Cet article date de plus de huit ans.

Lagny-sur-Marne : "Je ne comprends pas pourquoi la mosquée a été fermée", déclare son président

La mosquée de Lagny-sur-Marne a été fermée mercredi matin à la suite d'une vaste opération de police pour motif de radicalisation. Une décision incompréhensible pour le président de l'association qui gère le lieu de culte.

Article rédigé par Elise Lambert
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
La mosquée de Lagny-sur-Marne (Seine-et-Marne) photographiée le 2 décembre 2015. (THOMAS SAMSON / AFP)

Depuis l'instauration de l'état d'urgence, c'est la troisième mosquée close par les autorités. Mercredi 2 décembre, un arrêté de fermeture a été pris contre la mosquée de Lagny-sur-Marne (Seine-et-Marne) en région parisienne, à la suite d'une vaste opération policière. Présentée comme "salafiste", la mosquée a été perquisitionnée dans la matinée pour "motif de radicalisation", a indiqué le ministère de l'Intérieur. Un revolver, des documents sur le jihad, un "disque dur dissimulé" ainsi qu'une madrassa (école coranique) non déclarée ont été découverts chez "des dirigeants" de la mosquée.

Mohammed Ramdane est président de l'Association des musulmans de Lagny-sur-Marne, qui gère la mosquée. Il ne comprend pas cette décision.

Mohammed Ramdane, le président de l'Association des musulmans de Lagny-sur-Marne (Seine-et-Marne), photographié le 2 décembre 2015. (THOMAS SAMSON / AFP)

Francetv info : Comment s'est déroulée la perquisition ?

Mohammed Ramdane : Les policiers sont arrivés vers 6 heures du matin chez moi et ont perquisitionné mon domicile avant de faire de même dans la mosquée. J'ai été surpris parce qu'on travaille depuis huit mois avec la mairie pour ouvrir le lieu, le rendre accessible, et nous avons toujours été transparents. Je ne comprenais pas bien leur présence.

La mosquée est en travaux depuis plusieurs mois, elle n'est pas fermée, ils n'ont pas eu besoin de forcer quoi que ce soit pour y entrer. Il n'y a pas grand-chose dedans à part quelques chaises, même pas de matériel informatique. Les policiers ont fouillé dans la grande salle de prière et dans la petite salle réservée aux femmes. Ils ont aussi regardé dans les salles de classe, qui servent pour les cours de langues. Tout s'est très bien passé, les policiers n'ont rien trouvé de spécial. Je ne comprends vraiment pas pourquoi ils ont fermé la mosquée.

Un revolver, des documents sur le jihad, un disque dur caché ont été découverts chez "des dirigeants" de la mosquée...

Je n'ai absolument aucune idée d'où proviennent cette arme et ces documents. Nous sommes trois dans l'association, et aucun d'entre nous n'est mis en cause. Si l'un d'entre nous possédait l'arme, il serait en garde à vue actuellement ! Je ne sais même pas qui sont les "dirigeants" interpellés, je ne connais pas leurs noms. J'ai appris toutes ces découvertes lors de la déclaration de Bernard Cazeneuve, en même temps que tout le monde.

Je pense qu'il y a eu une confusion entre la fermeture de la mosquée et les perquisitions menées au même moment chez certaines personnes. Elles peuvent être musulmanes, mais elles n'ont rien à voir avec la mosquée. La mosquée est située entre deux cités, ce sont des familles qui viennent prier, pas des radicaux.

La mosquée est présentée comme "salafiste" par les autorités. Neuf personnes ont été assignées à résidence ce matin. Les connaissez-vous ?

Je ne connais pas ces personnes, je ne sais même pas si elles viennent à la mosquée. Nous n'avons pas de courant à la mosquée, nous accueillons tous les musulmans, et on ne demande pas de papiers à l'entrée. Vient prier qui veut, notre mosquée n'a pas d'étiquette.

Le prêche du vendredi est tenu par un imam connu de la mairie, choisi par l'association, et ses prêches sont filmés. Si des propos suspects avaient été tenus, on l'aurait su. J'essaie de faire oublier la période de l'imam Mohamed Hammoumi [imam de la mosquée jusqu'en décembre 2014, accusé d'endoctriner des jeunes pour la Syrie, il vit désormais en Egypte, détaille Libération], mais je pense que son passage reste dans les esprits. Pourtant, notre association fait tout pour passer l'éponge sur cette période.

Comment la fermeture est-elle perçue par les fidèles ?

Ils sont touchés dans leur foi. Beaucoup m'ont interpellé après avoir appris la fermeture, car ils ne comprennent pas ce qu'il se passe, et ne savent pas où ils iront se recueillir. C'est vraiment dommage car nous avons ce projet de rénovation de la mosquée, et nous avions organisé une journée portes ouvertes le 15 décembre avec la mairie pour tout le monde. On n'a pas d'alternative pour se recueillir dans tous les cas.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.