtout ne pas penser que nos classes sont des refuges de petits islamistes prêts à en découdre, le couteau entre les dents", a-t-il expliqué. Pourtant, Iannis Roder voit depuis quelques années des questions religieuses s'inviter dans les établissements : "Cela pénètre, cela s'installe, cela augmente. C'est cela que je vois, moi, se dérouler", a-t-il affirmé. "Ça se manifeste, par exemple, par des choses toutes bêtes : au moment du mois de ramadan, certains élèves refusent maintenant d'écouter de la musique, par exemple. Je n'avais jamais vu ça en classe", a-t-il raconté.
L'année dernière, j'ai deux élèves qui débattaient sur la musique, se demandant si la musique est licite ou illicite. Je n'avais jamais eu ça avant. Donc, ça veut dire qu'il y a des choses qui pénètrent peu à peu dans les microsociétés que sont ces quartiers.
Iannis Roderà franceinfo
Iannis Roder évoque aussi ses collègues qui parfois ont du mal à s'attaquer à ces problématiques : "Vous avez des enseignants qui sont dévoués et pour lesquels il est parfois difficile d'accepter que nos élèves puissent porter une parole qui soit très négative. Ce n'est pas toujours accepté parce que quand on se dévoue pour ses élèves, on se dit mais ce n'est pas possible. 'Comment a-t-il pu dire ça ?' ".
"Certains ne veulent pas voir ou donnent des explications qui sont des explications sociologisantes qui, en réalité, ne reposent sur rien, si ce n'est que ça peut rassurer en disant 'ce n'est pas de leur faute, c'est la misère'" a-t-il ajouté.
Des fiches pratiques pour les professeurs
Iannis Roder, qui travaille dans le Conseil des sages de la laïcité, rappelle que des vademecum ont été élaborés pour répondre à ces comportements à l'école : "Il y avait un réel besoin de formation, de venir en soutien aux établissements, aux professeurs, aux personnels, de manière générale face des incidents".
Iannis Roder a évoqué son expérience personnelle et le besoin de faire parler les élèves sur les questions qui font débat, pour distinguer les provocations adolescentes d'une éventuelle radicalisation : "Si vous avez un élève qui émet une contestation, si vous avez une attitude, une posture qui relève de la condamnation morale, non seulement vous n'aiderez pas cet élève à sortir de là où il est, mais surtout n'aurez convaincu personne et surtout pas les autres. Donc, la première chose à faire, me semble-t-il, c'est de prendre en considération la question qui a été posée", a-t-il détaillé. "Et c'est à partir de là que non seulement vous pouvez commencer à comprendre comment il fonctionne, mais aussi à préparer une déconstruction de ce qu'il dit", a-t-il conclu.
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