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La France face à sa première femme kamikaze

Une femme est morte en actionnant une ceinture d'explosifs lors d'un assaut de la police en Seine-Saint-Denis. Une première en France, mais pas à l'étranger.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Les experts de la police et les pompiers travaillent à l'extérieur d'un immeuble de Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), le 18 novembre 2015, après un assaut mené par les forces de l'ordre. (JOEL SAGET / AFP)

Elle a déclenché sa ceinture d'explosifs, plutôt que d'être capturée vivante. Une femme est morte, mercredi 18 novembre, durant l'assaut mené par les forces de l'ordre contre un appartement de Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), dans le cadre de l'enquête sur les attentats du 13 novembre.

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L'acte est sans précédent en France. Il est inédit également pour le groupe Etat islamique, à l'exception de sa branche africaine, note le spécialiste David Thomson sur son compte Twitter. Même si, note le journaliste, cette femme n'a pas nécessairement actionné ses explosifs pour combattre, mais peut-être davantage pour ne pas être arrêtée par les policiers. "Ça ne signifie pas forcément que [le groupe] a changé sa doctrine", écrit-il.

Des femmes pour "multiplier l'impact" ?

Sans être en première ligne, les femmes n'ont pas attendu pour rejoindre les rangs de l'organisation : elles représentent 10% des départs vers le jihad depuis l'Europe, l'Amérique du Nord et l'Australie, expliquait le Guardian (en anglais) dans un article de 2014. La plupart du temps, il s'agit pour elles de se marier avec des combattants. 

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Le fait que ce soit une femme qui s'est fait exploser ce matin "va bien entendu multiplier l'impact de son acte sur la société", explique Fatima Lahnait, auteure d'une note de recherche intitulée "Femmes kamikazes, le jihad au féminin" et publié par le Centre français de recherche sur le renseignement. "La participation de femmes à des actes de carnage et de douleur dévastatrice a toujours suscité un mélange de stupéfaction, de révulsion et d'intérêt public", écrit la chercheuse.

Près de 15% du total des kamikazes recensés

S'il s'agit d'une première pour l'Etat islamique, les femmes participent à des attaques-suicides depuis des décennies : de 1985 à 2006, "plus de 220 femmes kamikazes se sont sacrifiées, ce qui représente près de 15% du total des kamikazes recensés" dans le monde, précise Fatima Lahnait dans son article. Le Guardian (en anglais) évoque le cas du Liban dans les années 1980, du Sri Lanka dans les années 1990 ou encore de la Tchétchénie dans les années 2000 avec celles qu'on a surnommées les "veuves noires", responsables de nombreuses attaques.

C'est actuellement le groupe jihadiste nigérian Boko Haram qui a le plus recours aux femmes kamikazes, allant même jusqu'à envoyer dans des marchés surpeuplés des fillettes dont la plus jeune avait sept ans. Dans ce cas, les chefs gardent souvent le contrôle de l'explosion de la charge, qu'ils déclenchent à distance par téléphone.

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