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Cinq ans après l'affaire Merah : "Pas le droit de baisser les bras", dit la mère de l'une des victimes

Cinq ans après la mort de son fils, le premier soldat tué par Mohammed Merah à Toulouse, Latifa Ibn-Ziaten veut continuer son combat contre l'extrémisme "dans le monde entier".

Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Latifa Ibn Ziaten, mère du premier soldat tue par Mohamed Merah, au lycée lycee Louis-Davier de Joigny, 18 janvier 2017. (J?R?MIE FULLERINGER / MAXPPP)

Cela fait cinq ans, samedi 11 mars, que le sergent chef Imad Ibn-Ziaten a été tué par Mohamed Merah à Toulouse. Il était la toute première victime du tueur au scooter, qui a, au total, abattu sept personnes, dont trois enfants.

Pour Latifa Ibn-Ziaten, la mère d'Imad, cette commémoration est "très difficile" mais pas question d'abandonner son combat dit-elle sur franceinfo samedi matin estimant qu'elle n'a "pas le droit de baisser les bras".

franceinfo : Comment vivez-vous cette période de commémoration ?

Latifa Ibn-Ziaten : C'est très difficile. Je suis au Maroc pour préparer cet hommage des cinq ans et c'est comme si c'était hier. C'est très difficile pour une mère. Chaque jour, chaque heure, ce manque grandit dans mon coeur. Mais je remercie sa Majesté (le roi du Maroc, NDLR) qui a entendu mon appel et qui est en train de préparer un hommage à mon fils.

Pourquoi faites-vous cet hommage au Maroc et non en France ?

Comme mon fils repose au Maroc, je voulais le faire ici. C'était important pour moi. J'ai demandé à sa Majesté le roi s'il pouvait célébrer cet hommage. Il m'a répondu "oui". Je le remercie du fond du coeur.

Avec votre association Imad pour la jeunesse et la paix, vous avez inauguré, il y a un peu plus d'un an, un lieu d'échange pour la jeunesse et les parents à Garges-lès-Gonesses, pour notamment prévenir les dérives extrémistes. Où en êtes-vous ?

L'association est toute petite, ça commence, mais on travaille à 100%. Je me rends dans les établissements scolaires et dans deux maisons d'arrêt par mois. Je travaille beaucoup avec les parents. J'essaye d'aider les familles qui viennent me voir, d'avertir des gens qui n'osent pas appeler pour signaler leurs enfants, je les encourage. C'est important car les parents ont parfois honte ou peur. Ils n'osent pas et je dis : "Il faut oser, il faut sauver votre fils, sauver les autres parce que si votre fils passe à l'acte vous souffrirez toute votre vie."

Que dites vous aux jeunes pour les dissuader d'écouter les prêcheurs de haine ?

D'abord, je parle de ma souffrance pour expliquer qui je suis. Ensuite, j'évoque la laïcité, la tolérance, le respect, la fierté d'être français, voire la chance que l'on a de vivre en France. Cette jeunesse a beaucoup de facilités mais rencontre beaucoup de barrières. Je leur dis : "Si vous voulez réussir, ayez confiance en vous, ayez confiance en l'autre, et surtout, démarrez votre moteur et avancez, on a besoin de vous, vous êtes l'avenir." Ces jeunes, je vous l'assure, ils sont là et vous écoutent beaucoup. Ils ont les larmes aux yeux et beaucoup disent : "Madame, pouvez-vous me serrer dans vos bras, j'ai besoin de vous Madame, aidez moi." C'est pour ça que je n'ai pas le droit de baisser les bras aujourd'hui. Je dois continuer mon combat en France, en Europe, au Maroc, dans le monde entier, partout où il le faut.

Cinq ans de l'affaire Merah : "Pas le droit de baisser les bras", dit Latifa Ibn-Ziaten, la mère de l'une des victimes

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