Assassinat de Samuel Paty : sa sœur veut que la responsabilité de l'État "soit reconnue"

Mickaëlle Paty estime que l'attentat d'octobre 2020 aurait pu être évité si la préfecture et le rectorat avaient pris au sérieux les menaces visant son frère.
Article rédigé par Gaële Joly
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Mickaelle Paty, la sœur de Samuel Paty, lors de l'inauguration de la place Samuel Paty à Cannes, le 29 janvier 2024. (CYRIL DODERGNY / MAXPPP)

La sœur de Samuel Paty, Mickaëlle, veut que la responsabilité de l'État "soit reconnue", annonce-t-elle à franceinfo mardi 19 mars, par la voix de son avocate Carine Chaix, confirmant ainsi une information du Figaro. Un recours administratif a été envoyé le 15 mars dernier au Premier ministre et aux ministres de l'Interieur et de l'Éducation nationale. Ils ont deux mois pour répondre, faute de quoi l'affaire sera portée devant la justice administrative.

"On a abandonné Samuel Paty"

Mickaëlle Paty estime que cet attentat en octobre 2020 aurait pu être évité si la préfecture et le rectorat avaient pris au sérieux les menaces le visant. Dans le courrier adressé à l'exécutif, la sœur du professeur assassiné dénonce les nombreuses "fautes commises par l'administration". D'abord l'inaction du collège et du rectorat après le mensonge d'une élève. Une collégienne de 13 ans avait accusé Samuel Paty d'avoir fait sortir les musulmans du cours pour projeter les caricatures de Charlie Hebdo. "Or, elle était absente ce jour-là et le collège l'a appris par la suite", rappelle Carine Chaix. "Aucun démenti public n'a été fait auprès des parents d’élèves et des professeurs pour contenir l'incendie", déplore l'avocate.

Le rectorat a ensuite sous-estimé la gravité des menaces de mort pesant sur son frère, poursuit Mickaëlle Paty dans son courrier. "Une grave négligence", dénonce Carine Chaix. "Au lieu de cela, ils ont envoyé un référent laïcité chargé de lui rappeler les règles et lui faire la leçon", ajoute-t-elle. "On a abandonné Samuel Paty", s'indigne l'avocate.

Selon elle, "il y a aussi la défaillance des services de renseignement qui n'ont pas mis Samuel Paty sous protection, le temps que la situation s'apaise", et ce alors qu'ils avaient été alertés de la gravité des menaces une semaine avant l'attentat. Ainsi, Mickaëlle Paty réclame que "cette responsabilité soit reconnue pour que le pire ne se reproduise pas, pour que les institutions regardent en face les dysfonctionnements et prennent les mesures qui s'imposent pour protéger les professeurs".

Une démarche entamée après le meurtre de Dominique Bernard

Mickaëlle Paty demande à l'État une somme "symbolique" qui sera reversée à des associations soutenant la laïcité à l’école. Elle explique avoir entamé cette démarche après le meurtre par un terroriste islamiste du professeur Dominique Bernard à Arras, le 13 octobre dernier, le jour de l'hommage rendu à Samuel Paty dans les établissements scolaires.

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