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Christiane Taubira, une récidiviste des couacs qui reste au gouvernement

Après ses propos contradictoires sur la déchéance de nationalité pour les binationaux nés Français, la garde des Sceaux a suscité de violentes critiques à droite. Francetv info revient sur trois ans de liberté de parole de la ministre.

Article rédigé par Kocila Makdeche
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Christiane Taubira, le 15 décembre 2015 à Paris.  (ERIC PIERMONT / AFP)

Christiane Taubira crée un nouveau couac au sein du gouvernement. François Hollande a décidé, mercredi 23 décembre, de maintenir l'extension de la déchéance de nationalité pour les binationaux nés Français et reconnus coupables de terrorisme. La garde des Sceaux avait pourtant affirmé le contraire, mardi, lors d'une interview accordée à une télévision algérienne.

>> Suivez les réactions après l'annonce du maintien de la déchéance de nationalité

Eric Ciotti, Claude Goasguen, Gérald Darmanin, Thierry Mariani... A droite, de nombreux députés ont appelé à la démission de Christiane Taubira, après ce nouveau manque de cohésion au sein de l'exécutif. Le départ de la garde des Sceaux "n'est pas à l'ordre du jour", affirme cependant l'entourage de la ministre, interrogée par RTL. La ministre est, en effet, restée en poste, malgré plusieurs passes d'armes avec les têtes de l'exécutif. Francetv info revient sur cinq couacs provoqués par la ministre.

1Septembre 2012 : Dominique Bertinotti reprend Christiane Taubira sur le mariage pour tous

Retour en septembre 2012, quelques mois après l'arrivée au pouvoir de François Hollande. Le gouvernement planche alors sur la loi sur le mariage pour tous, l'un des grands engagements de campagne du chef de l'Etat. Alors que Christiane Taubira et Dominique Bertinotti, la ministre déléguée à la Famille, travaillent ensemble sur le texte, la garde des Sceaux en révèle les grandes lignes dans une interview à La Croix

Auprès de l'AFP, l'entourage de Dominique Bertinotti nuance immédiatement ces propos, affirmant qu'il s'agit seulement d'un "pré-projet" "Nous sommes au début des auditions. On ne peut préjuger de leur contenu. Au terme de ces échanges, un projet sera soumis à l’arbitrage du président de la République et du Premier ministre." La presse parle alors de "couac" au sein du gouvernement. Le premier d'une longue liste.

2Août 2013 : passe d'armes entre Manuel Valls et Christiane Taubira

Manuel Valls est alors ministre de l'Intérieur et ses relations sont explosives avec sa voisine au Conseil des ministres. Dans une lettre à François Hollande, Manuel Valls torpille la réforme pénale de la ministre de la Justice et réclame l'arbitrage du chef de l'Etat. "J'attire votre attention sur les désaccords mis en lumière par le travail interministériel qui s'est engagé récemment autour du projet de réforme pénale présenté par le ministère de la Justice, écrit-il. La quasi-totalité des dispositions de ce texte a fait l'objet de discussions, voire d'oppositions du ministère de l'Intérieur."

"Nous allons continuer à travailler ensemble", promet le ministre de l'Intérieur quelques heures après la révélation dans la presse de la missive. Il exclut toute démission tant de sa part que de celle de la ministre de la Justice, mais les deux ministres continuent de s'affronter par un intense lobbying auprès de l'Elysée.  

3Août 2014 : elle s'affiche aux côtés des frondeurs à La Rochelle

Alors qu'un vent de défiance souffle dans les rangs du Parti socialiste, Christiane Taubira rend visite aux frondeurs, réunis à La Rochelle (Charente-Maritime) à l'occasion du lancement de leur collectif "Vive la gauche".

La garde des Sceaux s'adresse ensuite aux journalistes : "Nous avons laissé les Français se démoraliser. Aujourd'hui nous n'avons pas le choix, nous devons refaire place à la politique", explique-t-elle, se disant prête à "assumer les conséquences" de sa visite.

Christiane Taubira reste cependant au gouvernement, alors qu'Arnaud Montebourg et Benoît Hamon, deux autres ministres de l'aile gauche du PS, ont été évincés du gouvernement Valls II

4Avril 2015 : elle fustige une dérive "de droite" du gouvernement

Les jours passent et les relations entre Manuel Valls et Christiane Taubira ne s'améliorent pas. Dans une interview accordée à L'Obs en avril dernier, la garde des Sceaux sort les dents : "La gauche a adopté les mots de la droite, c'est une faute."

Le Premier ministre n'aurait pas du tout apprécié ces propos. "J'aimerais qu'on me dise quels sont les mots de droite qu'utilise la gauche", lance Manuel Valls à la ministre selon Le Figaro. "Laisse, je t'expliquerai plus tard", lui aurait répondu la ministre.

5Juin 2015 : Christiane Taubira menace de quitter le gouvernement si son projet de loi n'est pas présenté au Parlement

Invitée de Jean-Jacques Bourdin sur RMC/BFMTV, Christiane Taubira fixe un ultimatum à Manuel Valls, menaçant de quitter le gouvernement si son projet de loi sur la justice des mineurs n'est pas présenté au Parlement.

Le gouvernement s'était engagé à présenter le texte au premier semestre 2015. Ne pas le faire serait, selon elle, un "aveu d'impuissance" qu'elle "n'assumerait pas".

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