Assassinat de Samuel Paty : le parquet national antiterroriste demande que 14 personnes soient jugées, dont deux pour "complicité d'assassinat"
Le parquet national antiterroriste (Pnat) demande, vendredi 7 avril, que quatorze personnes soient jugées après l'assassinat le 16 octobre 2020 de Samuel Paty, professeur d'histoire-géographie décapité par un islamiste radicalisé, a appris franceinfo de source proche du dossier. Le Pnat demande que l'infraction la plus grave, "complicité d'assassinat terroriste", soit retenue seulement pour deux amis de l'assaillant Abdoullakh Anzorov. Le parquet antiterroriste requiert également les assises pour six autres adultes pour "association de malfaiteurs terroriste".
Sur ces quatorze personnes, huit sont majeurs, selon les informations de franceinfo. Deux seulement seront donc jugées pour "complicité d'assassinat", alors que jusqu'alors, dix étaient mises en examen pour ce chef. Le parquet antiterroriste requiert que ces deux personnes soient jugées, l'une pour avoir acheté l'arme et avoir conduit le terroriste sur les lieux, le second pour avoir recherché l’arme.
Parmi les huit majeurs, le Pnat demande donc que six soient jugés pour "association de malfaiteurs terroriste", dont Brahim Chnina, le père de la collégienne exclue, qui avait appelé à se mobiliser contre l'enseignant dans une vidéo postée sur les réseaux sociaux. C'est également le cas pour Abdelhakim Sefrioui, lui aussi auteur d'une vidéo qui avait attisé la polémique. Ce dernier avait pourtant été mis en examen pour une qualification plus grave, "complicité d'assassinat terroriste". Le parquet a donc requalifié les faits de manière moins sévère, et c'est une première étape que salue son avocate. "Le parquet nous donne raison mais cela ne nous satisfait toujours pas", a réagi sur franceinfo Elise Arfi. "J’aurais été satisfaite par des réquisitions de non-lieu", a-t-elle poursuivi. "J’ai toujours soutenu dans ce dossier que mon client n’avait commis aucun acte de complicité pour la bonne et simple raison qu’il n’a jamais eu le moindre contact direct ou indirect avec l’assassin". L’avocate d’Abdelhakim Sefrioui a également demandé "d’en tirer des conséquences sur le plan de la détention provisoire". "Mon client, 64 ans, est incarcéré dans des conditions extrêmement difficiles alors que d’autres, dans ce dossier, à qui il est reproché bien plus grave, sont sous contrôle judiciaire."
Le parquet demande également que six mineurs soient jugés, cinq pour "association de malfaiteurs", un délit, et une pour "dénonciation calomnieuse".
L'assassin abattu par la police
Dans ce dossier, 14 personnes étaient jusqu'alors mises en examen, dont 10 pour "complicité d'assassinat terroriste", trois pour "association de malfaiteurs terroriste criminelle" et une pour "dénonciation calomnieuse". Six d'entre eux sont en détention provisoire.
Le 16 octobre 2020, le professeur d'histoire-géographie Samuel Paty, âgé de 47 ans, avait été poignardé puis décapité près de son collège à Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines), par Abdoullakh Anzorov, réfugié russe d'origine tchétchène, tué peu après par la police. L'homme de 18 ans, radicalisé, lui reprochait d'avoir montré en classe des caricatures de Mahomet. Dans un message audio en russe, il avait revendiqué son geste en se félicitant d'avoir "vengé le prophète".
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